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La prévention contre la consommation des drogues et la prise en charge des personnes dépendantes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 387 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 17/04/2023
    • de AHALLOUCH Fatima
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    L'Institut national de santé publique a récemment sondé près de 1 500 consommateurs de produits stupéfiants. Cette étude est précieuse au vu du manque de données structurelles sur la consommation de drogues dans notre pays. L'enquête se concentrait sur les drogues consommées lors du mois précédent le sondage. Les résultats interrogent.

    83 % des sondés ont indiqué avoir consommé du cannabis durant cette période, un résultat somme toute logique au vu du nombre de consommateurs réguliers de cette drogue en Europe. En revanche, pas moins de 25 % des sondés, soit un sondé sur quatre, ont révélé avoir consommé de la cocaïne le mois précédant le sondage. Cette part substantielle de consommateurs de cocaïne interroge, d'autant plus lorsque l'on connait les effets destructeurs de cette drogue sur la santé des usagers.

    Cette drogue, que l'on ne peut qualifier de drogue « douce », entraîne sur le long terme des modifications physiques et psychiques de premier ordre. De plus, la consommation de cocaïne, qui n'est plus un tabou aujourd'hui chez les jeunes, multiplie les risques de consommation de drogues plus dures par la suite. La prévention et la conscientisation des publics cibles sont une priorité que nous partageons. La prise en charge médicale des assuétudes est également une problématique centrale sur laquelle nous devons progresser.

    Madame la Ministre peut-elle faire un récapitulatif des dispositifs médicaux actuellement en vigueur pour prendre en charge les personnes dépendantes ?

    Qu'est-il fait en matière de prévention ?

    Quelle attention est portée sur les publics les plus jeunes ?

    Porte-t-elle une attention spécifique sur la consommation de cocaïne ?

    Comment ses services évaluent-ils la consommation de drogues dans notre Région ?

    Des études régulières sont-elles réalisées ?
  • Réponse du 17/05/2023
    • de MORREALE Christie
    En Wallonie, il existe actuellement 25 services spécialisés en assuétudes agréés, œuvrant au sein de 8 réseaux agréés qui se répartissent 12 zones de soins en Région wallonne. Le secteur peut compter sur une fédération dont la reconnaissance vient d’être prolongée jusqu’au 31 décembre 2026.

    Le secteur compte aussi plusieurs subventions facultatives qui soutiennent annuellement des projets. Un projet phare de la prise en charge des assuétudes est la salle de consommation à moindre risque. Ce projet fait l’objet d’une convention pluriannuelle entre la Wallonie et la Fondation TADAM jusqu’en 2024.

    Huit centres de revalidation fonctionnelle (CRF) s’occupent d’adultes qui présentent une ou des dépendance(s). Ces centres sont situés dans les provinces du Hainaut, de Liège et de Namur. Ils dispensent des soins variés sous la forme de suivis résidentiels ou ambulatoires. L’ASBL Phénix située à Namur et l’ASBL Trempoline située à Châtelet souhaiteraient élargir leurs champs d’action en mettant en place des centres de revalidation fonctionnelle à l’attention des adolescents et jeunes adultes qui présentent une dépendance aux produits et/ou aux jeux.

    Trois Maisons d’accueil sociosanitaires (MASS) se trouvent sur le territoire Wallon, à Mons, Liège et Charleroi. Ces MASS viennent en aide à toute personne dépendante aux produits sans condition d’accès. Elles proposent un accueil, une écoute, une orientation, des suivis psychologiques, sociaux et médicaux (traitements de substitution) sans limites d’âge et sans délai d’attente.

    En ce qui concerne la prévention, la Région s’est dotée du Plan wallon de Promotion et de Prévention de la Santé (Plan WAPPS) organisé en axes thématiques et en objectifs transversaux. L’axe thématique 2.2 traite de la prévention des usages addictifs, et c’est à travers cet axe et ses objectifs spécifiques (objectifs propres à chaque axe) que les opérateurs de promotion de la santé peuvent venir en aide aux citoyens.

