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Durée de travail et rentabilité.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2006
  • N° : 40 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 20/12/2006
    • de BERTOUILLE Chantal
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur

    Selon une étude menée sur l'ensemble des pays de l'Union européenne, il semblerait que, par an, le Belge soit l'un des travailleurs prestant le plus d'heures de travail.

    Dans un premier temps, Monsieur le Ministre peut-il me communiquer, pour l'ensemble de la Région wallonne, la durée hebdomadaire des heures de travail, la moyenne des congés annuels pris par les travailleurs, ainsi que le nombre de jours fériés dont disposent les travailleurs de la Région wallonne ?

    On dit aussi souvent que ce qui incite les entreprises étrangères à investir en Belgique c'est le taux de rentabilité particulièrement élevé du travailleur belge.

    Monsieur le Ministre peut-il me communiquer les éventuelles informations qu'il posséderait concernant le taux de rentabilité des travailleurs wallons en comparaison au taux de rentabilité de nos voisins ?
  • Réponse du 13/02/2007
    • de MARCOURT Jean-Claude

    Il existe différentes notions de durée du travail. La durée légale est celle qu'impose le législateur. Dans le cas de la Belgique, la durée hebdomadaire légale est de 38 heures depuis le 1er janvier 2003. La durée conventionnelle est la norme fixée par les conventions collectives du travail. En Belgique, comme dans d'autres pays, le dialogue social porte aussi sur la durée normale de travail hebdomadaire des travailleurs à temps plein (le qualificatif « normal » excluant les heures supplémentaires).

    Deux autres notions sont étroitement liées aux enquêtes européennes. La durée normale (ou habituelle) du travail renvoie au temps de travail hebdomadaire habituel qui représente les heures travaillées dans l'emploi principal durant une semaine type. Elle englobe, outre la durée « normale » du travail au sens durée légale ou contractuelle, toutes les heures supplémentaires - rémunérées ou non - effectuées régulièrement, et exclut les pauses ainsi que le temps consacré au déplacement entre son domicile et le lieu de travail. La durée effective de travail hebdomadaire mesure la durée des prestations de travail réellement observées dans l'emploi principal au cours d'une semaine de référence (celle où l'enquête est réalisée). Cette mesure tient compte des heures supplémentaires et des absences.

    Dans une étude (1) sur la durée du travail en Belgique, B. Van der Linden constate que, sous l'angle de la durée effective, les salarié(e)s belges travaillent en 2002 moins (38,1 heures par semaine) que la moyenne de la zone euro (39,5 heures par semaine), avec deux exceptions notoires, les hollandais(es) (37,7 heures) et les italien(ne)s (42,5 heures). Sous l'angle de la durée habituelle, l'éventail des durées moyennes se resserre si l'on fait abstraction du Royaume-Uni (44,9 heures). La Belgique ne se démarque plus (39,7 heures). La moyenne de la zone se situe à 39,9 heures par semaine Que l'on regarde la durée effective ou habituelle à temps partiel, les belges ont des durées hebdomadaires relativement élevées.

    Ces statistiques sont des moyennes qui proviennent d'une enquête et sont donc entourées d'une marge d'incertitude. Les différences internationales peuvent simplement découler d'une composition sectorielle de l'emploi. Comparée aux autres pays, la dispersion sectorielle de la durée habituelle est plus limitée en Belgique. Si l'on classe les pays par ordre décroissant de durée hebdomadaire moyenne sectorielle, la Belgique se situe souvent en quatrième position, généralement avant la France et les Pays-Bas.

    Le débat sur la durée du travail est lié à l'évolution du coût et de la productivité de la main-d'œuvre. Des coûts salariaux élevés engendrent une série d'ajustements dans les entreprises : disparition d'entreprises privées manquant de rentabilité, recherche de gains de productivité par élimination de main-d'œuvre et surtout de main-d'œuvre qualifiée, etc.

    La productivité du travail belge est, on le sait, fort élevée. Selon l'OCDE, la productivité par travailleur augmente de manière similaire chez nous et chez nos voisins depuis 2000. Cependant les gains de productivité horaire sont supérieurs chez nos voisins. Des différences sectorielles peuvent naturellement se marquer. Ainsi, selon le Bureau of Labor Statistics (2002), entre 2000 et 2002, la productivité horaire dans l'industrie manufacturière aurait augmenté de 8 % en Belgique contre 5 % en moyenne parmi nos trois principaux partenaires commerciaux.

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    (1) B. Van Der Linden « La durée du travail en Belgique : trop longue ? trop courte ? », novembre 2004, Regards économique, numéro 25.