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Impact de la biométhanisation sur la production agricole.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2006
  • N° : 47 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 14/12/2006
    • de STOFFELS Edmund
    • à LUTGEN Benoit, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme


    J'ai eu le plaisir d'assister à une après-midi d'étude réunissant des agriculteurs-producteurs de lait dans la région des Hautes-Ardennes. Ce type d'agriculture est essentiellement tourné vers la production de viande et de lait. Le mode de production est en général extensif, nécessitant des surfaces assez importantes par unité de bétail.

    Concernant la biométhanisation, deux questions avaient été évoquées que je souhaitais soumettre à la réflexion de Monsieur le Ministre. La réponse à celles-ci conditionneront probablement la manière selon laquelle la Région wallonne pourra encadrer la biométhanisation, secteur disposant d'un potentiel d'expansion non négligeable.

    On me dit que la biométhanisation rendra la vie plus difficile aux producteurs de lait, parce que la production végétale nécessite des surfaces importantes. Concrètement, les producteurs ne sont propriétaires que d'une partie des terrains qu'ils cultivent. Pour le reste, ils vont louer les terrains à d'autres producteurs. Si les producteurs d'énergie - telle est l'inquiétude exprimée - nécessitent des surfaces énormes, le prix de la location des terrains va augmenter et pèsera alors sur le coût de production laitier, alors que celui-ci est déjà confronté à des perspectives d'avenir incertain (fin des quotas laitiers en 2015, diminution de l'intervention publique dans le prix par litre de lait, …).

    Comment pouvons-nous rencontrer les craintes des agriculteurs afin d'éviter la concurrence entre producteurs d'énergie et producteurs de lait ?

    Ensuite, j'ai été sensibilisé au fait qu'il y aurait un manque de coordination entre le niveau régional et fédéral (AFSCA). Celui qui se lance dans la production d'énergie va pouvoir le faire non seulement sur la base de sa propre production végétale, mais il aura souvent besoin d'apports extérieurs (graisses, …). Il paraît qu'il y a un manque de coordination, voire un manque de clarté réglementaire relative à la question concernant le type d'apports extérieurs autorisés ou autorisables (certains apports étant considérés comme problématique par les uns et pas par les autres). En effet, après le gain de l'énergie, les résidus servant comme engrais sont souvent répandus sur les prairies. Si les résidus sont problématiques parce que contaminés, cela pose problème : une fois répandus sur les terrains, ils rentrent dans la chaîne alimentaire.

    Quelle est l'appréciation de Monsieur le Ministre quant à ce problème ? Est-il nécessaire de mieux accorder les violons avec l'autorité fédérale ?
  • Réponse du 05/01/2007
    • de LUTGEN Benoît


    La production laitière en Haute Ardenne est essentiellement intensive, basée sur une alimentation des bovins avec des productions herbagères de très haute qualité et une production locale ou des régions avoisinantes de maïs.

    La région agricole de Haute Ardenne est déficitaire en céréale et en paille et le type de bâtiments pour le logement des bovins privilégie la stabulation sur caillebotis avec production de lisier. La plupart des producteurs se trouvent avec un taux de liaison au sol (LS) proche ou supérieur à un. Ils ont donc avantage à conclure des contrats d'épandage avec d'autres producteurs au LS plus bas pour « exporter » une partie de leur lisier. Mettre en place des installations collectives de biométhanisation permet aussi aux producteurs d'effluents d'élevage de les exporter vers cette structure. A charge pour celle-ci de l'écouler vers d'autres agriculteurs après production de biométhane.

    Cette procédure devra cependant faire l'objet de concertations avec l'AFSCA afin de mettre en place des modalités de traitement et de traçabilité des lisiers. En effet, s'il est permis d'épandre sur ses parcelles son propre lisier (même après biométhanisation), l'usage de digestat de lisiers d'origines différentes peut être source de problèmes sanitaires comme, par exemple, faciliter la propagation de la brucellose (le « brucella » se conserve très facilement dans les lisiers).

    A ce jour, la biométhanisation des seuls lisiers est peu rentable. Les lisiers sont relativement pauvres en matières carbonées énergétiques et la production de méthane reste relativement faible.

    En Allemagne et au Grand-Duché de Luxembourg, proches voisins de la Haute Ardenne, les producteurs incorporent des céréales et particulièrement du maïs pour améliorer la rentabilité du processus.

    Pour les producteurs de céréales, ce sont de nouveaux débouchés et cette demande peut contribuer à un soutien du marché des céréales. Pour les producteurs laitiers, consommateurs de ces céréales, cette demande peut avoir, par contre, pour effet d'augmenter les coûts de production.

    D'autres apports de matières énergétiques pourraient résoudre en partie cet état de concurrence. Je pense notamment à la possibilité d'utiliser certains déchets très énergétiques de l'industrie agro-alimentaire. Mais, là aussi, des modalités devront être mises en place avec l'AFSCA afin d'assurer la protection sanitaire du cheptel.