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La chute de Brussels South Charleroi Airport (BSCA) dans le classement établi par AirHelp

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 210 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 28/03/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Dans le classement des aéroports réalisé par Air Help, société de service comptant 16 millions de clients, BSCA tombe de la 14e à la 142e place dans le "ranking" établi du 1er au 31 octobre 2022 sur 151 aéroports internationaux, Zaventem se classe en 96e position !

    La qualification est déterminée sur base des critères de ponctualité, du ressenti des clients, de la restauration et des commerces. Ce classement n'étonne pas ceux qui veulent bien entendre les doléances de nombreux passagers depuis quelques mois !

    Si cette chute doit imposer une remise en question des pratiques et du management, le plus invraisemblable réside peut-être dans le dédain avec lequel BSCA traite l'information et relativise celle-ci, en se limitant à déclarer que plus de passagers et de vols ont été accueillis à l'aéroport en 2022 !

    Est-ce une manière de réagir ?

    La désinvolture de l'aéroport ne tracasse-t-elle pas Monsieur le Ministre ?

    Comment réagit-il à cette annonce ? A-t-il convoqué le management ? Quel fut le résultat de l'éventuelle rencontre ?

    Des mesures ambitieuses sont-elles prises pour corriger la situation ? Lesquelles ? Quel est son plan d'action ?

    Le point est-il inscrit au prochain Conseil d'administration par la Commissaire du Gouvernement ?
  • Réponse du 11/05/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    Il est important de rappeler que ce classement Air Help pour les aéroports repose sur trois critères :
    • un critère de ponctualité pour 60 % du score : il repose sur l’arrivée à l’heure des avions dans les 15 minutes ;
    • un critère de ressenti du client pour 20% du score : il concerne le personnel, le temps d’attente, l’accessibilité et la propreté ;
    • un critère relatif à la restauration et commerces pour 20% du score : il s’agit de l’évaluation des boutiques et restaurants par des voyageurs.

    Comme l’honorable membre le sait par ailleurs, l’aéroport a traversé une période compliquée en étant frappé de plein fouet par les impacts de la crise sanitaire sur le secteur aérien.

    La direction de l’aéroport ainsi que les actionnaires ont œuvré dans ce contexte afin de préserver l’emploi, rétablir une situation financière pérenne et assurer une reprise rapide des activités et donc du trafic. Pour rappel, un retour à la normale était annoncé au plus profond de la crise en 2025.

    Aussi, malgré une situation complexe, l’aéroport a toujours pu assurer sa mission à l’égard des passagers.

    L’année 2022 a été marquée par une reprise de l’activité à deux vitesses.

    Le volume d’activités de l’aéroport de Charleroi a été très faible de janvier à mars 2022 en raison toujours des effets de la crise sanitaire.

    Une reprise lente en avril, un début de pic d’activités en mai et un dépassement des niveaux d’activités connus en 2019 à partir de juin sans discontinuer ont alors été relevés.

    Dans ce contexte opérationnel mouvant, l’aéroport de Charleroi peut se montrer fier d’avoir conservé l’intégralité de son personnel durant la pandémie, là où d’autres aéroports posaient d’autres choix. Sans cela, il aurait été incapable de traiter le volume de passagers 2022 qui a dépassé toutes les prévisions.

    Le classement Air Help ne prend pas en considération le volume de passagers.

    Il traite ainsi de la même manière un aéroport en déficit d’activités qu’un aéroport en surcroit d’activités.

    Or, si le volume de travail est supérieur, comme cela a été le cas à Charleroi en 2022, le niveau de confort pour les passagers peut être moindre (plus de files au contrôle sûreté par exemple) et inversement.

    À titre d’exemple, en 2022, si Brussels Airport a réalisé 70 % de son volume passager de 2019, Brussels Charleroi Airport est revenu à son niveau de 2019 avec 8,2 millions de passagers totaux.

    En outre, 2022 a été marquée par un accroissement des retards dans le contrôle aérien en lien avec le conflit russo-ukrainien et ses impacts sur l’espace aérien.

    Je renvoie l’honorable membre pour cet aspect à mes précédentes réponses sur le sujet et lui confirme être intervenu auprès de l’aéroport dès les premiers retards constatés.

    BSCA dépend par ailleurs de zones de contrôle aérien françaises (Reims et Lille) et allemandes.

    Ces zones ont également été impactées par des retards en raison de mouvements répétés de grèves (France), de problèmes liés à l’implantation de nouveaux systèmes de contrôle aérien (France) ou encore d’un manque d’opérateurs de contrôle aérien (principalement en Allemagne).

    BSCA a ainsi subi de très nombreux retards au niveau des vols (versus 2019) en raison de la situation du contrôle aérien européen reconnue explicitement par Eurocontrol et de problèmes liés aux zones de contrôle françaises et allemandes.

    Étant donné que le classement Air Help est fondé à 60 % sur la ponctualité, l’aéroport a pris la note de plein fouet avec plus de 30 % de vols en plus que d’autres aéroports, et donc plus de dépendance au contrôle aérien.

    De manière générale, en 2022, les compagnies « low cost » sont sorties renforcées de la crise, retrouvant 85% de leur trafic de 2019, contre 75 % pour les transporteurs « classiques ».

    Ryanair est la compagnie qui a le mieux résisté en la matière puisqu’elle a conforté sa première place européenne en réalisant, en 2022, 109 % du volume de vols par rapport à l’année 2019.

    Dans ce contexte, BSCA a dès lors été plus sensible que ses concurrents aux problèmes de contrôle aérien rencontrés au cours de l’année 2022, avec une activité proportionnellement plus importante que ceux-ci par rapport à l’année de référence 2019.

    Au niveau restauration et commerces, l’aéroport a ouvert durant la pandémie un nouvel espace food-court (+ 800 m2), une terrasse avec vue sur piste, un nouvel espace duty free (+500 m2), un nouveau pré-check suivi d’un espace plaza. Il a donc nettement amélioré les surfaces horeca et les commerces et je l’invite à aller le constater par lui-même.

    Ces précisions ont été données par BSCA et je n’y vois pas de forme de « dédain » pour reprendre ses termes.

    Les explications de l’aéroport quant au résultat Air Help visant à dire que celui-ci est moins bon car il a traité un volume supérieur à 2019, sur une période de temps beaucoup plus courte (effets de la crise de janvier à mars), en subissant l’impact du retard dans le contrôle aérien, me paraissent ainsi pertinentes.