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La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et ses potentielles conséquences

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 529 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 22/03/2023
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Nous le savons, la crise financière (d'abord), économique (ensuite), et sociale (enfin) de 2008 a débuté par la faillite d'une banque moyenne aux États-Unis, Lehman Brothers. Cependant, très rapidement ensuite, par l'effet de contagion dû aux prêts interbancaires et positions (risquées le plus souvent) prises par l'une ou l'autre banque, cette crise s'est très rapidement propagée au reste de l'économie, provoquant une crise économique systémique.

    La peur prenant le dessus ensuite très rapidement, la crise s'est ensuite propagée au travers d'une crise de liquidité d'abord et de solvabilité ensuite. Et ce n'est qu'à très grands coups de politique économique – via la politique monétaire menée par les Banques centrales, d'abord, et via la politique budgétaire et fiscale menée par les États, ensuite – que le pire a été évité, même s'il a été rude à subir.

    Ce type de crises est – hélas ! – amené à se répéter. Et de l'avis de nombreux experts, de par l'augmentation et la rapidité de nos moyens technologiques de communication et de réaction, ce type de crise risque de se multiplier de manière de plus en plus rapide.

    Vendredi dernier, la Silicon Valley Bank (SVB) ayant plongé, c'est l'ensemble des marchés bancaires mondiaux (et donc également européens) qui ont flanché, de la même manière que la crise de 2008 avait commencé. Si nous avons bien appris de 2008, en revanche, l'anticipation doit être au rendez-vous.

    Quels sont les liens que la Wallonie entretient avec la Silicon Valley ? Des entreprises wallonnes sont-elles menacées ?

    Au-delà de ces entreprises, quels sont les risques que Monsieur le Ministre identifie pour la Wallonie de manière plus systémique ?

    Quelles sont les mesures que son cabinet et lui-même anticipent ?

    Quels sont ses contacts avec Wallonie Entreprendre sur le sujet ?

    Quels sont ses contacts avec le monde bancaire ?

    Une anticipation au niveau belge est-elle envisagée ?

    Quels sont ses contacts avec ses homologues du Gouvernement fédéral ?
  • Réponse du 18/04/2023
    • de BORSUS Willy
    Peu connue du grand public, SVB s'était spécialisée dans le financement des start-ups. Elle était devenue la 16e banque américaine par la taille de ses actifs. Fin 2022, elle comptait 209 milliards de dollars d'actifs et environ 175,4 milliards de dépôts. Il s'agit de la plus grande faillite bancaire aux États-Unis depuis la crise financière de 2008. La nouvelle a secoué les marchés financiers, même si les experts se montrent rassurants pour l'instant.

    Spécialisée dans les sociétés de capital-risque du secteur de la technologie, cette banque dont la clientèle est majoritairement composée d’entreprises s’est trouvée dans l’impossibilité d’honorer ces retraits. En effet, SDV s’est vue contrainte de vendre ses obligations d’État de maturité longue acquises au cours des précédentes années afin de profiter de rendements attrayants vis-à-vis d’échéances plus courtes. Compte tenu de la hausse récente des taux d’intérêt, l’institution a ainsi enregistré une moins-value considérable, la forçant à ajuster son ratio de solvabilité et à lancer une augmentation de capital mal préparée qui, par conséquent, n’a pu aboutir. Cette situation a conduit la Silicon Valley Bank en faillite.

    Dès lors, la banque a dû faire face à un « bank run », c’est-à-dire, une fuite des dépôts conduisant la FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation) à intervenir et à garantir les actifs des clients.

    Cette faillite de banque, la plus importante depuis celle de Lehman Brothers, a ravivé le souvenir d’un risque de contagion à l’ensemble du système bancaire mondial, similaire à la grande crise financière de 2008-2009. Cet événement illustre également les conséquences d’une hausse rapide et significative des taux de dépôt des banques centrales, notamment de la Fed.

    Néanmoins, la comparaison avec 2008 paraît excessive. À l’époque, la crise portait sur les subprimes pour une valeur de 11 trillions de dollars d’actifs, pour lesquels les ménages américains s’étaient endettés à taux variable et faisaient face à l’incapacité de rembourser. Désormais, la solvabilité des banques s’est considérablement améliorée, puisque le ratio de capital moyen, dit « Tier 1 », des banques américaines a augmenté de 40 % depuis 2008 et les crédits représentent actuellement 70 % des dépôts, contre près de 100 % en 2007.

    Les conséquences potentielles semblent également d’une ampleur bien plus mesurée, car la Fed est rapidement intervenue pour garantir les dépôts au-delà de la garantie légale de 250.000 dollars et des facilités de prêts.

    Selon Tom Dechaene, directeur de la BNB, le modèle bancaire de la SVB diffère totalement de celui que nous connaissons en Belgique.

    À la SVB, les clients étaient des entreprises technologiques avec des montants variables.

    L'ampleur de l'exposition des banques belges et des sociétés technologiques belges à la SVB doit encore être déterminée, mais la Banque Nationale, qui suit la situation de près, est convaincue qu'elle est très limitée.

    Le 17 mars, l’OCDE a écarté tout risque de « crise systémique » comparable à celle de 2008 à la suite de laquelle des mesures ont été prises pour améliorer la solvabilité des banques, renforcer les réserves ainsi que le système de dépôt et de garantie.

    Alvaro Pereira, chef économiste par intérim de l’OCDE, estime également que nous sommes dans une situation très différente de 2008.

    Celui-ci a déclaré, « nous avons créé une réglementation plus forte, les banques centrales et les régulateurs ont appris des crises précédentes et la plupart des banques dans le monde sont bien capitalisées ».

    « Même si nous pouvons assister à des épisodes de turbulence, l’OCDE ne considère pas" la faillite de SVB "comme un risque systémique à l'heure actuelle ».

    Selon Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, « même s'il y a évidemment un risque accru pour la stabilité financière tant que les marchés sont volatils, nous pensons que les risques d'une contagion plus large sont plutôt limités. »