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La baisse drastique des projets immobiliers particuliers

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 688 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/05/2023
    • de GALANT Jacqueline
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Après avoir vu les prix des matériaux flamber durant de nombreux mois, on assiste actuellement à une stabilisation des prix, mais 6 entreprises de construction et d'installation sur 10 confirment que pour compenser une hausse estimée à 35 % durant la pandémie, ils l'ont répercutée à hauteur de 25 % sur leur facture.

    Cependant, à peine la moitié des entreprises de construction facturent cette augmentation des prix.

    Maintenant que les crédits hypothécaires sont plus onéreux, ces deux éléments ont un impact très négatif pour le candidat-constructeur ou rénovateur. L'enquête conjoncturelle d'Embuild, à laquelle 200 entreprises ont participé, montre que les constructeurs de logements et les entreprises actives dans la rénovation pour particuliers sont particulièrement en difficulté.

    Huit entreprises de construction et d'installation sur 10 remarquent que les clients réduisent leurs ambitions en matière de construction ou de rénovation, et 7 entreprises de construction sur 10 constatent que les clients reportent même leur projet.

    Monsieur le Ministre a-t-il pris connaissance de l'enquête conjoncturelle d'Embuild ? Qu'en retire-t-il ?

    De son côté, comment évalue-t-il l'impact des crises sur le secteur ?

    Peut-on dire que le secteur de la construction se porte bien en Wallonie ?

    Avec l'arrivée de la politique STOP BÉTON, doit-on craindre un engorgement du secteur dans les prochaines années ?

    Comment anticipe-t-il ce changement majeur ?
  • Réponse du 13/06/2023
    • de BORSUS Willy
    Le secteur de la construction, comme bien d’autres secteurs économiques, tels que l’HORECA ou le commerce, a été et reste impacté par les crises que nous traversons et est tributaire de la situation économique tant au niveau régional ou national qu’au niveau international vu la globalisation de notre économie. Les projets immobiliers particuliers dépendent des fonds financiers disponibles ou octroyés par les banques qui sont fortement impactés par ce contexte d’incertitude générale.

    En tant que Ministre de l’Économie, je suis particulièrement attentif à la santé de nos entreprises et aux tendances d’évolution des différents secteurs. L’enquête menée par Embuild fait en effet mention du fait que la hausse des taux d’emprunt va probablement freiner la demande en projets de construction. La hausse du coût des matériaux a également eu un effet défavorable. Néanmoins l’enquête relève également que les carnets de commandes se sont appréciés et qu’ils sont remplis à 6 mois. Je ne tirerai néanmoins pas de conclusions hâtives, l’impact des augmentations des taux d’intérêt s’évalue en général à plus long terme. De plus, les entreprises sont moins sujettes aux problèmes de liquidité et les retards de paiement ont reculé par rapport à mars 2023. Quelques statistiques récentes, que l’honorable membre pourra retrouver sur le site de Statbel permettent de mettre en relief ces constats.

    Comme un ensemble de secteurs d’activité, le secteur de la construction rencontre des difficultés à recruter. Cela conduit les entreprises à limiter leurs chantiers. Les entreprises tentent de remédier à ce manque de personnel en travaillant avec des sociétés sous-traitantes belges (24 %) ou étrangères (20 %). 21 % des entreprises limitent leurs offres, car elles ne pourront pas réaliser le travail à cause de la pénurie de collaborateurs et 17 % commencent leurs chantiers en retard comme le relève la fédération Embuild qui, du reste, mène une campagne de promotion du secteur afin d’attirer des travailleurs, en particulier des jeunes.

    Je tiens donc à rappeler ma politique et les actions que je mène afin de pallier les métiers en pénurie. Le Gouvernement a adopté en 2021 un programme de lutte contre la pénurie de main-d’œuvre destiné à booster la reconstruction wallonne liée aux inondations. Une prime pilote à la formation « Plan de reconstruction » de 2 000 euros ainsi qu’un chèque permis de conduire sont octroyés aux demandeurs d’emploi et aux apprenants de l’IFAPME qui suivent une formation menant à un métier en pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs de la construction, du bois et de l’électrotechnique. Pour les adultes inscrits dans ces formations à l’IFAPME, le minerval est également remboursé. Complémentairement, le Gouvernement wallon cofinance avec le secteur de la construction une campagne de promotion des métiers et des actions genre afin de renforcer l’attractivité du secteur et de faciliter l’intégration des femmes.