    Différentes ASBL financées par la Région traitent le sujet, comme l’ASBL Modus Vivendi (qui met en œuvre toute action visant à prévenir les risques et les dommages – dépendance, lésions, transmission du SIDA, hépatites … – liés à l’utilisation de drogues légales et illégales par l’information et la responsabilisation des usagers), ou Prospective Jeunesse (dont la mission première est de prévenir les situations problématiques en lien avec les usages de drogues (psychotropes) et les conduites addictives (écrans, jeux, etc.) dans une optique de promotion de la santé), ou encore Eurotox (s’inscrit plutôt dans l’amélioration de la connaissance du phénomène de l’usage de drogues légales et illégales), le tout dans le respect des lignes directrices du Référentiel wallon (le Plan WAPPS).

    En octobre dernier, la programmation de la promotion de la santé a vu le jour, ce qui a permis l’agrément des structures du secteur et la pérennisation d’une partie d’entre eux jusqu’ici financés sur une base facultative et donc ponctuelle.

    Actuellement, ces structures préparent leur plan d’action coordonné et l’Agence prépare l’installation du comité de pilotage de la Promotion de la santé, ce qui permettra dans un futur proche d’organiser l’offre globale selon les priorités de santé publique définies par le Plan, en vue de favoriser un écosystème conforme à l’objectif de développement durable n°3 qui concerne la santé et le bien-être.

    De manière générale, la consommation de drogues est un phénomène caché qui peut s’appréhender soit par le témoignage des consommateurs, dans des études déclaratives via par exemple les institutions de soins, soit par des moyens détournés, comme l’analyse des eaux usées.

    L’enquête que l’honorable membre mentionne est l’enquête DRUG VIBES - The Belgian Survey on Drugs- menée par Sciensano. Les résultats de sa 6e édition sont parus récemment. L'enquête Drug Vibes a débuté au début de la pandémie Covid-19 (avril 2020) afin de connaitre les habitudes de consommation de produits psychotropes pendant la crise Covid.

    Sciensano mène aussi pour le compte de toutes les entités, un monitoring de l’indicateur de demande de traitement lié à une assuétude (l’indicateur TDI - Treatment Demand Indicator), visant à alimenter les données de l’Observatoire européen des Drogues et Toxicomanies (OEDT), dans le cadre du monitoring des drogues et des addictions aux drogues (EMCDDA).

    Cet outil d’étude à large couverture nationale collecte d’importantes informations sur les personnes qui commencent un traitement en lien avec leur consommation de drogue (par ex.: facteurs de risque de début de consommation ou de consommation excessive, profils sociodémographiques et habitudes de consommation). L’étude HBSC ( Health Behaviour in School-aged Children) menée au niveau des établissements d’enseignement dépendant de la Fédération Wallonie Bruxelles, bénéficie d’un financement régional comme centre d’expertise en promotion de la santé : elle offre un éclairage unique sur la consommation de drogues chez les jeunes.

    En ce qui concerne la consommation de cocaïne, une attention particulière y est portée afin de soutenir des actions sur les territoires les plus concernés : ainsi, une étude de l’OEDT (https://www.emcdda.europa.eu/publications/html/pods/waste-water-analysis_fr) et du réseau Sewage analysis CORe group – Europe (SCORE) montre que ce sont les villes avec des centres estudiantins qui sont les plus concernées par la consommation de cocaïne. L’AViQ rencontrera prochainement la Société wallonne des Eaux (SWDE) afin d’aborder notamment les synergies potentielles et la faisabilité, le coût et la plus-value d’identifier, à partir des centres de traitement des eaux usées, les lieux particulièrement impactés par la consommation de cocaïne.

    La Wallonie se caractérise, en effet, par un grand nombre de centres de traitement très dispersés sur le territoire, contrairement aux deux autres villes qui font partie de l’étude européenne.