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L’invasion des ratons laveurs

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 557 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 23/05/2023
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    On constate en Wallonie une croissance de la population de ratons laveurs.
    À l'apparence sympathique, cet animal est pourtant un envahisseur et son expansion devient de plus en plus problématique. Madame la Ministre annonçait en 2022 entre 50 000 et 115 000 individus sur le territoire wallon.

    Plusieurs espèces protégées sont malheureusement impactées par le régime alimentaire du raton laveur. Ce dernier est également un réservoir de zoonoses (virus, bactéries, parasites) qui constitue un réel risque sanitaire pour les espèces locales.

    L'éradication de l'espèce sur notre territoire n'est certes pas l'objectif, mais il est urgent de mettre en place un plan d'action pour réguler l'espèce et ainsi limiter les dégâts.

    Madame la Ministre avait déclaré, en 2022, que ses équipes réalisaient des travaux d'identification des zones prioritaires d'intervention. Quel est l'état d'avancement de ces travaux ?

    Où en sont les travaux du Gouvernement quant à l'arrêté instaurant l'opérationnalisation d'un plan de lutte et la délivrance d'agréments pour permettre à des opérateurs d'intervenir chez les particuliers en cas de nuisance ?

    Prévoit-elle la mise en place d'une campagne de sensibilisation à destination des particuliers aux risques engendrés par la domestication et le nourrissage de ces animaux ?
  • Réponse du 27/07/2023
    • de TELLIER Céline
    L’honorable membre est bien informé des enjeux de la lutte contre le raton laveur. La connaissance de ces enjeux par le plus grand nombre est un élément majeur dans ce dossier.

    Sa question me permet de signaler l'avancement du dossier concernant le raton laveur. Je lui confirme ma volonté d'établir un plan d'action le plus rapidement possible. Mon administration a effectivement reçu des instructions pour identifier des zones prioritaires et établir un plan de lutte.

    Comme il le mentionne, le raton laveur impacte notre biodiversité et certaines espèces vulnérables (l’hirondelle de rivage, les rapaces ou la cigogne noire). Le raton laveur porte préjudice à la biodiversité à la suite de la prédation occasionnée sur des espèces sensibles (batraciens, écrevisses, oiseaux, chauves-souris, et cetera) et/ou à la compétition pour l’occupation de grandes cavités arboricoles (chouette hulotte, écureuil, martre, et cetera).

    Le raton est aussi une menace pour la santé humaine, avec la transmission de zoonoses (baylisascariose, leptospirose, échinococcose, maladie de Carré, toxoplasmose, et cetera).

    Au-delà de ces deux aspects, les dégâts économiques et nuisances occasionnés sont également à noter. De nombreux désagréments sont ressentis par les habitants confrontés à cet animal. Il est effectivement à l’origine de nuisances domestiques importantes dans les jardins, les poulaillers et les maisons, à l’intérieur desquelles il pénètre volontiers pour rechercher de la nourriture Il peut également se battre avec des chats et d’autres animaux domestiques qu’il rencontre à proximité des habitations. Il réalise également des prélèvements dans les vergers et les cultures. Il consomme en effet de nombreux aliments, en ce compris des céréales (maïs), des fruits, des invertébrés aquatiques, des restes alimentaires trouvés dans les ordures ménagères, et cetera.

    Concernant le plan de lutte, une analyse détaillée doit être réalisée. Elle devrait identifier les zones prioritaires, soit de lutte, soit de protection, en tenant compte de la présence d’espèces sensibles. Les mesures de gestion concernent des actions préventives (mise en place de dispositifs anti-prédation, sensibilisation) et des actions d’élimination. Le type de piège et la mise en œuvre de ces techniques de piégeage doivent être établis en accord avec les services du bien-être animal. La mise en œuvre de ces propositions par nos services ou par des prestataires externes doit être évaluée en termes budgétaires et temporels. Cette analyse doit être réalisée par un prestataire et donc faire l'objet d'un marché dans les prochains mois.

    Je souligne cependant que la régulation de l'espèce est un objectif difficile à atteindre comme le montre la situation des pays voisins. Des collaborations nationales et internationales sont d’ailleurs nécessaires dans la réflexion sur les actions contre les espèces exotiques envahissantes vu les différences de traitements de ces sujets dans les pays voisins de la Belgique.

    L’arrêté du Gouvernement wallon relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes instaure la possibilité d’arrêter des mesures de gestion pour les espèces largement répandues sur notre territoire. J’ai mandaté mon administration pour qu’elle évalue la possibilité d’arrêter par voie ministérielle certaines mesures associées à des moyens de lutte. J’ai aussi demandé une analyse sur la possibilité d’agréer des opérateurs qui pourraient agir chez les particuliers.

    Des mesures peuvent être mises en place par chaque citoyen pour éviter d’attirer le raton laveur et limiter les intrusions à l’intérieur des maisons. Mon administration finalise un dépliant résumant les gestes barrières à adopter en matière de nourrissage et d’aménagement à réaliser autour des maisons. Ce dépliant reprend des actions très simples qui peuvent être proposées, comme la sécurisation des mangeoires et nichoirs disposés à l’attention des oiseaux, ainsi que la protection des arbres fruitiers à l’aide d’un dispositif anti-prédateur.

    Un marché pour établir une campagne de sensibilisation vers les citoyens est aussi en cours de finalisation, de manière à pouvoir communiquer à ce sujet cet hiver. Ce point a été discuté à l'échelle de la coordination belge dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’action belge soumis à la CE en juillet 2022 afin de s'assurer de la collaboration des autres autorités nationales afin de renforcer l'effet de la campagne wallonne. Celle-ci sera envisagée comme une expérimentation des messages à véhiculer à l'échelle de la Belgique.