    Une évaluation de l’impact de ces mesures sera réalisée prochainement. D’ores et déjà, l’IFAPME a enregistré une augmentation de +11 % des inscriptions pour cette année 2022-2023 dans les formations visées par ces mesures. L’augmentation concerne la quasi-totalité des formations dans la filière des adultes et elle concerne plus particulièrement certaines formations de la filière des jeunes en alternance : maçon, +10,2 % ; installateur électricien résidentiel, +8,4 % ; peintre décorateur, +6,4 % ; carreleur, +32,4 %.

    En ce qui concerne les marchés publics, leur accès, en particulier pour les PME, est une source importante de revenus pour les entreprises. À cet égard, le Gouvernement fédéral a récemment approuvé un projet de loi visant à favoriser l’accès des PME aux marchés publics. Je m’en réjouis. Ce projet vise à soutenir la liquidité des entreprises en versant des acomptes de montants différents en fonction de la taille de l’entreprise. Il est également prévu que les entreprises reçoivent un remboursement pour des investissements qu’elles devraient réaliser dans le cadre des travaux publics tels que des maquettes ou des prototypes. Un troisième point est d’informer en temps réel la position de l’entreprise dans le classement après la soumission d’une offre, lui permettant ainsi au mieux de planifier ses chantiers.

    Rappelons enfin que le Plan de relance intègre une multitude de projets devant mobiliser les entreprises de la construction.

    En outre, en tant que Ministre de l’Aménagement du territoire, je travaille à ce que le développement de notre société se fasse dans une perspective de durabilité et d’une meilleure organisation de notre territoire qui réponde à l’ensemble de nos besoins.

    Il est possible que la politique d’aménagement du territoire visant à limiter l’urbanisation ait des impacts sur les politiques et secteurs économiques, mais il s’agit au travers du schéma de développement du territoire (SDT) de les accompagner en ce sens.

    La diminution progressive de l’artificialisation qui, je le rappelle, n’est pas une fin en soi, mais qui vise à répondre à des enjeux majeurs en matière de préservation des espaces naturels, de lutte contre les changements climatiques et de préservation de nos ressources est intégrée dans la stratégie territoriale établie par le SDT non pas comme une échéance butoir en 2050 à laquelle un changement radical doit s’opérer, mais bien sous la forme de trajectoires de changement qui permettent d’y aboutir. Ces trajectoires ont été établies non seulement sur la base des objectifs fixés, mais également sur la base des dernières tendances constatées dans les différents bassins d’optimisation spatiale.

    Cette stratégie de l’arrêt à terme de l’artificialisation s’inscrit donc des tendances déjà bien marquées d’un basculement tant au niveau de la production de logement qu’au niveau des logiques économiques du secteur de la construction. On voit de plus en plus dans le secteur de la construction un accroissement de la réhabilitation des espaces sous-occupés, de la rénovation du bâti existant et du réaménagement des espaces déjà urbanisés qui concourent à la santé d’un secteur économique qui est également en évolution constante et qui s’adapte aux changements de notre société.

    Le SDT en tant que stratégie territoriale au niveau régional s’inscrit aussi dans ces perspectives avec une volonté forte de reconquérir et revaloriser les espaces urbanisés. Celle-ci se traduit notamment par la réhabilitation de 100 hectares de sites à réaménager par an, par une priorisation dans l’identification et la rénovation des tissus urbanisés à restructurer, par la rénovation et l’isolation du bâti existant ou encore par l’évolution dans la conception des logements prenant en compte l’adaptabilité ou la réaffectation des bâtiments et des lieux.

    Pour approfondir ma position, la réforme que j’entends mener au travers de la réforme du CoDT et l’actualisation du SDT vise un développement de la Wallonie sous l’angle d’une optimisation spatiale. L’objectif d’arrêt de l’artificialisation est accompagné par un grand nombre d’objectifs et de principes qui visent entre autres le renforcement de nos centralités, le développement des lieux et des territoires en fonction de leurs atouts, de leur accessibilité et la redynamisation des espaces en déclin ou sous-utilisés.

    En termes économiques, là aussi, la prise en compte au niveau territorial des nouvelles filières - déjà largement investies par le secteur de la construction pour se réinventer - au niveau de l’écoconstruction, du recyclage des déchets ou encore des performances énergétiques des bâtiments sont autant de leviers qui participent au changement.

    L’honorable membre l’aura compris, même s’il est difficile de prévoir le futur de l’économie wallonne en général et du secteur de la construction en particulier, la politique d’aménagement du territoire menée par Gouvernement wallon anticipe et accompagne grandement les changements qui s’opèrent dès à présent sur le territoire pour que chacun des acteurs contribue à cette optimisation spatiale tant nécessaire que souhaitée pour le futur de la Wallonie.