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L'impact du nutri-score sur les produits du terroir

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 606 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 17/04/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Depuis quelques années, notamment grâce aux groupes Delhaize et Colruyt qui ont été les premiers à l'implémenter, le nutri-score fait partie de notre quotidien d'acheteur et de consommateur. Les opposants à ce mode d'évaluation des produits prennent souvent pour exemple le cas des AOP et des IGP. Ils sont souvent évalués négativement par le procédé. En découle une perte de la culture culinaire et du terroir.

    Ces opposants affirment que le nutri-score favorise uniquement des produits ultra-transformés. Ceux qui défendent le nutri-score rappellent qu'il ne dit pas qu'il faut bannir les produits étiquetés D ou E par exemple, mais qu'il attire juste l'attention sur le fait de les consommer avec modération. À ce jour, sept pays l'ont adopté : France, Belgique, Suisse, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne et Allemagne.

    Les Italiens défendent la NutrInform Battery soit le GDA (Guideline Daily Amont). Il ne correspond pas à des besoins nutritionnels, mais à des limites maximales par rapport à des nutriments que nous devions absolument limiter dans notre alimentation, telle que le sel, les graisses saturées ou les calories. Certes moins lisible au premier coup d'œil dans les rayons, il a le mérite de ne plus induire de facto la consommation des produits du terroir.

    Un système comme l'autre n'est qu'un outil indicatif et, là où le nutri-score instille la peur et frustre le consommateur, il ne doit pas oublier que l'hédonisme dans la nourriture est fondamental !

    Monsieur le Ministre a-t-il reçu des remarques des producteurs locaux régionaux qui se sentiraient visés négativement par l'usage abusif du nutri-score par les consommateurs ?

    A-t-il eu des échanges avec ses collègues des autres régions ou avec le fédéral concernant le nutri-score et une éventuelle évaluation de son implémentation dans le mode de consommation de la population ?

    En matière d'étiquetage, c'est le Fédéral qui a la main, mais la Région pourrait-elle investir autrement dans la promotion des produits wallons pour compenser leur perte d'attrait induite par le nutri-score ?

    J'utilisais le terme « hédonisme ». Ne pourrait-il pas être au cœur d'une nouvelle stratégie de l'APAQ-W pour renouer avec le plaisir de consommer local ?
  • Réponse du 15/05/2023
    • de BORSUS Willy
    La notoriété croissante du nutri-score est un phénomène a priori consumériste, mais qui, reconnaissons-le, n’échappe pas à une logique de différenciation commerciale. Sans vouloir minimiser la pertinence de la réponse qu’elle donne face aux attentes des consommateurs, cette identification n’est pas toujours suffisante, voire appropriée lorsqu’il s’agit d’évaluer la qualité d’un produit et son impact sur notre santé. Certains produits du terroir de qualité élevée sont même parfois désavantagés par rapport à des sodas se voyant gratifier de la présence des substituts qui y remplacent le sucre. Une révision de l’algorithme est prévue, au niveau européen, pour la fin de cette année.

    En d’autres termes, le logo du nutri-score est en apparence limpide, mais il n’est pas forcément toujours compris. Il donne une information d’ordre diététique, certes intéressante, mais qui ne doit pas être surinterprétée. Face à ce visuel, il y a un enjeu de communication et de pédagogie. Il y va de la juste information des consommateurs sur les produits qu’il achète. Lors d’une prochaine enquête dite « Omnibus », l’observatoire de la consommation alimentaire de l’APAQ-W évaluera la notoriété et la bonne compréhension de ce nutri-score, de manière à identifier les éventuelles interférences qu’il peut susciter avec les valeurs liées à la consommation de produits locaux. Afin de nuancer l’impact du nutri-score, je me permets par ailleurs de préciser que les motivations du consommateur sont composites. Une récente étude de l’APAQ-W montre que, outre l’impact du prix, le souci de trouver des produits locaux dans la distribution et le désir de découvertes gustatives continuent de prévaloir sur la réflexion relative à la santé, ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas susciter davantage cette réflexion en lien avec une alimentation équilibrée.

    Quoi qu’il en soit, l’étiquetage est du ressort du fédéral et créer un système d’identification parallèle, reposant sur des critères alternatifs ne ferait que brouiller la compréhension du consommateur.

    Il faut expliquer au consommateur ce qui lui permet d’apprécier un produit alimentaire à sa juste valeur. Les campagnes de l’APAQ-W, plus particulièrement le travail mené par l’Agence pour valoriser les produits locaux, vont en ce sens :
    - la charte #jecuisinelocal, durable et de saison ;
    - les événements B2C ;
    - les restaurants labellisés « table de terroir » ;
    - un travail de fond est mené dans les écoles grâce à l’opération « Goûts et couleurs d’ici » ;
    - une campagne cofinancée par la Commission européenne est actuellement en cours (2021-2023) pour donner de la visibilité aux produits identifiés en tant qu’appellation d’origine protégée ou d’indication géographique protégée ;
    - l’APAQ-W travaille avec des spécialistes de la nutrition pour communiquer sur la place des produits locaux dans une alimentation équilibrée et, sur la base de leur expertise, aident les consommateurs à démêler le vrai du faux en matière d’alimentation.

    Ces exemples – non exhaustifs - illustrent les efforts accomplis par l’Agence pour développer le plaisir de consommer local.