Les métiers en pénurie et les perspectives pour une meilleure insertion des femmes et des populations LGBTQIA+ en Région wallonne
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 391 (2022-2023) 1
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Question écrite du 17/04/2023
- de CRUCKE Jean-Luc
- à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
Cela vaut évidemment ce qui concerne la population LGBTQIA+ ! C'est un nouveau paradigme pour tout domaine professionnel et la réflexion se doit d'être lancée et se concrétiser !
La valeur de travail ne peut être bénéfique que si elle permet à tout individu de s'épanouir dans un milieu professionnel empathique et respectueux, au-delà de nos différences !
C'est le cas notamment du secteur des chauffeurs de camion où la situation semble évoluer pour le mieux. Tâchons d'en faire un suivi concret qui pourrait être bénéfique pour tout autre secteur !
La TEC a récemment lancé, avec le FOREm, une campagne pour recruter près de 500 chauffeurs de bus. Quatre des cinq « Jobdays » organisés dans les différentes provinces ont déjà eu lieu. Selon la presse, il apparait que les femmes n'ont guère été rebutées par une fonction qui, jadis, aurait été réservée aux hommes. C'est une observation qui fait plaisir à lire !
Quelles sont les considérations et analyses de Madame la Ministre concernant les obstacles et défis auxquelles nous devons nous atteler concernant une meilleure insertion des femmes et des populations LGBTQIA+ pour les métiers en pénurie en Région wallonne ?
Pourrait-elle nous en dire plus concernant les politiques publiques à cet égard, en particulier le secteur des chauffeurs de camion ? Quelle est la prochaine étape ?
Quelles sont les politiques publiques préventives pour faire face au changement de paradigme dans les différents secteurs en pénurie, soi-disant réputés masculins ?
Quid des autres métiers mis à part celui de chauffeurs de camion ?
Qu'en est-il des évolutions dans le secteur de la construction ?
Qu'en est-il des difficultés des personnes LGBTQIA+ en Région wallonne ?
Avons-nous une quelconque étude à ce sujet ? Quid de statistiques et autres chiffres ?
Réponse du 06/06/2023
- de MORREALE Christie
L’analyse de la répartition hommes/femmes dans les études supérieures met en évidence que les femmes sont moins représentées dans les filières dites masculines qui offrent plus de débouchés et d’opportunités et, finalement, de meilleurs salaires. C’est notamment le cas du secteur numérique/informatique, ainsi que des filières dites STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques).
C’est la raison pour laquelle une des mesures du Plan genre wallon 2020-2024 porte sur le renforcement de la mixité des représentations dans tous les secteurs professionnels via la formation en alternance. Il s’agira de veiller à ce que l’IFAPME mène des actions de sensibilisation et des formations visant à lever les freins à une plus grande mixité dans les inscriptions de son offre de formation.
L’IFAPME a lancé diverses actions, dont entre autres une collaboration avec Embuild et RTL-TVI pour le tournage de l’émission WALDORADO intitulée « Les métiers genrés, c’est dépassé ! » ; un séminaire - webinaire sur la place des femmes dans le digital ; une formation intitulée « Promouvoir l’égalité des genres » pour le personnel du Réseau IFAPME, dans le cadre de la journée pédagogique du 8 mars ; … Dans le cadre du projet 13 du PRW, les départements Emploi Formation et Recherche du SPW Économie, Emploi, Recherche (SPW EER) travaillent à la mise en place du plan coordonné de promotion des métiers/filières/compétences porteurs d’emploi et à la sensibilisation aux STEAM.
La dimension de genre constitue une dimension transversale forte du projet afin de lutter contre les stéréotypes de genre dans l’orientation scolaire et professionnelle. Un appel à projets sur la promotion des métiers porteurs d’emploi et un appel à manifestation d’intérêts sur la mise en place de parcours de sensibilisation aux STEM ont été lancés en juillet 2022. Pour une mise à jour quant à l’avancement de cette mesure, je l’invite à interroger mon collègue, le Ministre Borsus.
Concernant le recrutement des conducteurs des transports en commun (qui est également, je le rappelle, une mesure du Plan genre), le fait que les femmes n'ont guère été rebutées par une fonction qui, jadis, aurait été réservée aux hommes est effectivement une excellente nouvelle. Mais ce n’est que le début.
