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Les difficultés du secteur de l’insertion socioprofessionnelle

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 355 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 04/04/2023
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le secteur de l'insertion professionnelle connait une crise sans précédent. Depuis l'enchainement des crises (Covid, énergie, précarité, inondations) qu'a connu notre pays, on observe une baisse significative des candidats aux formations.

    Pour inverser la tendance, l'Interfédération des centres d'insertion socioprofessionnelle (CISP) a lancé une campagne de recrutement pour attirer de nouveau des candidats. Une première quand on sait qu'habituellement le secteur forme 15 000 personnes par an sur ses 250 sites wallons sur la base essentielle du bouche à oreilles. Nouveau site web, campagne sur les réseaux sociaux, actions de terrain, tout est mis en œuvre pour recruter des candidats. Les centres commerciaux, les marchés, braderies, centres sportifs font également partie des stratégies d'actions.

    Le secteur dit regretter que la priorité soit donnée aux métiers en pénurie. Il observe également un changement notoire dans les mentalités. La qualité de vie primerait désormais de plus en plus sur la qualité du travail.

    Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance des résultats et recommandations présentés par le CISP le 19 janvier à Namur ? Quelle lecture en fait-elle ?

    Des actions sont-elles menées pour restaurer l'importance du travail et de la formation ?

    Quelles actions concrètes sont-elles mises en place pour redonner l'envie d'apprendre ?

    Quel soutien apporte-t-elle aux CISP dans leurs démarches ? Que répond-elle aux professionnels qui souhaiteraient que les métiers en pénurie ne soient plus prioritaires ?

    Enfin, peut-il nous énoncer les différents types de partenariats mis en place avec les acteurs de terrains pour redynamiser le secteur ?
  • Réponse du 17/05/2023
    • de MORREALE Christie
    L'étude réalisée par l’Interfédération des CISP met en exergue différents éléments sur la problématique du recrutement en formation.

    Au sein des CISP, l'ampleur de ces difficultés de recrutement est variable d’un centre à l’autre, en ce compris pour une même filière, voire dans un même centre entre ses différentes filières.

    Un premier élément à pointer est le fait qu’il s’agit d’un problème quasi généralisé (en ce compris dans les centres du FOREm).

    Concernant les métiers en pénurie, cette question a fait l’objet d’une attention particulière dans la Déclaration de politique régionale. La formation et le développement des compétences sont en effet un des piliers fondamentaux de l’action de notre Gouvernement. L’emploi étant un levier important pour combattre la pauvreté, nous nous sommes engagés à soutenir l’insertion professionnelle et la formation, particulièrement dans les métiers en demande.

    Toutefois, bien que la problématique des pénuries est effectivement une préoccupation du service public régional de l'emploi, inscrire une personne dans une formation dans un métier en pénurie n'est pas un objectif en soi. Le Forem, dans l'accompagnement qu'il offre à la personne, veille à proposer des actions qui tiennent compte de son profil, de ses aspirations, de l'analyse de ses besoins, de son degré d'autonomie dans sa recherche d'emploi et par rapport à l'utilisation des canaux numériques, de son degré de proximité du marché du travail, de l'environnement socio-économique dans lequel il évolue et des réalités du marché du travail.

    Une formation dans un métier en pénurie peut donc être une option pertinente, mais ne l'est pas systématiquement au regard du profil du demandeur d’emploi et de l’analyse de ses besoins.

    Par ailleurs, différents CISP ainsi que d'autres acteurs de l'insertion forment eux aussi à certains métiers en pénurie (notamment dans la construction ou encore l'HORECA). La promotion réalisée par le Gouvernement et par le FOREm dans ce cadre peut donc soutenir également leurs propres actions.

    Comme l’étude le pointe également, il apparaît que certaines personnes privilégient aujourd’hui leur qualité de vie, au fait de décrocher un emploi à tout prix. Cette question fait écho aux travaux menés au sein de la Commission régionale de concertation, première instance du dispositif de collaboration prévu par le décret accompagnement orienté coaching et solutions. Cette Commission réunit des représentants des partenaires de formation et d’insertion, dont le FOREm, mais bénéficie également de l’expertise du Réseau wallon de Lutte contre la pauvreté. Un travail réflexif va prochainement s’entamer, sur la difficulté des personnes à s’inscrire dans un parcours d’accompagnement.

    Ce travail, comme d’autres à venir, doit soutenir avantageusement les différents professionnels dans les difficultés qu’ils rencontrent dans leur travail quotidien d’accompagnement et de formation des personnes.

    Par ailleurs, le FOREm mène différentes campagnes de sensibilisation sur des secteurs, des métiers, des entreprises, afin d’informer sur les perspectives d’emplois réelles et donc susciter l’engagement du public dans un dispositif de formation.

    Comme l’indique l’étude de l’Interfédération, le problème de recrutement dans les centres de formation est multidimensionnel et est au croisement de différents niveaux :
    - conjoncturel : crises, désaffiliation, défiance, désenchantement ;
    - culturel : changement de paradigme, sens donné à la formation, au travail, rapport aux institutions ;
    - structurel : métiers en pénurie, paysage de l'insertion socioprofessionnelle, marché de la formation, désavantage comparatif coût/bénéfice d'aller en formation ;
    - organisationnel : prospection, communication, partenariats, relations avec l'entreprise.

    Pour répondre à ces difficultés et soutenir le secteur, la réflexion est en cours. Mais des actions ont déjà été entreprises, notamment l’adaptation de l’offre de formation des CISP au 1er janvier 2023, avec un renouvellement des filières existantes et de nouvelles filières proposées par les CISP au regard des besoins et centres d’intérêt des publics.

    Pour améliorer l’accroche et la mobilisation du public à un dispositif de formation, un appel à projets a été lancé dans le cadre du Plan de relance en vue de renforcer l’accompagnement psychosocial dans les CISP. Deux des axes proposés sont d’aller chercher les personnes éloignées de tout dispositif et de travailler sur leur accroche par des démarches de proximité.

    La question des certifications a été prise en compte également grâce à un autre appel à projets « Parcours de renforcement de compétences » qui, en voulant fluidifier les parcours des publics peu scolarisés, entre acteurs de l’insertion socioprofessionnelle et opérateurs de formation qualifiante, favorise dans de nombreux projets la validation, voire la certification de compétences.

    Une troisième mesure, dont la programmation démarre en juin 2023, vise quant à elle, à renforcer la confiance du public et d’autres acteurs par la création d’un label qualité délivré aux CISP.

    Ces quelques actions témoignent de la volonté d’agir sur les dispositifs de formation et de redynamiser le secteur en favorisant divers partenariats, notamment par le dispositif multi-partenarial « Wallonie Compétences d’avenir ». Les CISP y ont la possibilité d’intervenir, dans divers projets pour répondre à des besoins objectivés tant du point de vue des demandeurs d’emploi, que celui des entreprises, dans une logique d’intermédiation à moyenne ou plus longue échéance. Les CISP bénéficient donc grâce à ces multiples initiatives, en dehors de leurs filières structurelles, de la possibilité de s’articuler avec d’autres acteurs pour élargir l’offre de formation, tester de nouvelles méthodes et mieux accrocher le public.

    En ce qui concerne la dimension informationnelle, les Cités des Métiers, Carrefours des Métiers et le FOREm continuent à informer le public de toute l’offre de formation disponible ainsi que sur les secteurs en pénurie en vue de les revaloriser.