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La transition climatique et la jeunesse

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 1066 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 24/05/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie, de la Mobilité et des Infrastructures
    Les jeunes sont ceux qui regardent sans doute avec le plus d'effarement l'insouciance dans laquelle évolue un monde qui leur dessine un avenir rempli d'incertitude. Ils doivent être les fers de lance de l'évolution sociétale et de la transition climatique.

    Quelle est la stratégie que Monsieur le Ministre développe à l'attention de la jeunesse ?

    Comment la décline-t-il ?

    Quels sont les paramètres et les secteurs travaillés et quels sont les acteurs et opérateurs mobilisés ?

    Existe-t-il un document de référence ? Lequel ?

    Quelle est l'implication des populations ?

    Quels sont les résultats qu'il peut avancer depuis le début de la législature et comment les plus-values sont-elles paramétrées et évaluées ?
  • Réponse du 26/07/2023
    • de HENRY Philippe
    Tout d’abord, je voudrais souligner que le PACE a été élaboré en s’appuyant sur de nombreuses consultations visant différents publics-cibles.

    D’une part, le panel citoyen qui a été mis en place en 2021 lors de la préparation du PACE était constitué de 50 citoyens (et 25 suppléants) sélectionnés via un tirage au sort réalisé auprès de 5 000 ménages et illustrant le mieux possible la diversité des profils des citoyens wallons.

    Les critères utilisés étaient les suivants : genre, province/arrondissement, habitat rural ou urbain, âge, statut socioprofessionnel, niveau d’éducation. Ces critères, en particulier l’âge, l’habitat et le statut socioprofessionnel, ont donc permis d’intégrer dans le panel des représentants des trois catégories de population évoquées dans la question.

    D’autre part, j’ai porté une attention particulière à la jeunesse et un appel a été lancé auprès des jeunes de 16 à 30 ans, via le projet intitulé « Donne ta voix pour le climat » réalisé avec la collaboration du Forum des Jeunes. Il consistait à inviter les jeunes à partager leurs idées sur des mesures concrètes à implémenter à l’échelle locale pour lutter contre les changements climatiques. La consultation a eu lieu par le biais d’animations ludiques et d’un questionnaire en ligne, entre novembre 2021 et février 2022, et les résultats ont été synthétisés dans un rapport reprenant 87 recommandations.

    Le Jugendbüro, organe de représentation des jeunes en Communauté germanophone, a également remis des contributions dans le cadre de cette consultation.

    Le monde rural a également été largement consulté lors de réunions préparatoires avec divers représentant des organisations agricoles et environnementales.

    La jeunesse et le monde rural ont ainsi été consultés lors de la préparation du PACE. Les seniors n’ont cependant pas fait l’objet de consultations spécifiques.

    En matière de stratégie, je voudrais ici distinguer les deux piliers d’action face au changement climatique, à savoir l’atténuation (réduction des émissions) et l’adaptation aux effets inéluctables du changement climatique.

    Concernant les réductions d’émission, le monde rural est le seul des trois groupes qui constitue un secteur d’émission à part entière. Les mesures envisagées pour le secteur agricole sont détaillées dans le PACE et je n’y reviendrai donc pas ici. Je rappelle aussi qu’un des projets du Plan de Relance concerne la « rémunération des agriculteurs pour services environnementaux rendus » et vise à soutenir les agriculteurs dans la transition. Dans ce même contexte, je suis également avec attention les négociations en cours au niveau européen concernant la certification du carbone, qui vise à harmoniser ce type de systèmes au niveau européen.

    Les jeunes et les seniors participent naturellement aux émissions des secteurs résidentiels et du transport. J’ai ainsi renforcé certaines actions visant ces publics, comme la pérennisation de la quasi-gratuité des TEC pour les 18-24 ans et les 65 ans et plus. Par contre, les diverses primes énergie et rénovation s’adressent à tous les citoyens sans distinction.

    Concernant l’adaptation au changement climatique, les seniors représentent par contre un point d’attention essentiel, dans la mesure où la chaleur constitue la plus grande cause de morbidité liée au climat (ex. épuisement, coup de chaleur, maladies rénales et respiratoires), avec des effets plus importants notamment sur les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques. Diverses actions sont déjà mises en place (plans canicules, travail de l’AViQ, et cetera), mais devront probablement être renforcées à l’avenir.

    Le secteur agricole est également particulièrement vulnérable (https://plateforme-wallonne-giec.be/assets/documents/Adaptation/PwG-SyntheseAdaptation_2022_complet_rev1.pdf) aux événements météorologiques extrêmes tels que sécheresse, forte précipitation, gel tardif. L’agriculture pourrait subir des impacts suite aux effets combinés des changements climatiques (modification des précipitations, de la disponibilité en eau du sol et de la température) et de la concentration atmosphérique de CO2 sur la productivité moyenne des cultures, d’une part et de la variabilité interannuelle des rendements causée par les phénomènes météorologiques extrêmes et les risques associés, d’autre part.

    J’ai donc initié dans le cadre du Plan de relance le lancement d’une vaste étude sur l’adaptation au changement climatique, afin de mieux préciser les risques futurs, à la lumière des données les plus récentes, et les actions à mener u à renforcer pour y répondre. Les seniors et le monde agricole y feront l’objet de toute l’attention nécessaire.

    Plus spécifiquement, en matière de santé, il est prévu d’établir une analyse rétrospective des données sanitaires pour fournir des informations sur la charge de morbidité liée à la chaleur, les allergies, les tiques, les inondations, ainsi que d’effectuer des analyses de sensibilité sur l’âge, les sous-groupes vulnérables, la population urbaine, le statut économique, pour déterminer les groupes vulnérables de la population. L’étude visera aussi à déterminer des critères d’avertissement et d’alerte à partir de systèmes de surveillance de l’environnement, de la santé selon le type de risque, pour réaliser des plans de gestion de crise climatique. Les objectifs de l’étude en matière de gestion de l’eau, des sols, de l’agriculture et de la nature et la biodiversité, quant à eux, sont trop nombreux pour être détaillés ici.

    Au niveau des jeunes, ils ne font donc pas l’objet d’une stratégie dédiée (sauf prix des transports, cf ci-dessus), hormis la communication et une écoute particulière, dans la mesure où ils seront le plus impactés par les effets grandissants du changement climatique. Dans ce contexte, je compte notamment poursuivre les échanges notamment dans le cadre du Forum des jeunes.

    Enfin, je rappelle que la transition juste est un principe directeur du PACE, qui vise donc à ne laisser personne derrière et à maintenir une approche inclusive dans l’ensemble des politiques climatiques.

    En effet, dans la mesure où les réponses au changement climatique concernent l’ensemble de nos activités, on pourrait encore distinguer de nombreux groupes cibles, par exemple selon le genre, les professions ou encore le niveau de précarité, et cetera.

    Ces groupes font l’objet d’une attention spécifique, mais il n’y a donc pas de document de référence spécifique pour chacun d’eux (sauf éventuellement au niveau agricole pour lequel de nombreuses publications sont disponibles), mais bien un PACE qui vise une intégration globale.