/

L’analyse des eaux usées comme outil de détection de la consommation de cocaïne

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 345 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 23/03/2023
    • de NIKOLIC Diana
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'analyse des eaux usées a été fortement utilisée dans le cadre de la crise sanitaire. La veille épidémiologique n'est cependant pas la seule possibilité que nous offrent nos eaux usagées.

    En effet, cette analyse peut révéler de façon fiable la présence de résidus de cocaïne consommée par les habitants d'une zone donnée.

    Ainsi, une étude, coordonnée par OEDT, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, en collaboration avec le Groupe central d'analyse des eaux usées en Europe, a été menée dans 79 villes européennes et a montré que la Ville d'Anvers est devenue un haut lieu de la consommation de la cocaïne. Bruxelles est également fortement touché.

    Y a-t-il une réflexion à l'échelle wallonne pour mener ce type d'étude, particulièrement dans les grandes villes ?
  • Réponse du 16/05/2023
    • de MORREALE Christie
    En 2010, un réseau européen (Sewage analysis CORe group – Europe (SCORE)) a été mis en place dans le but de normaliser les approches utilisées pour l’analyse des eaux usées et de coordonner les études internationales grâce à l’établissement d’un protocole d’action commun.

    La première activité du groupe SCORE fut la réalisation, en 2011, d’une enquête à l’échelle de l’Europe menée dans 19 villes européennes, qui a permis d’étudier pour la première fois les différences régionales au niveau de la consommation de drogues illicites en Europe à partir des eaux usées.

    À la suite du succès de cette étude initiale, des études comparables ont été entreprises au cours des années suivantes, couvrant 75 villes et 23 pays dans l’Union européenne, en Norvège et en Turquie en 2021. Les conclusions du projet ont révélé des modes géographiques et temporels distincts de consommation de drogues dans les villes européennes.

    L’échantillonnage annuel des eaux usées de la SCORE présenté ici, provenant de 75 villes, a montré que, dans l’ensemble, les charges des différents stimulants détectés dans les eaux usées en 2021 variaient considérablement selon les lieux de l’étude, bien que toutes les drogues illicites étudiées aient été trouvées dans presque toutes les villes participantes.

    Les résultats indiquent que la consommation de cocaïne reste la plus élevée dans les villes d’Europe occidentale et méridionale, en particulier en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne. De faibles niveaux ont été observés dans la majorité des villes d’Europe orientale, bien que les données les plus récentes montrent quelques signes d’augmentation.

    Un récent projet européen sur les eaux usées, l’EUSEME, a trouvé des résidus de crack dans les 13 villes participantes et pendant toutes les journées d’échantillonnage, les charges les plus élevées ayant été signalées à Amsterdam et à Anvers.

    Selon l’observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA), l’analyse des eaux usées a démontré son potentiel en tant que méthode complémentaire aux outils d’observation déjà en place dans le domaine des drogues. Cet outil permet de fournir, au moment opportun et dans des délais courts, des informations sur les tendances géographiques et temporelles.

    En Belgique, au-delà des villes analysées dans ce projet européen (Anvers et Bruxelles), Sciensano dispose d’un réseau de surveillance du coronavirus (SARS-CoV-2) via l’analyse des eaux usées, ayant pour objectif la détection précoce de toute évolution sensible de la circulation du virus dans la population.

    Ce système de surveillance couvre environ 45% de la population belge, au travers de l’analyse des eaux usées en entrée de station d’épuration, à raison de deux fois par semaine. Mes équipes vont questionner Sciensano sur la réflexion d’étendre l’utilisation de ce réseau national des eaux usées à l’analyse de drogues. En effet, afin de réaliser une étude comparative la plus pertinente possible de différentes villes nationales, il est indispensable d’utiliser un réseau existant déjà bien établi et de mettre en place le cas échéant un projet de recherche national financé dans le cadre d’un consortium.

    Parallèlement, l’AViQ a programmé une rencontre avec la Société wallonne des eaux afin d’aborder notamment les synergies potentielles, la valeur ajoutée et la faisabilité, à partir des centres de traitement des eaux usées, d’identifier les lieux particulièrement impactés et le cout estimé. D’autant que le dispositif de collecte des eaux usées est différent des deux autres régions : nous avons énormément de lieux de collecte de taille réduite et très dispersée sur l’ensemble du territoire. Cette particularité implique que la taille de la population couverte par lieu de collecte est également limitée.

    En tout état de cause, cette technique ne peut être qu’un complément à d’autres indicateurs, il est impératif de poursuivre les autres types de mesurages effectifs sur l’ensemble de notre pays, dont notre Région.

    Il me semble que le diagnostic à l’échelle des grandes villes belges fait actuellement plus sens.