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Le contrôle des populations de gibier porteur de l’échinococcose

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 697 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 24/05/2023
    • de JANSSEN Nicolas
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    L'échinococcose, appelée aussi « la maladie du renard » est une maladie parasitaire qui présente une importance en clinique humaine, à cause du développement possible de pathologies graves chez l'homme.

    Cette maladie zoonotique, dangereuse pour la santé humaine, se transmet, via les animaux de compagnie, par des animaux sauvages, généralement le renard et le sanglier, mais aussi les cervidés et certains mustélidés comme les blaireaux, les fouines ou les martres qui sont tous des vecteurs de l'échinococcose.

    En Wallonie, les renards roux présentaient un taux d'infection pouvant atteindre 51 % (source Echino-Liège). Quant aux diagnostics humains, ils révèlent dix à douze cas par an, en Wallonie toujours, de l'échinococcose alvéolaire, illustrant une possible endémie qui inquiète les observateurs.

    Ce constat a mené, en 2021, les médecins du CHU de Liège et les vétérinaires de la Faculté de Médecine Vétérinaire de l'Université de Liège, confrontés à une augmentation des cas d'échinococcose alvéolaire, à fonder un groupe multidisciplinaire spécialisé dans la recherche et la prise en charge de l'échinococcose, Echino-Liège.

    Monsieur le Ministre peut-il nous informer de son action visant à prévenir le développement de cette maladie en Wallonie ?

    Quelles mesures a-t-il prises afin de contrôler les populations de renards, mais aussi de sangliers porteurs de cette maladie ?

    Qu'en est-il de sa diffusion, par l'expansion de ces espèces, notamment en Brabant wallon, alors que ce n'est pas leur territoire naturel ?

    Les quotas de chasse ont-ils été adaptés afin de lutter contre celle-ci ?

    Confirme-t-il la tendance à la hausse de la « maladie du renard » en Wallonie ?
  • Réponse du 15/06/2023
    • de BORSUS Willy
    L’échinococcose alvéolaire n’est effectivement pas une maladie à prendre à la légère. Vu ce problème de santé publique, un groupe multidisciplinaire de recherche et de traitement, le groupe Echino-Liège, s'est en effet créé en 2021. Il s’agit d’une collaboration du CHU de Liège et de la Faculté de médecine vétérinaire de Liège.

    En Wallonie, on observe une prévalence moyenne de 25 % de renards porteurs du parasite. Concrètement, la présence du parasite est recherchée sur les dépouilles de renards retrouvés en Wallonie.

    Chez l’homme, les cas sont heureusement rares, mais la maladie est émergente. La plupart des cas observés sont localisés dans les provinces de Liège et de Luxembourg.

    L’agent responsable, Echinococcus multilocularis, est un petit vers plat dont la forme adulte vit dans l'intestin du renard et d’autres carnivores (chiens, chats). Les œufs, excrétés par milliers et sources de contamination, sont très résistants dans l'environnement. Seule la cuisson pendant 5 minutes à 70°C ou une congélation à - 80°C pendant 48h sont efficaces.

    L'homme est un hôte accidentel susceptible de s'infecter en ingérant des œufs du parasite, soit lors de la consommation de fruits sauvages (petits fruits des bois cueillis à moins de 50 cm du sol), champignons ou légumes, souillés par des déjections animales, soit par contact direct avec des œufs collés sur le pelage des chiens, chats ou renards, ou encore par contact avec des œufs présents dans leurs matières fécales, soit encore après manipulation de terre (agriculture, jardinage).

    Il existe des mesures de prévention qui consistent à respecter les règles d'hygiène suivantes :
    • se laver les mains, après un contact avec des animaux ou déjections animales ;
    • laver et désinfecter les plaies ;
    • porter des vêtements de travail et un équipement de protection individuelle changés ou nettoyés régulièrement : gants, bottes, masque ;
    • laver et cuire les plantes ou les fruits poussant près du sol.

    Il est également recommandé de vermifuger les chiens et de clôturer son potager dans les zones à risque.

    En matière de chasse, rappelons que le renard est une espèce classée « autre gibier », pouvant notamment être régulée toute l’année à l’approche et à l’affût. Depuis de nombreuses années, le monde cynégétique est sensibilisé à manipuler les renards prélevés avec des gants et ceux-ci ne sont plus ramenés « au tableau » des journées de chasse. Il existe également des piégeurs agrées dont l’action en faveur de la petite faune des plaines joue également un rôle d’inhibiteur des populations de renards, mais également sur la propension de la maladie.

    Concernant l’espèce sanglier, je n’ai pas d’informations confirmant ou non que le sanglier est un hôte de prédilection pour cette maladie, mais j’imagine aisément que la densité de sangliers peut lui profiter. Depuis plusieurs années, j’ai entamé un plan global de gestion des populations de gibiers. En ce qui concerne plus particulièrement le sanglier, cela fait maintenant plusieurs années que j’ai initié un plan de tir volontaire qui a pour objectif de diminuer les populations notamment par l’imposition d’un quota de prélèvement de laies.

    Pour rappel, au lancement de cette initiative sur la saison cynégétique 2020-2021, 20 conseils cynégétiques ont participé. L’objectif à atteindre était de 5 042 sangliers, dont 4 778 laies de plus de 30 kg vidées. Seulement 78 % de l’objectif a été atteint, l’opération ayant été perturbée par la crise sanitaire.

    Pour la saison 2021-202, 24 conseils cynégétiques ont participé avec pour objectif le tir de 24 756 sangliers, dont 7 345 laies de plus de 30 kg vidées. 94 % du plan de tir a été réalisé.

    Enfin, pour cette saison de chasse 2022-2023, nous avons pu compter sur la participation de 24 conseils cynégétiques dont l’objectif de tir était de 25 432 sangliers, dont 7 765 laies de plus de 30 kg vidées.

    Les résultats de la saison dernière semblent un peu en dessous des espérances. Le bilan actuel fait en effet état d’un taux de réalisation de 84 %.

    Parmi les explications, on peut citer, comme pour le cerf, les importants regroupements d’animaux en raison de la forte glandée et les difficultés de prélèvements en début de saison en raison de la chute tardive des feuilles.

    Tous les acteurs s’accordent sur le constat qu’on observe moins de sangliers. Il est donc probable que la diminution des populations s’amorce dans certains secteurs à la suite des importants prélèvements de ces dernières années. Il est vrai que nous ne disposons que d’un recul de 3 saisons, dont la saison 2020-2021 qui a été particulière en raison de la crise sanitaire. Nous sommes convaincus d’être sur la bonne voie.

    Il est important de poursuivre ces efforts surtout dans les zones de grandes plaines où la présence de cet animal forestier occasionne de nombreux désagréments. Dans ce cadre, j’ai proposé en première lecture au Gouvernement un nouvel arrêté relatif à la destruction du sanglier qui fait l’objet d’un accord avec nos partenaires de Gouvernement. Ce texte législatif va poursuivre son cheminement dans la procédure classique en vue de son adoption définitive et de sa publication.