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Le développement de solutions face à l'augmentation des excès de vitesse

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 349 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 15/05/2023
    • de BELLOT François
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    En zone 50 km/h, en Wallonie, 68 % des conducteurs roulent trop vite, contre 42 % en Flandre et 29 % à Bruxelles. En zone 30 km/h, en Wallonie, 84 % des conducteurs roulent trop vite, contre 79 % en Flandre. En zone 90 km/h, les excès de vitesse sont en hausse.

    Voici l'aisée constatation que l'on fait d'un difficile respect des limitations de vitesse en Belgique.

    Ces chiffres sont issus de dispositifs Vias placés en 215 endroits du pays, aléatoirement choisis et permettant des conditions de vitesse libre. Relevés en une semaine sur 3,8 millions de voitures fin 2021, ils se fondent sur une vitesse réelle, sans marge de tolérance.

    Comment Madame la Ministre explique-t-elle ces différences régionales ?

    Sur quels facteurs agit-elle pour les réduire et baisser ces pourcentages ?

    Des mesures, effectuées au cours de précédentes périodes, permettent des comparaisons belges positives et négatives.

    En zone 70 km/h, on constate que la vitesse est mieux respectée. En zone 90 km/h, les chiffres sont plus préoccupants puisqu'ils font apparaître qu'ils passent de 26 % de conducteurs en excès de vitesse en 2012 à 54 % lors du relevé précité.

    Si cette hausse trouve explication partielle en Flandre où la vitesse maximale par défaut est devenue 70 km/h en 2017, la question se pose pour la Wallonie où, comme le précise Benoît Godart de Vias, « la situation en Wallonie sur ces routes n'est guère meilleure ».

    Sur les routes limitées à 50 km/h, la tendance à la baisse des années précédentes connait un net arrêt. Pour preuve : 36 % des conducteurs y roulaient trop vite en 2015 ; ils sont 54,3 % à ainsi se déplacer lors des récents relevés en Belgique, et 68 % en Wallonie.

    Madame la Ministre analyse-t-elle ces comparatifs antagonistes en fonction du type de limitations ?

    Quelles raisons avance-t-elle ?

    Qu'actionne-t-elle pour y remédier ?

    Les zones 30 sont capitales en agglomération puisque le risque d'accident y est 5 fois plus élevé à 70 km/h qu'à 50 km.

    Cette limitation fait-elle partie de ses priorités ?
  • Réponse du 09/06/2023
    • de DE BUE Valérie
    Les différences régionales peuvent s'expliquer par le caractère aléatoire des mesures et les différences de densité urbanistique des agglomérations.

    La sélection aléatoire de l'échantillon d'un nombre restreint de sites peut mener à des variations de résultats plus ou moins favorables au respect des limites de vitesse.

    Par ailleurs, la densité des bâtiments en agglomération est souvent plus faible en Wallonie et le recul des bâtiments par rapport à la chaussée y est régulièrement plus important qu'en Flandre. La perspective urbanistique d'agglomération est donc moins favorable en Wallonie qu'en Flandre pour le respect d'une limitation à 50 km/h ou à 30 km/h. Ces différences urbanistiques se modifient uniquement sur le long terme.

    En ce qui concerne l'évolution dans le temps, le moindre respect observé dans les 3 régions des limites de vitesse de 50 et 90 km/h peut vraisemblablement trouver une explication dans une évolution du comportement moins respectueux des usagers de ces limites de vitesse.

    Le risque subjectif de voir sa vitesse contrôlée a un impact sur le comportement des conducteurs. Selon une enquête de l’AWSR réalisée en 2022 et basée sur 2 400 conducteurs : plus d’un conducteur wallon sur deux s’accorde à dire que croiser un radar l’incite à continuer de respecter les limitations de vitesse pendant le reste de son trajet.

    Augmenter le nombre de radars, leurs plages horaires de fonctionnement et communiquer sur leur présence peut donc effectivement influencer le comportement des conducteurs en matière de vitesse.

    En 2020, les États généraux de la Sécurité routière ont été accompagnés d'une grande consultation citoyenne sur le thème de la sécurité routière où 10 000 citoyens se sont exprimés. Cette consultation citoyenne a révélé une forte adhésion du public à plus de contrôles des vitesses pratiquées.

    Pour rappel, augmenter le nombre de radars en Wallonie est une des dix mesures prioritaires sur lesquelles je me suis engagée à l'issue des États généraux de la Sécurité routière qui se sont clôturés en décembre 2020 en Wallonie.

    C'est pourquoi, dans un rôle de support et de soutien aux zones de police, la Région offre des services et des équipements aux zones de police pour contrôler la vitesse des véhicules.

    D’une part, la Région a mis en place, à ses frais, un service de location de radars pédagogiques et de lidars qui permet à chaque zone de police de sensibiliser les usagers et de contrôler les vitesses durant plusieurs semaines par an.

    D’autre part, la Région offre aussi des possibilités de placement de radars permanents qu’elle finance également. Le déploiement des radars permanents se poursuit au rythme d'une centaine de placements de radars permanents par an.

    À ceci s’ajoutent la fin des tolérances autres que techniques et un fonctionnement 24/7 desdits radars.

    En outre, en Wallonie, nous avons le principe d'annoncer et signaler les radars permanents. Le souhait est d'avertir les usagers qu'ils risquent d'être contrôlés à ces endroits qui sont des zones sensibles du réseau routier sur le plan de la sécurité routière.

    L'objectif n'est pas de verbaliser ou de surprendre les automobilistes par ces contrôles, mais d'amener les usagers à respecter la limite de vitesse et de changer durablement leur comportement en matière de vitesse. De plus, la signalisation d'annonce est également un élément important qui allonge les effets des radars en amont et en aval de la localisation exacte du radar.

    Les contrôles routiers viennent utilement compléter les actions de sensibilisation et de prévention menées notamment par l'AWSR. La sensibilisation et les contrôles routiers se renforcent mutuellement.

    En ce qui concerne l’augmentation du nombre de zones de vitesse apaisée en agglomération, c'est-à-dire les zones piétonnes, les zones de rencontre et les zones 30. En juillet 2020, j'ai revu et assoupli les instructions pour leur instauration de manière définitive ou temporaire.

    J'ai toujours été d'avis de favoriser le développement de ces zones de manière réfléchie et concertée avec les communes, principalement via un accompagnement des communes et, notamment, une cartographie des vitesses pratiquées.

    Ce sont elles qui connaissent le mieux leur territoire et qui peuvent au mieux identifier les portions qu'il conviendrait de faire basculer dans l'une de ces catégories. C'est aussi pour cela que j'insiste sur le rôle de la Région dans l'accompagnement de la volonté des communes en ce sens. Il y a différents outils d'aide à la décision et de concrétisation de ces mesures :
    - les conseillers régionaux en sécurité et signalisation sont constamment sur le terrain auprès des communes pour les accompagner en ces matières, mais également à la mise en place de ces zones ;
    - les plans communaux de mobilité sont également une démarche structurée, coordonnée et de perspective en la matière ;
    - la mise à disposition prochaine d’une cartographie des vitesses pratiquées permettra indéniablement de constituer un outil d'objectivation dans le développement des zones apaisées par quartier entier et la hiérarchisation du réseau.

    En parallèle, différentes actions sont menées pour améliorer la notoriété de ces différentes zones auprès de la population, ainsi que les implications en ce qui concerne les devoirs et obligations pour chaque type d’usagers de celles-ci. Cela passe par la signalisation, le marquage et des actions de sensibilisation multicanaux.