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Les limites du réseau électrique wallon

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 804 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 20/03/2023
    • de EVRARD Yves
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Monsieur le Ministre, on le sait, les besoins en électricité ne vont cesser d'augmenter à court terme notamment en raison de l'augmentation attendue du nombre de véhicules électriques sur nos routes, mais également en raison de l'évolution des techniques du bâtiment et l'installation de plus en plus fréquente de pompes à chaleur.

    J'aimerais ici attirer l'attention de Monsieur le Ministre sur un paramètre qui inquiète bon nombre de nos concitoyens : les limites de notre réseau électrique.

    En effet des équipements, comme pompes à chaleur ou bornes de recharge de véhicule électrique nécessitent un réseau en tétraphasé ou triphasé+neutre. Or la majorité de notre réseau est équipé en triphasé.

    En triphasé, il est bien entendu possible de recharger son véhicule, mais le temps de recharge est bien trop long que pour atteindre une recharge optimale. Quant aux pompes à chaleur, elle ne fonctionne tout simplement que si le réseau est en tetraphasé. Et il en va de même pour de nombreux équipements utiles pourtant aux producteurs locaux, aux indépendants et aux entreprises.

    De nombreux citoyens qui se sont équipés ont été contraints, à leur charge, d'investir dans un transformateur dont le prix varie en fonction de la puissance (1 500 euros en moyenne) ou de demander à ORES un renforcement du réseau en 400 V, plus onéreux encore.

    La Belgique reste l'un des très rares pays à disposer encore de la majorité de son réseau en triphasé, comme une partie de la Norvège, Taïwan et les Philippines. Les constructeurs ne vont pas continuer à développer des équipements en triphasé pour cette infime partie de marché.

    Qu'a-t-il prévu, afin d'éviter des coûts supplémentaires à nos citoyens, pour moderniser et renforcer notre réseau électrique ?
  • Réponse du 08/05/2023
    • de HENRY Philippe
    L’honorable membre a raison de signaler que les besoins en électricité vont augmenter notamment en raison de l’augmentation attendue du nombre de véhicules électriques et l’installation de plus en plus fréquente de pompes à chaleur.

    Les gestionnaires de réseau sont conscients de cette évolution et négocient actuellement avec la CWaPE pour obtenir un revenu autorisé suffisant permettant d’investir dans le renforcement du réseau électrique en conséquence.

    De manière supplétive, le Gouvernement a réservé une enveloppe de 168 millions d’euros pour subventionner des investissements pour la modernisation du réseau.

    Car il ne s’agit pas seulement de renforcer le réseau, il s’agit aussi de l’adapter pour mieux correspondre aux nouveaux besoins. Le gestionnaire de réseau doit pouvoir mieux vérifier et mesurer les flux en temps réel sur le réseau pour savoir où intervenir en priorité et comment inciter les clients à consommer aux moments les plus opportuns. Un moment opportun est un moment où l’électricité est bon marché et où le réseau n’est pas saturé.

    Il s’agit donc, par exemple, d’inciter au travers des tarifs à recharger les véhicules électriques de préférence à certains moments de la journée (quand il y a du soleil ou du vent, ou la nuit quand la demande est faible).

    Les consommateurs qui s’équipent de nouveaux équipements électriques devront parfois demander un renforcement de leur raccordement, ce qui est payant. Ils peuvent aussi s’équiper de matériel domotique pour mieux gérer les équipements électriques et ne pas les faire fonctionner tous en même temps. Des primes « domotique » existent et contribuent à 40 % des coûts.

    Si plusieurs consommateurs demandent des renforcements de raccordement, le gestionnaire de réseau en profitera peut-être pour faire évoluer cette partie du réseau en Tetra 400V, qui autorise des flux plus importants.

    Il n’est pas logique que des clients doivent investir dans un transformateur. La plupart des équipements (bornes de recharge, pompes à chaleur …) sont disponibles tant en monophasé qu’en triphasé.

    Le temps de recharge d’un véhicule dépend directement de la puissance du raccordement (et des capacités de la voiture), ce qui nécessite fréquemment un renforcement du raccordement à moins de s’équiper d’une domotique permettant de faire varier la vitesse de charge avec la capacité disponible du raccordement au même moment.

    En conclusion, le réseau électrique doit se renforcer et se moderniser. Cela a un coût, qui est pris en compte par les acteurs concernés que sont les GRD et la CWaPE. Ceci ne doit pas se traduire par un renchérissement de l’électricité puisque l’augmentation de consommation électrique générée par ces nouveaux usages (VE, PAC …) permettra de répartir ce coût sur un plus grand nombre de kWh.