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La contribution de la Région wallonne au programme de financement climatique international pour l'année 2023

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 944 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 17/04/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Le Gouvernement wallon a approuvé sa contribution au programme de financement climatique international pour l'année 2023.

    Dans ce cadre, 14 millions d'euros seront dégagés pour apporter un soutien non seulement financier, mais aussi technique et technologique, aux pays en développement face aux dérèglements climatiques.

    Comment est-ce que cette enveloppe est-elle répartie ?

    Qui sont les acteurs concernés par cette enveloppe ?

    Qu'en est-il concrètement du soutien dit « technique » et « technologique » ?

    La Région wallonne entend-elle apporter son soutien à des pays concrets ? Lesquels sont visés par cette enveloppe directement ou indirectement ?

    Comment est-ce que cette contribution contribue-t-elle aux objectifs climatiques et au plan du burden sharing ?
  • Réponse du 11/05/2023 | Annexe [PDF]
    • de HENRY Philippe
    Le Gouvernement wallon a approuvé le programme, pour l’année 2023, de la contribution de la Wallonie au financement climat international. Ce programme pour l’année 2023 dégage un budget de 14 millions d’euros pour venir en aide aux pays en développement par rapport au dérèglement climatique. Ce programme s’inscrit dans un contexte plus large de partenariat climatique avec le Sud, visant à la fois l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, l’adaptation au dérèglement climatique ainsi que la prise en considération des pertes et préjudices, face aux effets néfastes et irrémédiables du dérèglement climatique.

    Ce programme 2023 de contribution de la Wallonie au financement climat international est réparti au travers de quatre volets principaux que sont : 1. les virements à des fonds multilatéraux (9,5 millions d’euros) ; 2. la collaboration avec ENABEL (2 millions d’euros) ; 3. le partenariat avec l’APEFE/WBI (0,5 million d’euros) et 4. Le volet pertes et préjudices (2 millions d’euros).

    La contribution aux fonds multilatéraux concerne cinq acteurs que sont le Fonds pour l’adaptation (5,3 M€), le Fonds pour les pays les moins avancés (2,7 M€), la Coalition pour le climat et l’air propre (0,1 M€), IRENA (1 M€) et le Fonds vert pour le climat (0,4 M€).

    Les acteurs porteurs de projets en matière d’atténuation et d’adaptation, apportant également leur savoir-faire autant qu’un transfert de techniques et technologies, sont l’APEFE ASBL qui est un partenaire du développement et Enabel, qui est l’agence de développement de l’entité fédérale.

    L’acteur pour le volet pertes et préjudices est le CVF & V20.

    Tous les acteurs associés aux différents programmes annuels de contribution de la Wallonie au financement climat international, mais également les acteurs porteurs des projets bilatéraux et multilatéraux de WBI ainsi que les acteurs porteurs de projets bilatéraux de l’AWAC assurent depuis 2010 pour l’AWAC, un soutien technique et technologique aux pays en développement, que ce soit via le transfert de techniques (bonnes pratiques et techniques de cuisson propre, mesures d’atténuation et d’adaptation au niveau de l’agriculture [techniques d’hydraulique douce tels que les fossés creusés pour limiter les risques d’inondation et de destruction des cultures par ruissellement, haies anti-érosion, compostage…), de l’agroforesterie, les techniques de fabrication de charbon de paille, mais aussi en matière de techniques architecturales telles que les techniques de construction en terre crue…) et de technologies (fourneaux améliorés tels que les foyers érythréens avec cheminée baptisés Wanrou, installations de panneaux solaires thermiques et de panneaux solaires photovoltaïques, batteries de stockage de l’électricité générée par des sources d’énergie renouvelable, latrines Ecosan pour la salubrité de l’eau dans un contexte de dérèglement climatique…).

    Dans le programme 2022, le projet mené en collaboration avec ENABEL visait tout particulièrement un transfert technologique au travers de l’équipement de quatre laboratoires d’analyse de pays riverains autour du lac Tanganyika, en panneaux solaires photovoltaïques avec stockage via des batteries de l’électricité produite.

    Au sein du programme 2023, on retrouve une composante transfert de technique et de technologie au travers du nouveau projet mis en œuvre sur le terrain par Enabel.

    En effet, le premier axe vise la mise en place de projets pilotes (il s'agira de projets pilotes de l'électrification rurale, montrant qu’une nouvelle approche de développement pérenne est possible) de développement de nouvelles approches en matière d’électrification rurale au Sénégal, en visant notamment à stimuler des modèles de gestion adaptés et à développer un modèle d'électrification réplicable (développement de projets de démonstration qui soient réplicables) permettant de répondre aux contraintes techniques, sociales, économiques et politiques d'un territoire (un intérêt sera aussi porté sur la réplicabilité de ces projets sur d’autres pays).

    De plus, la composante « énergie » propose de soutenir l’accès aux énergies renouvelables (notamment l’énergie solaire) pour des usages productifs (principalement) afin d’appuyer le développement économique et social local en proposant des solutions énergétiques adaptées aux besoins des acteurs locaux.

