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Les mesures d'urgence en vue de la sauvegarde des abeilles en Flandre

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 518 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 24/04/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'Institut flamand pour les abeilles (VBI) vient de publier les résultats de l'enquête qu'il mène chaque année auprès des apiculteurs et les résultats sont alarmants ! Trois quarts de la population d'abeilles n'a pas survécu à l'hiver dans plusieurs parties de la Flandre. Certains apiculteurs ont même perdu toutes leurs abeilles !

    Les chiffres pourraient même être sous-estimés parce que « certains apiculteurs sont réticents à signaler leurs pertes, car cela leur donne l'impression de mal s'occuper de leurs abeilles » déclare René De Backer, le Président du VBI, qui précise aussi que les différences entre les régions sont « étranges et inexplicables ». »

    Des analyses plus larges sont nécessaires pour déterminer les causes qui menacent les abeilles dont la mortalité massive n'est pas entièrement expliquée. Ainsi, le VBI appelle les autorités régionales flamandes à prendre des mesures d'urgence.

    Madame la Ministre a-t-elle connaissance de statistiques aussi alarmantes chez nous ?

    Observe-t-on aussi de fortes disparités entre différentes régions de Wallonie ?

    Où en est l'avancement de sa politique concernant les insectes pollinisateurs dont elle m'a déjà fait part dans des échanges précédents ?

    N'y aurait-il pas lieu de coordonner les efforts avec la Flandre, voire Bruxelles, en termes de recherche des causes de mortalité et en termes de solutions à apporter pour la contrer ?
  • Réponse du 03/07/2023
    • de TELLIER Céline
    Les abeilles sont extrêmement précieuses pour notre biodiversité. Ces insectes jouent un rôle primordial pour notre alimentation, et méritent à ce titre une grande vigilance.

    Tout d’abord, il est important de souligner que les mesures concernant les abeilles domestiques et des milieux agricoles relèvent de la compétence de mon collègue Willy Borsus, alors que mes attributions concernent les pollinisateurs sauvages et les milieux naturels. Ainsi, le recensement de la mortalité des abeilles est de la compétence de mon collègue en charge de l’apiculture. Les résultats que l’honorable membre mentionne, qui proviennent d’une enquête réalisée à l’échelle européenne à la sortie de l’hiver, méritent d’être nuancés.

    Les résultats préliminaires de l’enquête sur les mortalités de l’hiver 2022-23 montrent que, si des mortalités élevées sont parfois observées, elles ne le sont que très localement. Sur base de ces données provisoires, la mortalité observée globalement à l’échelle de la Belgique avoisine les 17 % : 14 % en Wallonie et 22.7 % en Flandre. Je précise d’ailleurs que les pertes de 75 % observées dans certaines communes flamandes relèvent d’événements très localisés.

    La mortalité la plus élevée se situe à Bruxelles (31.3 %), alors que la mortalité la plus faible est observée dans la Province de Luxembourg (9.2 %).

    La Wallonie tire son épingle du jeu : 3 des 5 provinces wallonnes se situent bien en dessous de la moyenne nationale (de 9.2 à 13.3 %). Les mortalités observées dans les provinces flamandes (18 à 29.5 %) sont toutes supérieures à la moyenne nationale.

    L’argument de l’appauvrissement des ressources à la disposition des abeilles avancé par le VIB apparait cohérent pour expliquer la différence entre la Flandre et la Wallonie et entre certaines provinces wallonnes. En effet, certains types d’affectations agricoles plus présentes au sud du sillon sambro-mosan sont davantage accueillantes pour les insectes pollinisateurs. Dans le cadre d’un appel à projets que j’ai initié portant sur la recherche en matière de biodiversité, un des projets sélectionnés porte sur le lien entre l’abondance des ressources florales et l’abondance des abeilles sauvages. Ce projet devrait permettre de compléter les connaissances en la matière.

    La Wallonie dégage en outre des moyens importants pour sauvegarder ses pollinisateurs, en agissant sur les trois facteurs les plus importants intervenant dans les dépérissements des abeilles.

    Premièrement, différents projets sont soutenus pour lutter contre l’acarien parasite Varroa destructor. La Région cofinance, avec l’Union européenne, le projet de l’ASBL Arista BEE Research Belgium pour sélectionner des abeilles résistantes. Le CARI et le CRA-W œuvrent aussi à aider les apiculteurs à lutter contre ce parasite.

    Deuxièmement, il est nécessaire d’endiguer la diminution des ressources à la disposition des insectes. La restauration d’un environnement propice aux pollinisateurs fait l’objet de nombreuses actions que la Wallonie soutient spécifiquement, dont notamment le programme de plantations de haies « Yes We Plant », la création de nouvelles réserves naturelles, les mesures agri-environnementales, le fauchage tardif des bords de routes…

    Troisièmement, la Wallonie est active dans la limitation de l’utilisation de pesticides, notamment dans les lieux publics, dans lesquels l’application de ces produits est interdite depuis 2019. La Région a adopté son troisième programme de réduction (le PWRP) en octobre dernier, faisant la somme des actions mises en place par notre Région en la matière. Le projet QualiWax mené par l’Université de Liège vise à étudier l’exposition des abeilles aux contaminants principalement d’origine agricole. Le CRA-W étudie aussi l’influence de la remontée de pesticides présents dans le sol sur la santé des abeilles. Un plan d’action en faveur des insectes pollinisateurs, inspiré du plan national d’action, est également en cours de discussion avec mon administration afin de cibler, parmi les actions proposées par le secteur scientifique, celles qui seront mises en œuvre de façon prioritaire. Ce plan d’actions ciblera les pollinisateurs sauvages et proposera des actions portant sur les différents milieux qu’ils fréquentent.

    En conclusion, la Wallonie agit activement pour préserver les abeilles, et suit avec attention l’évolution de cette population d’insectes si précieux à la biodiversité.