La mission économique belge au Sénégal du 21 au 25 mai 2023
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 668 (2022-2023) 1
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Question écrite du 16/05/2023
- de CASSART-MAILLEUX Caroline
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
En 2021, la Belgique représentait 23,2 % des exportations à destination du Sénégal et se classait premier pays européen exportateur de biens vers le Sénégal, devant les Pays-Bas et la France. À titre de comparaison, les ventes européennes à destination du Sénégal ont augmenté de 25,6 % entre 2020 et 2021 quand les exportations belges, elles, ont bondi de 69,3 % au cours de la même période.
Au niveau des importations, toujours avec l'année de référence 2021, la Belgique représentait 7,4 % des importations et se classait cinquième pays de l'Union européenne (UE).
Concrètement, durant 5 jours, ce seront autant d'opportunités pour les entreprises de nouer de nouveaux contrats, mais également d'attirer des investissements innovants en Wallonie.
Quels seront les objectifs de la Wallonie pour cette mission économique au Sénégal ?
Quels secteurs seront concernés ?
Combien d'entreprises participeront à cette délégation ?
La mission économique aura-t-elle un impact sur le secteur agricole ?
Dans l'affirmative, dans quelle mesure ?
Réponse du 08/06/2023
- de BORSUS Willy
La situation sanitaire stabilisée, la nouvelle période adéquate pour cette mission économique a été fixée du 21 au 25 mai 2023.
Cette mission était une mission multisectorielle qui a mis en avant les secteurs-clefs suivants :
• Pharma et biotech ;
• Énergie, eau et environnement ;
• Logistique portuaire et intermodale ;
• Agroalimentaire ;
• Industries créatives.
La mission était également ouverte aux entreprises des autres secteurs. En tout, ce sont 37 entreprises wallonnes, pour un total de 62 délégués qui se sont inscrits.
La délégation académique était quant à elle constituée de 14 institutions pour 31 représentants. Dans sa totalité, la mission princière comptait 200 entreprises et organisations pour 362 délégués.
Le programme de la mission était constitué à la fois de visites de terrain, d’événements de networking et de séminaires thématiques.
La Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles ont été particulièrement mises à l’honneur au cours de cette mission à travers l’organisation de différents événements pour faire rayonner nos atouts au Sénégal. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer : un brunch Alumni, un cocktail francophone et un séminaire organisé en collaboration avec Tweed, le cluster H2O et Greenwin sur le thème des enjeux et solutions dans les secteurs de l’eau et de l’énergie au Sénégal.
Par ailleurs, des visites de terrain en présence de SAR la Princesse Astrid furent organisées au sein de projets portés par des entreprises wallonnes tels que la visite des Chaux de la Teranga de Carmeuse, la Compagnie Industrielle des Fibres ou encore le projet Madiba (production de vaccins avec l’Institut Pasteur) dans lequel Unizima (Univercells) et My Engineering ont été directement impliqués.
De plus, une visite complémentaire au programme au sein du lodge de la société EGGO à Guéréo a été organisée le dernier jour de la mission. Cette visite a eu pour objectif a mis en lumière l’impact social positif à travers la fondation Elleg, créée par Eggo.
Les 10 « bonnes raisons d’aller » (axes/objectifs identifiés de la mission) étaient :
1. Le Sénégal profite d’une position géographique stratégique qui lui confère une ouverture sur le monde et sur toute l’Afrique de l’Ouest. Au niveau régional, le Sénégal est membre de l’UEMOA qui regroupe 8 pays et représente un marché de 70 millions de consommateurs, et de la CEDEAO qui donne accès à un marché de 200 millions de consommateurs, sans oublier la Zone de Libre Echange Continentale de l’UA (ZLECA) qui devrait prochainement regrouper l’ensemble des pays du continent africain.
2. Le Sénégal est l’une des économies les plus performantes d’Afrique subsaharienne. Depuis plusieurs années maintenant, l’économie enregistre une croissance soutenue supérieure à 6 %. Sa longue histoire de stabilité sociale et politique et son environnement des affaires en constante amélioration en font une destination sûre pour les investissements. La mise en œuvre de programmes de réformes importantes présage une meilleure compétitivité de l’économie, stimulant ainsi le flux d’IDE dans des secteurs clés, notamment l’agriculture, l’industrie, le tourisme, les infrastructures de transport et les industries extractives.
3. Le Gouvernement sénégalais a lancé Le Plan Sénégal Emergent (PSE). Une stratégie décennale sur la période 2014-2023, adossée à la vision d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035. Ce plan couvre travers trois axes stratégiques qui sont (i) la transformation structurelle de l’économique et de la croissance (ii) le capital humain, la protection sociale et le développement durable et (iii) la gouvernance, institutions, paix et sécurité.
4. Les axes stratégiques du plan PSE correspondent pour la plupart également aux secteurs stratégiques forts de la Wallonie, notamment : les services énergétiques, l’agriculture et l’agroalimentaire, l’eau et l’assainissement, l’éducation et la formation ou encore le secteur de la santé.
5. Le Sénégal constitue en Afrique un partenaire d’avenir pour les entreprises et les investisseurs européens. Le Sénégal offre de nombreux atouts pour les entreprises qui cherchent à s’y établir : une stabilité politique, une stabilité monétaire, la présence de services bancaires, une qualité de vie appréciable ainsi qu’une position géographique très favorable. Les autorités sénégalaises ont ainsi mis en œuvre, ces dernières années, des réformes importantes visant à améliorer le climat des affaires, à promouvoir les investissements et le développement du secteur privé (notamment la loi sur les PPP, la loi sur la libéralisation du secteur de l’énergie, la réforme du foncier, la révision de la Loi sur le Travail, et cetera). Les travaux d’infrastructures et le développement de secteurs industriels (énergie, agroalimentaire, pharmaceutique) sont également autant d’éléments qui devraient améliorer l’attractivité du Sénégal.