    L’adaptation au dérèglement climatique procède ici de l’accès décentralisé à l’énergie (par les énergies renouvelables, énergie solaire essentiellement), desservie par des systèmes hors réseau (mini-réseaux et systèmes autonomes) - Le Sénégal a engagé une politique ambitieuse en matière d’électrification rurale par les énergies renouvelables en se fixant l’objectif d’ici 2030 de porter à 26 % la part de la population rurale desservie par des systèmes hors réseau (mini-réseaux et systèmes autonomes) à base d’énergies renouvelables et à 96 % la proportion de charbon de bois produit par des technologies de carbonisation efficace. Le Sénégal est également en train de revoir son cadre légal et réglementaire du secteur de l’électricité et de développer ses ressources en gaz en vue de réduire le coût de l’électricité -, qui rend ainsi plus résilientes les communautés les plus vulnérable. Le second axe vise la gestion de fin de vie des équipements solaires (démantèlement, recyclage et gestion des déchets). Cela concerne donc principalement le recyclage des batteries, en lien avec la problématique santé, le secteur des énergies renouvelables et l’accès (universel) à l’énergie (ODD7) - L’accès à l’énergie ODD7 (l’accès universel à l’énergie) peut être vu en lien direct avec l’électrification et en lien très fort avec l’ODD13 (climat) -, avec l’innovation et la question de l’envoi de nombreux équipements vers les pays du Sud, avec des lacunes certaines en matière de recyclage et de collecte de ces batteries. Dans cette proposition, une attention particulière est consacrée au devenir des équipements en fin de vie.

    En ce qui concerne le projet développé en partenariat avec l’APEFE au Burkina Faso au niveau du programme 2023, il y a également transfert de savoir-faire, puisque le projet entend former les personnes à l’agroforesterie ainsi que des pépiniéristes.

    Par ailleurs, nous continuons de verser un million d’euros à IRENA, dont la production d’énergie renouvelable a connu une croissance record de 9,6 % à la fin de l’année 2022, pour atteindre une capacité mondiale de production d’énergie renouvelable a atteint 3 372 GW en 2022.

    En ce qui concerne les pays concernés, pour le projet du portefeuille Sahel développé par Enabel, le focus est mis sur le Sénégal.

    Quant au projet de l’APEFE qui débute en ce moment sur le terrain, il se concentre sur le Burkina Faso.

    Dans le cadre des projets bilatéraux de l’AWAC, les plus récents projets financés (projets d’extension) concernaient le Burkina Faso, le Burundi, la République démocratique du Congo et le Sénégal.

    Dans l’absolu, les différents axes de la programmation 2023 en matière de contribution de la Wallonie au financement climat international financent tout une série de projets de terrain qui permettent des progrès dans les trois dimensions primordiales des objectifs climatiques que sont l’atténuation, l’adaptation et les pertes et préjudices.

    De manière plus spécifique aux objectifs climatiques en matière d’engagements de financement climatique pris à l’égard des pays en développement par les pays développés, cette contribution annuelle de la Wallonie procède des progrès réalisés par rapport à cet engagement.

    Quel est cet engagement ? À la COP15 en 2009, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser de manière conjointe 100 milliards USD chaque année d’ici à 2020, pour venir en aide aux pays en développement dans leurs efforts d’atténuation de l’impact du dérèglement climatique et d’adaptation à ses conséquences. A la COP21 à Paris en décembre 2015, les pays développés ont réitéré leur adhésion à cet engagement, qui a été prolongé jusqu’en 2025.

    Selon les conclusions du rapport OCDE de l’année dernière, ce sont 83,3 milliards USD qui ont été fournis et mobilisés en 2020. Si des progrès ont été accomplis par rapport à 2019, l’objectif mondial n’a pas encore été atteint, le rapport OCDE indiquant que, sur la base de leurs prévisions, il le serait probablement en 2023.

    Il est donc clair que dans ce cadre et par rapport à cet engagement, le programme 2023 de contribution au financement climat international participe et contribue, à hauteur de sa mesure, aux progrès accomplis par rapport à cet objectif.

    Ce programme 2023 va également dans le sens des objectifs de financement des pertes et préjudices via le don au Loss and Damage Funding Program du V20 & CVF JMDF ainsi que l’objectif de doubler d’ici 2025 le financement de l’adaptation, notamment via la contribution au Fonds pour l’adaptation.

    De plus, le virement à IRENA entend quant à lui contribuer à tendre vers les objectifs de l’accord de Paris en matière d’investissement en énergie renouvelable puisque, malgré un nouveau record en 2022, les investissements mondiaux en énergie renouvelable ne sont pas en voie d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

    Le montant de 14 000 000,00 d’euros, dégagé au travers de ce programme 2023, constitue la majeure partie de l’engagement en matière de contribution minimale au financement climat international - qui est de 14 500 000,00 euros pour l’année 2023 - auquel la Wallonie s’est engagée, dans le cadre d’un budget glissant arrêté dans le contexte de l’accord de coopération qui fixe les efforts à atteindre, par les 4 entités régionales et fédérale, en matière de répartition de la charge (Burden Sharing) et, de manière plus spécifique, pour la période 2021-2024, l’engagement des trois entités régionales et de l’entité fédérale en matière de contribution à atteindre - au minimum - en matière de financement climat international (voir tableau ci-joint).