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L'inflation des prix des denrées alimentaires

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 590 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 14/04/2023
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'inflation suit son cours, et continue de toucher les familles : +20 %, selon les dernières estimations de Test-Achat. Avec, en tête de gondole, une inflation particulièrement importante pour les fruits et légumes.

    Aujourd'hui, selon une étude HelloSafe, plus de 30 % du budget des familles belges est consacré à l'achat de nourriture.

    Les facteurs de l'inflation, nous les connaissons : hausse du prix des matières premières et de l'énergie, augmentation des coûts de transport, indexation des salaires… mais aussi, une météo plus froide qu'à l'accoutumée dans certains pays du Sud, qui aurait amoindri les rendements.

    Cependant, pour les familles impactées, précarisées, cette liste manque cruellement de précision. Comment se répartit l'augmentation des prix ? Quel facteur joue quel rôle concret dans l'augmentation des coûts ou dans une baisse de rendement ?

    Ces questions sont d'autant plus légitimes, que tout le monde semble perdant dans cette conjoncture actuelle : les producteurs, comme les consommateurs, se serrent la ceinture.

    Ou plutôt, les petits producteurs sont impactés. En effet, quelques grands groupes de l'industrie agroalimentaire, eux, annoncent des profits trimestriels records, en pleine crise énergétique. Signe limpide que les grands de ce secteur ont profité de la conjoncture actuelle pour augmenter leurs marges.

    La Banque centrale européenne en fait le constat : dans de nombreux pays et de nombreux secteurs, la croissance des marges des entreprises contribue plus à l'inflation que l'augmentation des salaires.

    Quelles mesures Monsieur le Ministre porte-t-il afin de protéger le portefeuille des ménages, et de garantir l'accessibilité des denrées alimentaires ?

    Envisage-t-il une régulation des prix du marché ? Une régulation des surprofits de l'industrie agroalimentaire ?

    Quel soutien apporte-t-il aux petits producteurs, également impactés par cette inflation ?

    Comment assure-t-il une veille permanente des prix des denrées agricoles et alimentaires ?
  • Réponse du 15/05/2023
    • de BORSUS Willy
    L’inflation des produits alimentaires (dont les boissons alcoolisées) est effectivement supérieure à 16 % selon Statbel. Le suivi des prix en magasin effectué par l’observatoire des filières du Collège des producteurs (période de mi-janvier à mi-mars - relevé des prix hors promotion dans 3 enseignes (Colruyt, Carrefour, Delhaize)) montre aussi que les prix des légumes ont augmenté de 6,4 % durant cette période alors que la tendance est plus stable pour les autres produits issus des producteurs wallons :
    - ralentissement de l’inflation pour les productions de volaille, lait, fromage et de pommes de terre ;
    - légère augmentation pour le bœuf, porc et les fruits ;
    - légère diminution pour le beurre et les céréales.

    Parallèlement, il est important de rappeler que le prix d’achat au producteur est en moyenne inférieur à 30 % du prix final au consommateur ; il convient donc de rappeler que le coût de production du produit primaire est généralement plus impacté par les effets de marché (équilibre offre/demande) et les politiques de marge des acteurs aval que le prix « bord champs », qui continue à être sous pression.

    C’est dans ce cadre qu’il est important de soutenir les producteurs wallons dans leurs démarches de commercialisation dans leurs différents segments de commercialisation. Différentes initiatives sont prises en ce sens parmi lesquelles, au travers du Collège des Producteurs : l’animation du dialogue entre acteurs des différentes filières, la mise en place de services d’intermédiations commerciales entre producteurs et distributeurs (enseignes, franchisés, points de vente locaux), outils numériques de facilitation logistique des relations commerciales entre producteurs et points de vente.

    Au niveau régional, ces initiatives ont toutes pour vocation à stabiliser au mieux le cadre de relations commerciales des systèmes alimentaires dans l’intérêt de toutes les parties prenantes.

    Au niveau fédéral, à ce jour, aucun mécanisme de régulation ou de blocage des prix ne figure sur la table du gouvernement fédéral, même si le Ministre fédéral de l’Économie, M. Dermagne l’a évoqué dans la presse.

    Il est à noter que le Ministre fédéral des Classes moyennes, M. David Clarinval a demandé à l’Observatoire des Prix du SPF Économie une analyse des marges bénéficiaires réalisées par les différents maillons de la chaîne agroalimentaire : producteurs – transformateurs – retailers.

    Cette analyse, publiée par le SPF Économie en fin d’année 2022, laisse apparaître une diminution des marges à tous les niveaux de la chaîne.

    Les opérateurs fonctionnant en circuits courts ont également fait part de leur souhait de se faire accompagner dans leur dynamique de production de qualité à la disposition des consommateurs. L'AFSCA souhaite s'adapter à cette nouvelle tendance et, si nécessaire et possible, revoir son approche actuelle dans le cadre de la législation européenne. L'AFSCA a donc mis en place un « groupe de travail circuits courts ». L'objectif de ce groupe de travail est de cartographier toutes les difficultés ou les ambigüités actuelles de la filière courte, d'interroger les exigences actuelles des opérateurs et d'aboutir à une meilleure coopération avec les acteurs. Avec les représentants du secteur, l'AFSCA souhaite rechercher des solutions constructives soutenues par tous les acteurs.

    À la question relative à l’existence d’une veille permanente des prix des denrées agricoles et alimentaires, je renvoie l’honorable membre vers la Direction générale du SPF Économie, dont dépend l’Observatoire des Prix. Celui-ci collecte les données statistiques disponibles et actualise en permanence ses analyses sur l’évolution des prix et des marges.