La production aquacole durable en Wallonie
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 593 (2022-2023) 1
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Question écrite du 14/04/2023
- de JANSSEN Nicolas
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
Une production aquacole durable en Wallonie présente de nombreux avantages pour l'environnement, l'économie et la santé humaine. En outre, l'aquaculture peut jouer un rôle important dans la sécurité alimentaire locale en fournissant une source de protéines animales saine et durable.
Afin de garantir une production aquacole durable, il est intéressant de noter que le secteur a développé le label durable ASC (Aquaculture Stewardship Council), pendant aquacole du label de pêche MSC (Marine Stewardship Council). Malheureusement, et malgré le fait que, comme le précise la DPR, « les labels de qualité seront davantage promus » , à l'heure actuelle, aucune ferme aquacole wallonne n'est certifiée par ce label. Pourtant, l'utilisation du label ASC pourrait être un outil intéressant et un incitant à une production aquacole durable de même qu'un facteur d'expansion de ce secteur économique, lui apportant plus de visibilité.
Sachant que la Wallonie souhaite, pour la période 2021-2027, soutenir de façon plus importante les investissements qui poursuivent des objectifs pré-identifiés comme étant prioritaires pour le développement durable du secteur aquacole et que le Plan aquacole wallon 2021-2030 précise que la mise en place de labels de qualité doit être appuyée, comment Monsieur le Ministre soutient-il la production aquacole wallonne durable et quels mécanismes a-t-il mis en place afin d'aider les producteurs à obtenir un label ASC?
Un conditionnement de l'obtention de ce label aux politiques de soutien au secteur est-il à l'ordre du jour, comme prévu dans le Plan aquacole wallon 2021-2030 ?
Réponse du 26/04/2023
- de BORSUS Willy
Cependant, notre modèle d’élevage de truites est fragilisé par le caractère de plus en plus extrême et récurrent des événements de sécheresse et par les phénomènes concomitants de diminution drastique des débits des cours d’eau et d’augmentation de la température de l’eau alimentant les piscicultures durant les périodes d’étiage. Cela peut donner lieu à des conditions inappropriées, voire létales, pour les poissons. Afin d’y remédier, et de rendre le modèle d’élevage wallon plus résilient, une série d’aménagements sont en développement ou en cours de réflexion. Plusieurs pistes sont envisagées, dont l’élevage de nouvelles espèces plus résistantes ainsi que la mise en place de systèmes d’élevage par recirculation de l’eau. Ces solutions présentent des avantages environnementaux tels qu’une consommation inférieure en eau, ainsi qu’un traitement par filtrations successives, afin de se conformer aux normes régissant la qualité des effluents en Wallonie.
Le label mondial « ASC » a été initialement développé pour deux espèces dont l’élevage est controversé (le tilapia et le pangasius), puis il a été étendu à d’autres espèces telles que la truite. Son cahier des charges pour la truite arc-en-ciel se décline en 5 thématiques. L’analyse des législations européennes et wallonnes au regard de celles-ci a permis de constater que, dans bien des cas, les normes wallonnes sont plus strictes en matière de biodiversité, d’alimentation, de pollution, de règles sanitaires et d’aspect social.
Actuellement, au sein de l’Union européenne, le label ASC pour l’aquaculture d’eau douce sert essentiellement à mettre à niveau les productions européennes et non européennes qui ont notamment des modèles d’élevages très intensifs et de qualité bien inférieures aux productions wallonnes qui sont extensives et/ou semi-intensives.
Pour l’instant, l’application du label ASC ne conduirait pas à rendre l’aquaculture wallonne plus durable et/ou d’améliorer la qualité de ses productions, car à ce jour, celui-ci est principalement utilisé pour la vente en grandes surfaces et très peu en poissonnerie. La grande majorité des piscicultures wallonnes écoule donc principalement ses productions en direct au sein des piscicultures ou dans l’HORECA. En outre, l’obtention de ce label engendre des frais conséquents qui ne peuvent être pris en charge que par un nombre limité de pisciculteurs. Ce label pourrait donc être utile et soutenu, pour autant qu’il y ait une expansion des productions wallonnes, ce qui permettrait leur entrée sur le marché de la grande distribution.
Le Plan stratégique de l’aquaculture en Wallonie considère la labellisation comme un levier de développement du secteur. À ce titre, un label de qualité différenciée est en cours de développement et est soutenu, en vue d’augmenter la visibilité des truites produites en Wallonie.
Ce label se rajouterait au label « Bio » qui véhicule auprès de nos consommateurs une image de qualité et de durabilité plus percutante qu’un label ASC, encore peu connu chez nous. À ce jour, une seule pisciculture wallonne dispose du label Bio. Le prochain programme (2021-2027) devrait également aider les pisciculteurs à maintenir ce type de production.
Enfin, dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie, la SoCoPro a été chargée de réaliser une étude de faisabilité sur l’implantation d’une écloserie coopérative en Wallonie. Celle-ci permettrait de relocaliser la production de truitelles en Wallonie, d’approvisionner en continu les pisciculteurs wallons avec des truitelles saines indemnes de maladie virale, et d’optimiser leur production. Ce projet a donc pour finalité d’apporter une contribution à la consolidation du marché aquacole wallon en donnant accès aux pisciculteurs à un approvisionnement stable en truitelles tant en quantité qu’en prix.