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La semaine dédiée à encourager les demandeurs d'emploi à postuler de l'autre côté de la frontière linguistique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 400 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 24/04/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Main dans la main, en ce mois d'avril, le FOREm et le VDAB organisent une semaine dédiée à encourager les demandeurs d'emploi à postuler de l'autre côté de la frontière linguistique : la werkweek. L'objectif est clairement de stimuler la mobilité interrégionale des travailleurs, essentiellement du Sud vers le Nord. Selon les derniers chiffres du SPF Économie datant de 2022, 45 000 Wallons travaillent en Flandre, soit 2 000 de plus qu'en 2019.

    Dans certains bassins de vie, on a compris depuis longtemps les enjeux. En Wallonie picarde par exemple, jouxtant des communes flamandes où c'est le plein emploi, les opportunités sont nombreuses. C'est encore plus vrai pour des professions manuelles. Malheureusement, ces opportunités sont encore mal connues malgré les efforts déjà déployés et je pense qu'une initiative comme la werkweek peut y remédier, au moins partiellement.

    Il est parfois plus facile de traverser la frontière linguistique pour travailler à quelques kilomètres de son domicile que de faire la navette quotidiennement jusqu'à Bruxelles ou ailleurs. Et je ne parle même pas de ceux qui refuseraient des postes trop éloignés pour diverses raisons que je ne peux me permettre de juger.

    Comment s'opèrent les collaborations entre le FOREm et le VDAB ?

    Quel bilan peut-on tirer des actions mises en place par le FOREm depuis plusieurs années ?

    Observe-t-on des disparités locales ?

    Après la werkweek, d'autres opérations, d'un nouveau genre peut-être, verront-elles le jour ?

    Voit-on une évolution dans la manière dont les demandeurs d'emploi perçoivent la possibilité de travailler en Flandre ?

    Est-ce similaire dans toutes les tranches d'âge ?

    La barrière de la langue est-elle réelle ?

    Dispose-t-on de projections pour les années à venir sur les flux interrégionaux de travailleurs ?

    Sont-ils indispensables pour atteindre un taux d'emploi de 80 % à l'horizon 2030 ?
  • Réponse du 01/06/2023
    • de MORREALE Christie
    Il convient avant tout de rappeler qu’un cadre de collaboration en termes de mobilité interrégionale existe entre le VDAB et le FOREm depuis 2008.

    Cette collaboration concerne essentiellement la gestion des offres d’emploi émanant des entreprises flamandes. Ce travail collaboratif se nourrit de part et d’autre d’efforts conséquents de sensibilisation, d’une part des entreprises flamandes à l’accueil des demandeurs d’emploi wallons, et d’autre part, des demandeurs d’emploi wallons aux nombreuses opportunités d’emploi offertes au sein d’entreprises flamandes.

    Parmi les freins à la mobilité vers la Flandre, citons une connaissance limitée du néerlandais (73 % des demandeurs d’emploi wallons inscrits au FOREm n’ont aucune connaissance ou une connaissance élémentaire), ainsi que le travail en pauses ou l’exigence d’un permis et d’un véhicule (de nombreuses entreprises sont mal desservies par les transports en commun et peu d’entre elles offrent leurs propres solutions de mobilité).

    La mobilité interrégionale fait partie intégrante des prestations proposées aux demandeurs d’emploi de la part du FOREm. Des conseillers bilingues informent les personnes sur les possibilités d’emploi en Flandre et les soutiennent dans leurs démarches de recherche d’emploi (rédaction d’un CV, d’une lettre de motivation, préparation de l’entretien d’embauche, inscription sur le site du VDAB – ce qui permet un matching automatique avec leurs offres d’emploi). Outre la « Werkweek », le FOREm organise également des webinaires visant à informer et sensibiliser les personnes sur les opportunités offertes par le marché de l’emploi flamand.

    De plus, le nouveau Plan Langues du FOREm (2022-2024) vise particulièrement l’apprentissage des langues nationales et les formations linguistiques appliquées aux métiers.

    Les moyens financiers et les ressources humaines dégagés dans ce cadre visent à augmenter le nombre d’immersions linguistiques, notamment en Flandre et en communauté germanophone, à destination des demandeurs d’emploi. Le nouveau Plan Langues de la Wallonie sensibilise aussi les étudiants, élèves et apprentis à l’importance des langues. Ceux-ci peuvent dorénavant bénéficier d’une bourse pour des cours de langue et des stages en entreprise en Flandre ou Communauté germanophone pendant leurs études ou apprentissage. Une campagne de communication sera lancée dans les mois à venir avec des actions ciblées ventilées sur 2 années.

    La Werkweek d’avril 2023 a mobilisé près de 500 personnes.

    En octobre, une nouvelle Werkweek sera organisée avec une participation du VDAB dans laquelle nous organiserons plus d’actions concrètes de recrutement avec des entreprises flamandes.

    Le FOREm va également renforcer sa communication à la fois vers les demandeurs d’emploi wallons comme vers les entreprises flamandes notamment via des success-stories.

    Les demandeurs d’emploi wallons peuvent également suivre des formations au VDAB moyennant un accord préalable du FOREm.

    Par rapport à la nature des offres d’emploi en Flandre, on peut noter que de nombreuses offres d’emploi vacantes concernent des profils alliant compétences techniques spécifiques et compétences linguistiques.

    Soulignons que nos entreprises wallonnes ont elles-mêmes des difficultés à recruter ce même type de profils.

    La priorité de travail entre les services de recrutement du FOREm et du VDAB vise donc à promouvoir les emplois vacants en Flandre qui correspondent à des profils pour lesquels nous disposons en Région wallonne d’un important volume de main-d’œuvre disponible.

    Il existe, par ailleurs, une disparité au niveau du recrutement interrégional en fonction du marché de l’emploi local.

    En Flandre occidentale, étant donné la pénurie très importante de main-d’œuvre, les exigences de la part des employeurs relatives à la connaissance du néerlandais ont diminué et ils recrutent plus spontanément au-delà de la frontière linguistique.

    Dans le Brabant flamand, le niveau de néerlandais demandé reste assez élevé. On dénombre plus d’offres d’emploi dans les secteurs tels que les ‘Services aux entreprises’ et le ‘Commerce de gros et de détail’. Le niveau de néerlandais demandé pour ces offres est bien souvent d’un niveau élevé à très élevé. Idem pour les postes à l’aéroport de Zaventem où les personnes doivent bien souvent être trilingues.

    Au Limbourg, à l’exception des offres dans la cueillette des fruits, les autres métiers exigent également une bonne connaissance du néerlandais.

    Le constat accru des pénuries en cette période de reprise économique est partagé entre les différentes régions du pays et nous sommes bien souvent sur les mêmes métiers recherchés. Rien ne garantit donc que la réserve de main-d’œuvre wallonne disponible et mobilisable puisse répondre aux besoins exprimés en Flandre, nonobstant l’élargissement du bonus emploi.

    Depuis 2018, et jusqu’à fin septembre 2022, le FOREm a géré 17 930 postes de travail. 124 645 demandeurs d’emploi ont reçu au moins 1 offre d’emploi Mobilité. Plus de 7 500 personnes ont bénéficié d’un soutien spécifique pour la préparation de leur candidature en vue de postuler en Flandre.

    En 2022, plus de 45 000 Wallons travaillaient en Flandre et 146 000 travaillent à Bruxelles.