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L'avenir de la culture de sapins

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 441 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 22/03/2023
    • de SCHONBRODT László
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Lors du dernier congrès de la FUGEA, le Ministre de l'Agriculture et Madame la Ministre ont été appelés à s'exprimer sur la culture du sapin en Wallonie. L'enjeu étant de savoir si trop de terres sont accaparées par cette culture. Pour son collègue, la position était claire. Il ne faut pas plus ni moins de culture de sapin. Mais elle n'avait pas l'air d'accord avec cette position.

    Dans la première présentation publique du schéma stratégique du bassin versant de la Vesdre dédiée au diagnostic (et qu'on peut encore retrouver sur le site vallee-vesdre.be), le travail sur les hauteurs et à l'amont du bassin versant est montré comme essentiel pour éviter de nouvelles inondations catastrophiques. Le plateau est pointé ainsi que les Hautes-Fagnes.

    Concernant les Hautes-Fagnes, on peut lire dans l'étude : « Favoriser le développement de milieux ouverts ou de forêts de feuillus sur les sols hydromorphes à la place des forêts de résineux. Pour les sols tourbeux et paratourbeux, restaurer les tourbières pour leur intérêt écologique et le rôle d'éponge qu'elles peuvent jouer en termes de rétention d'eau. »

    C'est ainsi que la responsable de l'étude que le Gouvernement wallon a commandée avec la Région wallonne défend clairement la suppression de larges superficies où l'on cultive actuellement les sapins pour redéployer des tourbières ayant pour but de protéger la population.

    Pourquoi ne pas encore avoir agi sur le développement des tourbières ?

    Comment Madame la Ministre va-t-elle accompagner ces changements indispensables et en particulier pour la culture de sapins ?

    Comment va-t-elle mettre en place des syndicats de bassin versant ou autre organe supra communal pour pouvoir prendre des décisions dans l'intérêt de l'ensemble des habitants de la vallée ?
  • Réponse du 28/04/2023
    • de TELLIER Céline
    Je souhaiterais au préalable apporter une précision pour éviter toute confusion. La culture de sapins discutée lors du Congrès de la FUGEA concerne bien exclusivement les sapins de Noël. Il s’agit donc essentiellement des épicéas et des sapins de Nordman. Ils sont récoltés après une dizaine d’années. Le système est bien différent de la sylviculture de l’épicéa pratiquée en Haute Ardenne, où les arbres sont exploités en général vers 60 ou 70 ans, voire plus dans certains cas. Je répondrai donc d’une part sur la question des sapins de Noël, d’autre part sur le schéma stratégique du bassin versant de la Vesdre plus précisément.

    En ce qui concerne la culture des sapins de Noël, lors de ce congrès consacré à l’accès au foncier, tout en évoquant plus globalement l’enjeu de mettre fin rapidement à l’artificialisation du territoire, nous avons beaucoup discuté de la priorité de la fonction nourricière et de la nécessité de soutenir la relocalisation alimentaire.

    Dans le cas de la production de sapins de Noël, que l’on retrouve donc principalement en terre agricole, elle exerce une pression très forte sur les terres et le prix du foncier au sud du pays. Elle conduit à des retournements de prairies et à l’emploi important de pesticides. S’il existe aujourd’hui des modes de cultures plus respectueux développés par le secteur et c’est une excellente chose que j’encourage, la culture traditionnelle reste très impactante pour l’environnement. D’autant que 80 % de la production est destinée à l’exportation ! Je soutiens donc les pépiniéristes dans leur diversification économique et les alternatives plus écologiques.

    En ce qui concerne le schéma stratégique du bassin versant de la Vesdre, et plus particulièrement les Hautes-Fagnes, les « larges superficies où l'on cultive actuellement les sapins » sont en fait des espaces boisés où l’on pratique la sylviculture de l’épicéa )-.

    Nous avons déjà agi sur les tourbières, notamment grâce à 6 projets LIFE menés ces dernières années dans le cadre d’une stratégie d’actions visant l’ensemble des massifs tourbeux ardennais couvrant tous les hauts plateaux ardennais.

    La modélisation hydraulique et hydrologique en cours vise l’étude du bassin versant de la Vesdre dans son ensemble. Les résultats permettront notamment d’identifier les mesures de rétention d’eau les plus appropriées à mettre en œuvre et leur localisation. L’intégration de la faisabilité et de l’analyse coût / bénéfice des projets d’aménagement sera réalisée dans le cadre de la Convention de coopération horizontale liant la Direction des Cours d’Eau non navigables du SPW ARNE et la SPI.

    Par ailleurs, mon administration gère un projet important de transformation de peuplement d’épicéa en forêt feuillue, sur des sols très marginaux, dans l’objectif d’y améliorer la rétention d’eau et la biodiversité. Une extension de la réserve naturelle des Hautes-Fagnes de plus de 800 hectares est notamment prévue.

    J’ai également étendu, dans le cadre du plan stratégique de la PAC 2023-2027, le régime d’aide aux investissements dits « non productifs » à la restauration des services écosystémiques liés à la régulation de l’eau en forêt. Cela permettra de favoriser la rétention de l’eau ou son infiltration dans les sols. Par exemple, à travers la création de zones d’immersion temporaire, le bouchage de drains, la transformation de peuplements résineux en feuillus, la reméandration de cours d’eau artificialisés, etc.

    Enfin, une des manières d’accompagner ce changement de sylviculture est d’assurer une transition vers des peuplements diversifiés composés d’essences adaptées aux conditions locales. Le programme « Forêts résilientes » initié en 2021 a pour objectif d’aider les propriétaires forestiers privés et publics à diversifier leurs massifs forestiers. L’objectif est d’obtenir des forêts plus aptes à assurer leur rôle multifonctionnel et plus résilient face aux changements climatiques.