/

La crainte des fruiticulteurs face à l'apparition de la punaise marbrée

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 661 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 15/05/2023
    • de SCHYNS Marie-Martine
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La punaise diabolique ou punaise marbrée a été observée pour la première fois sur le territoire européen dans le courant des années 2000 et sa présence est avérée en Belgique depuis 2017.

    Cette espèce, d'origine asiatique, suscite de nombreuses craintes auprès des fruiticulteurs en raison de l'absence de produits permettant de la combattre et des importants dégâts qu'elle a déjà provoqués dans d'autres pays. Ainsi en Italie, elle est devenue un ravageur de cultures majeur en à peine quatre ans et a occasionné 350 millions d'euros de dégâts en 2018.

    À l’initiative de Monsieur le Ministre ou avec son accord, des moyens particuliers sont-ils prévus pour soutenir des actions en vue de lutter contre la punaise marbrée ?

    A-t-il chargé le CRA-W de mener des recherches en vue de développer des techniques de lutte contre cette espèce ?

    Une collaboration est-elle mise en œuvre au niveau européen ? Des contacts sont-ils pris, notamment avec les producteurs italiens, afin de diffuser les méthodes de lutte développées dans les pays touchés ?

    Monsieur le Ministre peut-il faire le point sur l'état de la présence de la punaise marbrée en Wallonie ?

    Si les dégâts aux cultures devaient être importants, envisage-t-il une reconnaissance comme calamité agricole ?
  • Réponse du 08/06/2023
    • de BORSUS Willy
    La punaise diabolique (Halyomorpha halys) est en effet une nouvelle espèce exotique envahissante dont les conséquences sur l’équilibre de nos écosystèmes sont considérables et peuvent engendrer des coûts économiques importants aux productions de fruits des vergers.

    Rappelons que la Wallonie comptait environ 1 700 ha de vergers en 2021. Les poiriers et les pommiers représentent respectivement 48 % et 37 % de la production. Enfin, 70 % de ces vergers sont situés en région limoneuse.

    Sur le plan économique, le secteur des fruits subit de fortes pressions et connait des variations annuelles importantes. Actuellement le secteur de la pomme est confronté à des prix insuffisants et surtout des charges (énergétiques) qui ont été très élevées. Le secteur de la poire ne se porte guère mieux, si ce n’est que l’on observe une hausse des prix des poires depuis la fin février 2023.

    Les informations collectées auprès du CRA-W, qui assure le monitoring d’un réseau de vergers, permettent de se rendre compte de la situation actuelle. La punaise diabolique est bien présente en Wallonie. Les données collectées dans 10 vergers, par frappages et piégeages, en 2021 et 2022 ont permis de détecter cette punaise dans 6 des 10 sites suivis, avec au total 13 spécimens de punaises diaboliques capturées.

    À ce jour, on ne connait pas le nombre exact de foyers. Cette punaise est potentiellement présente sur tout le territoire, mais avec des niveaux de population (très) faibles pour le moment. La distribution rapportée par le site observation.be indique une présence plus régulière au nord du sillon Sambre et Meuse. Sa population a beaucoup augmenté en Flandre ces 5 dernières années.

    Même si les conditions climatiques en Wallonie sont moins favorables à son développement, il n’y a aucun élément qui laisse présager un arrêt de son expansion. Étant donné sa distribution actuelle (en Belgique et en Europe) et le très grand nombre de plantes-hôtes de cette punaise, il ne sera pas possible d'empêcher sa propagation. Cependant, d’après le modèle phénologique développé par le PCfruit, il apparaît que cette punaise n'effectue qu'une seule génération/an en Belgique, ce qui pourrait limiter les dégâts par rapport à l'Italie où 2 à 3 générations se succèdent sur une année.

    Les principales mesures actuelles sont la sensibilisation (notamment du secteur fruitier, principal impacté) et la surveillance. Pour l'instant, il n'y a pratiquement aucun dégât (sur fruit) qui a pu être attribué à la punaise diabolique en Wallonie et en Flandre.

    Toujours selon le CRA-W, au niveau de la lutte, de nombreux pièges munis de phéromones d’agrégation existent, cependant ils ne permettent pas de réduire la taille des populations, certainement quand celle-ci est faible. Des méthodes de lutte biologique à l'aide de guêpes parasitoïdes issues de la zone d'origine sont actuellement à l'étude, en Italie, et semblent plus prometteuses.

    Pour qu’il y ait une reconnaissance d’une calamité agricole, plusieurs conditions doivent être réunies, notamment :
    - un cas d’action massive et imprévisible d’organismes nuisibles ;
    - le montant total des dégâts agricoles par calamité agricole est supérieur à 1 500 000 euros ;
    - le montant moyen des dégâts agricoles par bénéficiaire est supérieur à 7 500 euros. ;
    - les dommages évalués sont d’au moins trente pour cent de la moyenne de la production annuelle du bénéficiaire calculée sur la base des trois années précédentes ou d’une moyenne triennale basée sur les cinq années précédentes et excluant la valeur la plus élevée et la valeur la plus faible

    À ce stade, il est totalement prématuré de parler d’une calamité agricole.