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L’avenir du bois d’Imberchies à Harchies

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 454 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 24/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La Commune de Bernissart et l'Intercommunale IDETA prévoient l'extension du zoning industriel d'Harchies. L'intitulé du dossier est explicite : « révision des plans de secteur de Tournai-Leuze-Péruwelz et de Mons-Borinage en vue d'inscrire une zone d'activité économique industrielle d'une superficie de 24,18 ha en lieu et place d'une zone forestière de 17,32 ha et d'une zone de services publics et d'équipements communautaires de 6,86 ha. »

    Quand on évoque une zone forestière de 17,32 ha, il s'agit du bois d'Imberchies, un espace boisé d'un intérêt écologique et biologique inestimable puisque ce sont là les derniers vestiges d'une forêt remontant au Moyen Âge. Situé non loin des marais d'Harchies, le site est connu et reconnu pour sa grande biodiversité. Ce bois fait d'ailleurs l'objet de recensements organisés par certaines associations bien connues.

    Autant dire que, si une zone d'activité économique voyait le jour à cet endroit, il serait strictement impossible de compenser d'une quelconque manière la perte d'une zone forestière d'une telle qualité. Une pétition a par ailleurs été initiée par des riverains soucieux de la préservation du bois.

    Madame la Ministre prend-elle du recul par rapport à cet exemple? Quelle est sa sensibilité face à un projet industriel pouvant mener à la destruction d'un biotope d'exception ?

    N'y a-t-il pas lieu de préserver les espaces naturels comme celui-ci ?

    De quelle manière pourrait-elle le faire ?

    Une procédure de classement serait-elle envisageable à l'image de ce que l'on fait pour des bâtiments ?

    Tout comme son collègue Willy Borsus, elle aura son mot à dire dans ce dossier. Au regard de grand intérêt biologique de l'espace concerné, compte-t-elle marquer son opposition au projet ?
  • Réponse du 30/05/2023
    • de TELLIER Céline
    L’érosion de la biodiversité est un enjeu crucial. La forêt est au cœur de cet enjeu puisqu’elle abrite une grande part de la richesse floristique et faunistique. Je ne peux évidemment qu’être attentive à la préservation de celle-ci, surtout lorsqu’il s’agit de milieux particulièrement riches et sensibles, comme celui du bois d’Imberchies. En ce sens, je comprends la préoccupation bien légitime de l’honorable membre concernant ce projet, et je la partage.

    En ce qui concerne la procédure visant les modifications du plan de secteur, je laisse le soin à mon collègue en charge de l’Aménagement du territoire d’instruire le dossier. Mais soyez assuré que mon respect des procédures et des prérogatives de chacun ne m’empêche pas de manifester mon point de vue sur l’intérêt de cet espace naturel dans cette région du Hainaut.

    De manière plus générale, outre les très nombreux projets déjà menés en matière de biodiversité, nous progressons bien sur les réformes qui intègrent ces enjeux importants. Je vise ici la réforme de La Loi sur la Conservation de la Nature actuellement en discussion avec mes collègues, en vue d’une adoption en première lecture dans les prochaines semaines. Cette réforme vise notamment la reconnaissance du réseau écologique wallon et prévoit une clarification des mesures de précaution à prendre vis-à-vis des sites qui hébergent une diversité élevée, de façon à améliorer l’application des dispositions de protection. La cartographie du réseau écologique, en cours d’élaboration, permettra d’informer les acteurs quant aux enjeux biologiques du territoire. Les zones les plus sensibles du territoire feront l’objet d’une attention particulière. Une évaluation des plans et projets axée sur les enjeux nature, assortie le cas échéant de mesures d’évitement, d’atténuation, voire de compensation, est envisagée.

    Le projet de Stratégie Biodiversité 360° progresse également. Il prévoit d’ailleurs une action qui vise spécifiquement à assurer la préservation des forêts anciennes subnaturelles. L’objectif est d’éviter leur transformation, en prévenant toute action destructrice, notamment au niveau des sols. Il s’agira d’envisager leur intégration dans le Réseau écologique et de leur réserver une place prioritaire dans la désignation de réserves intégrales ou d’îlots de conservation.

    Il ressort par ailleurs des Assises de la Forêt que la protection des sols des forêts anciennes est plébiscitée par les acteurs de la forêt (résolution 16). Cet élément participera donc pleinement à la Stratégie Forestière Wallonne.

    En ce qui concerne la réforme du CoDT portée par mon collègue, son objectif premier est de mettre un frein à l’artificialisation du territoire en encourageant l’implantation des nouvelles constructions dans les espaces déjà urbanisés, dénommés « centralités ». Bien que le CoDT ne prévoit pas de mesure spécifique aux forêts anciennes, les orientations mises sur la table sont de nature à freiner à l’avenir l’implantation des zones d’activité économiques en dehors des centralités. Le texte a bien été validé par le Gouvernement wallon il y a quelques semaines.

    Parallèlement, un projet de Schéma de développement territorial localise les centralités qui devront être affinées au niveau communal. La préservation de la biodiversité figure parmi les objectifs du développement territoire, et c’est bien sûr un point crucial sur lequel j’ai longuement insisté avec mon cabinet lors des échanges préparatoires à la validation par le Gouvernement en première lecture, il y a quelques semaines.