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Les conséquences pour la Région wallonne de la fin du rachat des dettes des États par la Banque centrale européenne (BCE)

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 250 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 15/05/2023
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    Lorsque les États ont dû faire face à des crises économiques, la BCE a été un partenaire important sur lequel ces derniers pouvaient compter. Aujourd'hui, une analyse publiée récemment dans le journal Le Monde semble indiquer que la Banque européenne se retire du marché et par extension qu'elle cessera d'acheter les dettes des États.

    Il s'agit là d'une équation de la plus haute importance. Selon les calculs des analyses de la Deutsche Bank, il va falloir trouver en 2023 des investisseurs prêts à injecter pas moins de 555 milliards d'euros nets pour financer les 10 principaux pays de la zone euro, soit le triple du montant de 2022. Toutefois, même si le tableau semble sombre, il faut garder une certaine mesure car les pays européens pour l'instant ne sont pas à court de financement. Pimco et BlackRock, deux grands fonds d'investissements, et d'autres investisseurs institutionnels sont prêts à acheter la dette européenne comme le souligne dans le journal Le Monde, Eric Dor, Directeur des études économiques de l'IESEG. La demande est là, mais le return sur investissement se doit d'être au rendez-vous et par conséquent, le "quoi qu'il en coûte" commence à coûter fort cher.

    Qu'en est-il du rachat de la dette wallonne par la BCE ?

    Devons-nous craindre une montée des intérêts dans les mois à venir et le cas échéant, a-t-on déjà évalué les impacts que cela aura sur les investissements à venir, notamment sur les politiques visant à soutenir la transition énergétique ou encore le Plan de résilience de la Région wallonne ?

    Des projets sont-ils aujourd'hui mis en suspens en vue d'anticiper le paiement des intérêts à venir ?

    Monsieur le Ministre a-t-il des échanges avec ses homologues fédéraux et régionaux sur ces questions, et qu'en ressort-il ?
  • Réponse du 15/06/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    L’annonce de la fin du rachat d’actifs ne date pas d’hier, et s’inscrit dans la politique de resserrement monétaire de la Banque centrale européenne qui a pour but de réduire l’inflation. En effet, dès 2022, face à une poussée inflationniste, la BCE a annoncé la fin progressive de son programme de rachat d’actifs et a prévu de rehausser ses taux directeurs afin de réduire de manière drastique les liquidités sur les marchés.

    Pour rappel, la BCE a la capacité d’acheter des instruments financiers tels que des obligations souveraines ou quasi souveraines, à condition que ces achats soient effectués sur le marché secondaire, auprès de banques ou d’institutions financières, et non sur le marché primaire (dans le cas de la Région wallonne, les titres sont rachetés par la BNB sur le marché secondaire). La BCE n’achète donc pas directement les titres lorsqu’ils sont émis par les entités.

    Dans le cadre de la réduction du rachat massif d’actifs, la BCE s’est retirée progressivement des marchés secondaires. En effet, depuis juillet 2022, la BCE s’est contentée de réinvestir de manière partielle dans des actifs venant à échéance. En outre, la fin du rachat d’actifs est annoncée pour juillet 2023.

    Il y aura donc moins de liquidités sur les marchés financiers pour acheter des obligations souveraines et quasi souveraines. Cette réduction de liquidité pousse les investisseurs institutionnels à être plus discriminants vis-à-vis des émetteurs. La recherche d’attractivité des émetteurs, et plus particulièrement la concurrence entre entités fédérées, pourrait avoir un impact sur les spreads de la Région.

    Enfin, la fin du programme du rachat d’actifs pourrait également exercer un effet à la hausse des taux longs.

    Actuellement, le taux OLO 10 ans se situe aux alentours de 3 %, alors que celui-ci était quasi nul en fin d’année 2021. 94,31 % de notre endettement étant à taux fixe, la quasi-totalité du stock de dettes de la Région n’est pas impactée par l’augmentation des taux. Par conséquent, les charges d’intérêts du stock de dettes de la Région n’augmentent pas proportionnellement à l’augmentation des taux d’intérêt. Il n’est donc pas prévu de mettre en suspens des projets afin d'anticiper le paiement des intérêts à venir.

    Néanmoins, à l’instar du stock de dettes à taux variables, les nouveaux emprunts de la Région sont désormais significativement plus coûteux en intérêts qu’au début de la législature.