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La mortalité des abeilles durant l'hiver 2022-2023

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 550 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 17/05/2023
    • de MAUEL Christine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Dans certaines régions de Flandre, comme par exemple dans celles de Lierre, Wavre-Sainte-Catherine et Nijlen, les apiculteurs ont perdu 75% de leurs abeilles durant l'hiver dernier. L'agence Belga cite l'Institut flamand des abeilles (VBI). Celui-ci a rapporté une perte moyenne de 23 % des abeilles durant l'hiver 2022-2023. Cela représente selon le VBI une légère amélioration, mais l'institut craint une perte plus importante que celle déclarée. Alors que l'acarien varroa serait une des raisons de la mortalité des abeilles, le VBI ne peut s'expliquer les autres raisons qu'il y a dû y avoir. L'Institut fait mention du manque de fleurs et de pollen suite à l'imperméabilisation des sols.

    Qu'en est-il de la mortalité des abeilles en Région wallonne durant l'hiver dernier ?

    Comment Madame la Ministre garantit-elle la survie des abeilles et des autres insectes si importants pour la fertilisation des plantes et donc pour notre agriculture en général et notre approvisionnement en nourriture ?

    Pourquoi ne pas mettre en place un recensement sur la mortalité des abeilles sur notre territoire ?
  • Réponse du 13/06/2023
    • de TELLIER Céline
    Les abeilles sont extrêmement précieuses pour notre biodiversité. Comme l’honorable membre le souligne, ces insectes jouent un rôle primordial pour notre alimentation, et méritent à ce titre une grande vigilance.

    Le recensement de la mortalité des abeilles est de la compétence de mon collègue le Ministre Borsus. Néanmoins, les résultats qu’elle mentionne, qui proviennent d’une enquête réalisée à l’échelle européenne à la sortie de l’hiver, méritent d’être nuancés.

    Les résultats préliminaires de l’enquête sur les mortalités de l’hiver 2022-23 montrent que, si des mortalités élevées sont parfois observées, elles ne le sont que très localement, à l’échelle communale. Sur base de ces données provisoires, la mortalité observée globale pour la Belgique avoisine les 17% : 14% en Wallonie et 22.7% en Flandre. Je précise d’ailleurs que les pertes de 75 % observées dans certaines communes flamandes relèvent d’événements très localisés.

    La mortalité la plus élevée se situe à Bruxelles (31.3%), alors que la mortalité la plus faible est observée dans la province du Luxembourg (9.2%).

    La Wallonie tire son épingle du jeu : 3 des 5 provinces wallonnes se situent bien en dessous de la moyenne nationale (de 9.2 à 13.3 %). Les mortalités observées dans les provinces flamandes (18 à 29.5 %) sont toutes supérieures à la moyenne nationale.

    L’argument de l’appauvrissement des ressources à la disposition des abeilles avancé par le VIB apparait cohérent pour expliquer la différence entre la Flandre et la Wallonie et entre certaines provinces wallonnes. En effet, certains types d’affectations agricoles plus présentes au sud du sillon sambro-mosan sont davantage accueillantes pour les insectes pollinisateurs. Dans le cadre d’un appel à projets que j’ai initié portant sur la recherche en matière de biodiversité, un des projets sélectionnés porte sur le lien entre l’abondance des ressources florales et l’abondance des abeilles sauvages. Ce projet devrait permettre de compléter les connaissances en la matière.

    La Wallonie dégage en outre des moyens importants pour sauvegarder ses pollinisateurs, en agissant sur les trois facteurs les plus importants intervenant dans les dépérissements des abeilles.

    Premièrement, différents projets sont soutenus pour lutter contre l’acarien parasite Varroa destructor. La Région cofinance, avec l’Union européenne, le projet de l’ASBL Arista BEE Research Belgium pour sélectionner des abeilles résistantes. Le CARI et le CRA-W œuvrent aussi à aider les apiculteurs à lutter contre ce parasite.

    Deuxièmement, il est nécessaire d’endiguer la diminution des ressources à la disposition des insectes. La restauration d’un environnement propice aux pollinisateurs fait l’objet de nombreuses actions que la Wallonie soutient spécifiquement, dont notamment le programme de plantations de haies « yes we plant », la création de nouvelles réserves naturelles, les mesures agro-environnementales, le fauchage tardif des bords de routes…

    Troisièmement, la Wallonie est active dans la limitation de l’utilisation de pesticides, notamment dans les lieux publics, dans lesquels l’application de ces produits est interdite depuis 2019. La Région a adopté son troisième programme de réduction (le PWRP) en octobre dernier, faisant la somme des actions mises en place par notre Région en la matière. Le projet QualiWax mené par l’Université de Liège vise à étudier l’exposition des abeilles aux contaminants principalement d’origine agricole. Le CRA-W étudie aussi l’influence de la remontée de pesticides présents dans le sol sur la santé des abeilles.

    En conclusion, la Wallonie agit activement pour préserver les abeilles, et suit avec attention l’évolution de cette population d’insectes si précieux à la biodiversité.