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Le Plan de lutte catalan contre la "pression esthétique"

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 413 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 28/04/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    « La pression esthétique réduit la valeur sociale de la femme à sa beauté et exige que nous satisfassions à des canons irréalistes et stéréotypés de minceur et de jeunesse éternelle », déclare la conseillère à l'Égalité et aux Féminismes, soit l'alter ego de Madame la Ministre du Gouvernement catalan.

    Elle défend actuellement un Plan de lutte contre la « pression esthétique » qui se décline en 60 mesures pour lutter contre les stéréotypes de beauté inégalables qui sont source de souffrance et de discrimination pour de nombreuses femmes. Ces mauvaises expériences peuvent conduire à une fragilité psychosociale avec toutes les conséquences que l'on peut aisément imaginer.

    Une enveloppe de 12,5 millions d'euros pour la période 2023-2027 a été débloquée là-bas par le Gouvernement régional. « C'est une initiative pionnière, cela ne concerne que la Catalogne, mais il faut bien commencer par quelque part. Nous espérons être suivis par d'autres », se plait à rêver Tania Verge.

    Quel regard porte Madame la Ministre sur l'initiative catalane ?

    Que fait la Wallonie pour aider les femmes à s'accepter telles qu'elles sont ?

    Que fait la Wallonie pour lutter contre les discriminations liées à la « pression esthétique » dont souffrent certaines femmes ?

    La Wallonie pourrait-elle suivre l'exemple catalan et développer un plan similaire ?
  • Réponse du 15/06/2023
    • de MORREALE Christie
    Je remercie l’honorable membre d’attirer mon attention sur le Plan de lutte contre la « pression esthétique » catalan. Il est vrai que la pression imposée aux femmes et aux filles en matière de canons de beauté et de stéréotypes physiques peut avoir de lourds impacts sur la santé mentale et physique et être source de mal-être, notamment chez les jeunes.

    Je salue l’initiative prise par mon homologue catalane et les moyens dédiés à cette lutte. Les mesures de ce plan se concentrent en grande partie sur les moyens de communication audiovisuels considérés comme l’un des vecteurs clés de ces normes. Il prévoit un accord avec les médias, annonceurs et autres acteurs de l’industrie publicitaire pour instaurer des critères pour une “publicité égalitaire”, qui représente la diversité des corps telle qu’elle existe dans la vie réelle.

    Bien que ces matières soient hors de mes compétences, il est important de rappeler qu’en conséquence de telles normes en matière de beauté, de nombreuses discriminations sont susceptibles d’être subies par toutes celles qui ne répondent pas à ces impositions.

    Ainsi, depuis le début de cette législature, la Wallonie a renforcé les moyens dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité de genre, notamment à travers les mesures de deux plans (Plan intrafrancophone de lutte contre les violences faites aux femmes et Plan genre). La question de la pression esthétique n’y est pas explicitement abordée, toutefois différentes mesures contribuent à améliorer le bien-être des femmes et des filles et à réduire les différentes pressions qu’elles subissent au quotidien.

    C’est notamment le cas du nouveau protocole d’accord, signé et adopté en seconde lecture le 17 mars dernier, entre la Wallonie, la région Bruxelles-Capitale et la Fédération Wallonie-Bruxelles concernant le renforcement de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dans le milieu scolaire. Cet accord rend obligatoires des animations d’EVRAS à l’école, en 6e année primaire et en 4e année secondaire.

    Il vise notamment à promouvoir des comportements respectueux de l’égalité entre les genres et de l’intégrité de chacun·e. Il vise aussi à développer des aptitudes relationnelles fondées sur l’écoute, le respect, le dialogue et l’acceptation des différences chez les jeunes. Ces animations sont l’occasion de visibiliser une diversité de caractéristiques physiques. Elles constituent donc un outil fondamental en matière de lutte contre les discriminations et devraient participer à réduire les injonctions et la pression qui pèsent sur les filles notamment.

    J’ai à ce sujet soutenu la Fédération des centres de planning SOFELIA en juillet 2021 pour la publication d’un outil d’animation EVRAS ayant pour objectif de permettre aux participant·e·s d’exprimer leur point de vue, d’ouvrir le débat, de faire réfléchir, d’échanger à propos de l’hypersexualisation et des normes de beauté sur les réseaux sociaux et leur impact sur la santé mentale des femmes. Vous pouvez le consulter sur le lien suivant : Je poste donc je suis ?! - Les corps sur les réseaux sociaux : miroir des injonctions aux normes de beauté (2021) - Sofelia

    De plus, en cas de discrimination liée à cette pression esthétique, et imposée aux femmes en raison de leur sexe et/ou de leur genre, le décret anti-discrimination du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination trouverait à s’appliquer. Ce décret interdit les discriminations dans tous les domaines de compétences de la Wallonie.