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Les rapaces en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 488 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 06/04/2023
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Depuis 1972, les rapaces sont protégés en Belgique.

    Natagora a fait de cette protection un de ses combats en voulant informer les citoyens sur ces animaux. Pour ce faire, le 25 mars à Bruxelles et dans toutes la Wallonie, a eu lieu la Nuit des Chouettes.

    Durant cette action, les volontaires de Natagora sont à la disposition des plus curieux afin de leur faire découvrir les chouettes et hiboux lors d'une nuit de sensibilisation. Comme nous le savons, il n'est pas facile d'observer ces espèces et avoir des guides qui s'y connaissent est une réelle chance.

    Il semble que l'on observe davantage de rapaces ces dernières années dans notre région.

    Un recensement des différentes espèces est-il établi et confirme-t-il cette augmentation d'individus dans nos contrées ?

    Comment peut-on expliquer le retour de certaines espèces, le Milan Royal, notamment, en Wallonie ?

    Qu'est-il mis en place en Wallonie afin de protéger et favoriser les rapaces en Wallonie ?

    Outre la Nuit des Chouettes, d'autres actions en vue de sensibiliser les citoyens aux rapaces sont-elles prévues ?
  • Réponse du 09/06/2023
    • de TELLIER Céline
    Près de 20 espèces de rapaces nichent en Wallonie, dont 7 sont des rapaces nocturnes (dont les rares hiboux des marais et chevêchette d’Europe). La chevêchette d’Europe n’était pas considérée comme nicheuse lors du dernier Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie (2001-2007), mais, depuis lors, de petites populations semblent s’être installées dans la région des Fagnes et en Ardenne. En ce qui concerne les rapaces diurnes, les busards Saint-Martin et cendrés sont les rapaces les plus rares.

    Comme pour toutes les espèces d’oiseaux, le programme de surveillance des oiseaux nicheurs permet de connaître les tendances évolutives des différents rapaces. Les méthodes et les fréquences de comptage varient, suivant la biologie des espèces et leur rareté. Tous les 6 ans, la Wallonie établit et transmet à Commission européenne un rapport sur l’état de conservation des oiseaux, lequel inclut les rapaces qui nichent en Wallonie.

    Les évolutions sont variables d’une espèce à l’autre et en fonction de la période concernée. Les tendances à long terme (un demi-siècle) indiquent que la plupart des espèces de rapaces sont en progression ou proches de la stabilité. Des espèces comme le milan royal, le grand-duc d’Europe et le faucon pèlerin, après avoir disparu, sont réapparues entre les années 1970 et 1990. Seule la chevêche d’Athéna montre un déclin, lié à l’intensification des pratiques agricoles.

    Pour revenir plus spécifiquement sur le milan royal, comme l’honorable membre le souligne, après une disparition presque totale entre le 19e siècle et le milieu du 20e siècle, cette espèce est revenue en Wallonie. Ce retour s’est amorcé dans les années 1970, grâce à différentes mesures de protection, comme l’interdiction de l’utilisation de certains pesticides, plus particulièrement des rodenticides. Le maintien de grandes surfaces de prairies permanentes, dans un contexte rural assez préservé comportant des haies et petits éléments arborés, a permis à cette espèce de présenter une expansion ininterrompue durant presque un demi-siècle, ce qui est remarquable. Alors que la population du milan royal était estimée à une vingtaine de couples en Wallonie dans les années 1980, on compte aujourd’hui plus de 350 couples nicheurs.

    Si l’on regarde les tendances à plus court terme (10 ans), certaines espèces progressent et d’autres se sont stabilisées, voire sont en léger déclin. Seule la situation du Busard cendré, caractérisée par quelques couples nicheurs et une tendance récente plutôt négative, est inquiétante. Ceci justifie pleinement son statut d’espèce en danger d’extinction, dans la liste rouge des espèces menacées de Wallonie.

    En Wallonie, la loi du 12 juillet 1973 sur la conservation de la nature assure une protection stricte des individus. Néanmoins, le braconnage et l’empoisonnement non intentionnels existent encore et font l’objet d’une vigilance de la part de mes services.

    Des actions ciblées visant certaines espèces sont menées. Ainsi, un plan d’action en faveur des busards a été rédigé dans le cadre du projet LIFE BNIP. Depuis plusieurs années, les nids des trois espèces de busards sont activement recherchés et protégés.

    Des actions de communication et de sensibilisation envers les acteurs concernés ont également été financées, ainsi que la mise en place de mesures agroenvironnementales et climatiques (MAEC) dans les plaines agricoles identifiées comme importantes pour les busards. Pour les busards comme pour d’autres espèces de rapaces, les MAEC sont en effet indispensables pour augmenter les ressources alimentaires. Une attention particulière est également portée à la préservation des milans, par rapport au risque de collision avec les éoliennes, par le biais de mesures d’évitement et d’atténuation des impacts.

    La nuit des chouettes en Wallonie s’inscrit dans un cadre global d’actions de sensibilisation, menées également dans d’autres pays, et ce depuis 25 ans. D’autres actions de sensibilisation sont également menées à une échelle plus locale ou visent d’autres espèces. C’est le cas par exemple de l’action « Faucon pour tous » menée par le Museum de Bruxelles, qui permet au grand public de découvrir et de suivre la nidification des faucons pèlerins dans la capitale et certaines grandes villes de Wallonie.