La pétition européenne "Sauvons les abeilles et les agriculteurs!"
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 507 (2022-2023) 1
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Question écrite du 17/04/2023
- de CRUCKE Jean-Luc
- à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
« La menace qui pèse sur l'existence des pollinisateurs constitue une menace pour la sécurité alimentaire et la vie sur la planète », souligne d'ailleurs la Commission en s'adressant aux eurodéputés et aux États membres. Ce n'est pas parce que l'on n'a pas encore légiféré à l'échelon européen que nous devons attendre d'entériner une potentielle directive pour mettre en place des actions !
Madame la Ministre avait-elle connaissance de cette pétition ?
Quel est son sentiment à cet égard ?
La pétition évoque 3 axes. Peut-elle nous dire où se situe la Wallonie pour chacun d'entre eux ?
Où en est l'avancement de sa politique concernant les insectes pollinisateurs dont elle m'a déjà fait part dans des échanges précédents ?
Travaille-t-elle conjointement avec son collègue Borsus pour les actions touchant à la sphère agricole ? Sous quelle forme ? Avec quels résultats ?
Réponse du 03/07/2023
- de TELLIER Céline
La Wallonie a déjà pris un certain nombre de mesures qui permettent de travailler sur les trois axes mentionnés de la pétition, qui sont les suivants : suppression progressive des pesticides d’ici 2035, restauration de la biodiversité dans les paysages agricoles, soutien aux agriculteurs dans leur transition vers une agriculture durable. Certains plans sont déjà dans la phase de mise en œuvre, tandis que d’autres sont encore en cours de validation.
Premièrement, parmi les plans actuellement en cours, citons l’opération Yes We Plant, le Plan de relance, le Plan wallon de réduction des pesticides ou encore le Plan stratégique de la Politique agricole commune.
L’opération Yes We Plant a permis de concrétiser la plantation de 1 million d’arbres ainsi que l’engagement de plantation de plus de 2 400 km de haies. Il s’agit d’une mesure phare qui permet de renforcer le service écosystémique de pollinisation dans les milieux agricoles entre autres. Le vade-mecum de plantation impose, en partie, le choix d’espèces entomophiles, ces dernières servant de ressources alimentaires pour les pollinisateurs. Dans le contexte actuel de dérèglements climatiques, la plantation d’espèces ligneuses moins vulnérables que les espèces herbacées assure une production abondante de ressources florales, malgré les évènements extrêmes que nous avons pu connaitre ces dernières années. Les milieux agricoles sont aujourd’hui bien trop pauvres en diversité florale pour assurer des ressources alimentaires en quantité et en qualité suffisante pour nos insectes pollinisateurs.
Le Plan de relance de la Wallonie contient également un certain nombre de projets qui peuvent répondre aux axes de la pétition, comme par exemple le projet 206 Accompagner et soutenir les acteurs concernés par la transition environnementale et climatique en consolidant l’outil DECIDE (outil d’aide à la décision pour les agriculteurs), le projet 207 Analyser la mise en place d’un système de rémunération des externalités positives des exploitations (soutien direct à la transition agroécologique), le projet 208 Sensibiliser les exploitants et acteurs locaux à l’agroécologie et développer des outils digitaux de soutien à la transition et le projet 209 Mettre en place les recherches-actions en situation de terrain auprès de groupements d’agriculteurs et formation de conseillers. Ces différents projets, portés avec mon collègue Willy Borsus, auront des répercussions positives sur la biodiversité au niveau des milieux agricoles et contribueront directement aux axes 1 et 3 de la pétition. En outre, des projets portés directement par mon Cabinet, comme les projets 97 et 111 Renforcer le réseau d’aires protégées en Wallonie et le projet 112 Restaurer les milieux et habitats dégradés afin de rétablir une grande qualité biologique, visent spécifiquement le réseau d’aires protégées et donc en partie les milieux agricoles. L’acquisition et la restauration de milieux ouverts dans le contexte des aires protégées donne la possibilité de mettre à disposition des agriculteurs des terrains entretenus par fauche ou pâturage, suivant un cahier des charges visant à préserver la biodiversité. Dans certains cas, il s’agit même d’une mise à disposition de parcelles agricoles afin d’y développer une agriculture biologique et des projets de restauration de flore messicole (comme c’est le cas pour la RND des Plaines d’Ychippe).
Le Plan wallon de réduction des pesticides 2023-2027 propose, lui aussi, des mesures qui répondent aux différents axes de la pétition européenne. Pour les axes 1 et 2 de la pétition, l’objectif opérationnel 1.3 du PWRP vise à mettre en évidence des itinéraires techniques privilégiant à la fois une diminution des produits phytosanitaires et un accroissement de la biodiversité fonctionnelle. L’ULG et l’ULB sont impliquées dans le suivi de ces projets, ainsi que d’autres partenaires comme Natagriwal, le CRA-W, Greenotec, Fourrages Mieux et Regenacterre ASBL. Pour l’axe 3, l’objectif opérationnel 3.1 du PWRP vise à développer et à renforcer le recours à la lutte intégrée contre les ennemis des cultures et autres végétaux. L’objectif opérationnel 3.2 vise à développer et renforcer les méthodes ou techniques de substitution aux PPP de synthèse. Ces projets sont portés par CORDER, Natagriwal, le CRA-W et l’OPW.
Le plan stratégique de la PAC comporte aussi un certain nombre de mesures qui vont permettre d’alimenter les 3 axes mentionnés par la pétition. Au niveau des paysages agricoles, les mesures agroenvironnementales et climatiques contribuent à améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les paysages agricoles.
Concernant la Stratégie Biodiversité 360° qui vient d’être adoptée en deuxième lecture par le Gouvernement, elle s’articule avec les mesures déjà en cours du PWPR, en insistant sur le développement d’une agriculture agroécologique, respectueuse de la biodiversité en milieux agricoles. Des mesures spécifiques d’accompagnement et de valorisation des pratiques agricoles sont aussi prévues et rejoignent les projets actuellement en cours dans le Plan de relance. Cette stratégie vise également, et plus largement, la restauration des milieux afin de répondre aux objectifs de la Stratégie Européenne Biodiversité 2030 et de la COP 15.
Enfin, concernant le Plan d’action « pollinisateurs », les échanges sont en cours entre mon administration et mon Cabinet sur un projet de texte.