6. Dans le contexte de la crise énergétique découlant de la guerre menée par la Russie en Ukraine, le Sénégal pourrait également se positionner comme un partenaire stratégique en tant que fournisseur de ressources gazières. En effet, le gisement gazier de la Grande Tortue Ahmeyim (GTA) a été découvert en 2015 par la société Kosmos Energy. Situé sur la frontière maritime sénégalo-mauritanienne, il s’agit d'une des importantes découvertes depuis celles des gisements mozambicains et de Zohr en Égypte au début de la décennie 2010.
7. Au niveau des universités, des partenariats se développent entre universités belges et sénégalaises. Il convient de noter que de nombreux dirigeants sénégalais sont passés par des institutions belges d’études supérieures (Gembloux, ULiège, UCLouvain, Institut de médecine tropicale d’Anvers, et cetera). Les institutions d’études supérieures belges gardent une bonne réputation au Sénégal et les universités de Dakar (UCAD), Thiès, St-Louis (Gaston Berger) ou Ziguinchor et plusieurs hautes écoles restent à la recherche de partenariats internationaux, comme celui de l’Université A.M. Mbow de Diamniadio avec l’ULB (avril 2019) ou celui de l’école de management ISM de Thiès avec l’ICHEC (dans le cadre du projet SusTech4Africa de l’ASBL « Ondernemers voor Ondernemers »).
8. Tant en matière d’enseignement supérieur que de recherche, un Protocole de Coopération dans le domaine a été signé en mai 2022 par le Ministre-Président Jeholet et le Ministre sénégalais de l’Enseignement supérieur. Toujours dans la recherche, à travers l’ARES et sur financement fédéral, des projets de recherche sont mis en œuvre par exemple sur le Financement de la Santé et la Couverture Médicale Universelle au Sénégal (ULG, ULB, Université Gaston-Berger de Saint-Louis et la Direction de la Planification, de la Recherche et de la statistique du Ministère de la Santé et de l’Action sociale) et concernant l’Appui à l'amélioration de la productivité des élevages ovins urbains et périurbains sénégalais (ULG, l’École Inter États des Sciences et Médecine vétérinaire de Dakar / EISMV et l’Université de Thiès).
9. Diverses entreprises wallonnes ont déjà prospecté avec succès le marché sénégalais. Parmi celles-ci, nous pouvons citer Ecosteryl, Carmeuse, Univercells, My Engineering, Compagnie Industrielle des Fibres ou encore la société Eggo. La mission est donc l’opportunité parfaite pour faire rayonner les succès et l’excellence de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles au Sénégal.
10. Il est important de continuer à sensibiliser les entreprises wallonnes sur le potentiel du Sénégal. En effet, pour l’année 2022, le Sénégal était le 82e client de la Wallonie avec un montant des exportations s’élevant à 14,11 millions d’euros, principalement constituée de produits alimentaires ainsi que des produits chimiques et pharmaceutiques. Cette mission princière au Sénégal a donc été l’occasion de sensibiliser de nouvelles entreprises au marché sénégalais afin de générer de nouveaux succès !
Concernant le secteur agricole, j’ai eu l’occasion d’assister et de m’exprimer dans le cadre de l’Agropole Centre organisé par Enabel le jeudi 25 mai.
Cet événement était l’occasion de souligner le travail de la coopération au développement belge avec les régions du Sine Saloum où elle est active depuis plus de 40 ans, notamment dans le secteur de l’agriculture et de l’assainissement de l’eau.
Le projet des Agropoles est en parfaite synergie avec les objectifs durables de la stratégie « de la fourche à la fourchette » (From farm to fork) du pacte vert pour l’Europe (European Green Deal). L'objectif de la stratégie de la fourche à la fourchette est de réduire l'impact environnemental de la production, de la transformation et de la distribution alimentaire tout en augmentant la qualité des aliments proposés aux consommateurs. Cette approche vise également à améliorer les revenus des producteurs locaux (sénégalais) et à renforcer les économies locales en favorisant les circuits courts de distribution. Ce projet permet d’assoir les conditions d’un développement durable de l’agro-industrie qui constitue une niche importante d’emplois, notamment pour les femmes et les jeunes, de contribuer de manière significative à l’amélioration du bien-être des populations, surtout celles vivant en milieu rural et de renforcer la valeur ajoutée des filières agricoles et réduire la dépendance aux importations des produits agroalimentaires à travers une industrialisation durable et inclusive.
Durant la cérémonie de signature, ce sont, au total, 38 accords qui ont été signés.
Parmi ceux-ci, nous pouvons citer, entre autres, des entreprises wallonnes et universités francophones telles que :
• Amb-ecosteryl – Ministère de la Santé et de l'Action sociale du Sénégal ;
• Afrique Energies nouvelles – Bakimex suarl ;
• Bio-sourcing – Iressef ;
• Haute École Ephec – Université Amadou Mahtar Mbow ;
• Haute École Léonard de Vinci – Centre régional de formation en santé à Thiès ;
• Société wallonne des eaux – Office des lacs et cours d'eau ;
• ULB coopération/Eclosio – Université Cheickh Anta Diop de Dakar ;
• Université libre de bruxelles – Université Cheickh Anta Diop de Dakar ;
• Unizima /Univercells – Université libre de Bruxelles - Université Amadou Mathar Mbow - Université Université Cheickh Anta Diop - Université du Rwanda ;
• Wallimage – Centre Vennenga ;
• Technc – h2ccm.
De l’avis de tous, cette mission fut une franche réussite.