La dimension de genre du métier est également intégrée dans les échanges avec les conseiller·ère·s ou encore lors des séances d’information sur le métier. L’OTW a élaboré un programme d’installation de sanitaires aux terminus. Les difficultés rencontrées dans l’obtention des permis (espaces restreints, acceptabilité des riverains et des communes) contraignent à des sanitaires mixtes pour réduire l’espace. Afin de répondre plus agilement à cette problématique, l’OTW a lancé au printemps 2022 un accord-cadre, estimé à 4,3 millions d’euros et d’une durée maximale de huit ans reconductions comprises, pour la fourniture, la pose et le raccordement de sanitaires à destination du personnel de conduite.
Si la configuration des lieux le nécessite, ces sanitaires peuvent être autonomes et fonctionner en zone non raccordable à l’eau et à l’électricité et en zone non-égoutable. En matière de formations également, depuis 2019, les nouveaux conducteurs et nouvelles conductrices suivent un module « harcèlement » dans leur formation initiale. Pour le personnel en place, un tel module est prévu dans la formation continue. Un recyclage est prévu tous les 5 ans.
Comme il le sait également, le Gouvernement wallon adoptait le 15 septembre 2022, à la suite des inondations, une stratégie d’intégration des femmes dans le secteur de la construction. Le Plan de relance de la Wallonie contient quant à lui une mesure (n°315) qui entend proposer des solutions relatives à la pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur, en ce compris le financement d’actions genre en vue d’y intégrer les femmes.
La stratégie d’intégration des femmes dans le secteur de la construction a été élaborée en concertation avec les partenaires du secteur (Constructiv’, Embuild, CSC, Building on people, FGTB). La note au Gouvernement wallon du 15 septembre 2021 prévoyait à la fois d’agir sur l’image des métiers, d’assurer un accompagnement adapté des femmes dans l’orientation professionnelle et la formation ainsi que des entreprises.
En mars dernier, le Gouvernement wallon a approuvé le soutien financier à Constructiv’, à hauteur de 70.050 € annuel, pour recruter un·e coach sectoriel·le au sein de Constructiv’, qui travaillera en étroite relation avec les acteurs de l’orientation et de la formation, ainsi qu’avec les entreprises. Le·a coach soutiendra également les femmes dans les difficultés qu’elles peuvent rencontrer dans leur parcours de formation ou encore dans la recherche d’un stage. Ce financement est prévu pour une durée de 2 ans.
Enfin, concernant plus spécifiquement les populations LGBTQIA+, j’ai pris la décision l’année dernière, comme annoncé dans le Plan wallon d’inclusion des personnes LGBTQIA+, de renforcer encore le soutien structurel au secteur.
En effet, afin de valoriser et visibiliser au mieux l’expertise des Maisons Arc-en-ciel et de la Fédération prisme, et d’assurer la mise en place de leurs projets, les budgets alloués à leur financement sont plus que doublés depuis 2022. Le décret modificatif y relatif a été adopté dernièrement, son AGW ne tardera pas à l’être.
Les Maisons Arc-en-Ciel agréées par la Région wallonne en vertu du décret du 11 avril 2014 ont notamment pour missions d’accompagner les personnes LGBTQIA+ et d’informer sur les thématiques y relatives toutes les personnes intéressées. Leur expertise et leurs actions de terrain participent concrètement à l’avènement d’une société libre et respectueuse de l’orientation sexuelle, de l’identité et de l’expression de genre de chacun·e, et donc à la lutte contre les discriminations à leur égard, tant sur le marché de l’emploi que dans tous les domaines de la vie. Les 7 Maisons Arc-en-Ciel sont donc essentielles pour l’inclusion des personnes LGBTQIA+.
Ce Plan prévoit également qu’un marché public soit lancé afin de mener une étude scientifique relative au risque de précarité encouru par les personnes LGBTQIA+, qui devra concerner les compétences régionales telles que l’accès au logement, aux soins de santé, et bien sûr à l’emploi. Cette étude devrait permettre de dégager des pistes d’action concrètes afin de renforcer l’inclusion de ce public également dans les métiers en pénuries.