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La pénurie de main-d’œuvre dans le secteur horticole

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 441 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 24/05/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    En Belgique, environ 65 000 saisonniers viennent prêter main-forte chaque année en période de récolte. Cela commence ces jours-ci avec la cueillette des fraises. Ils viennent surtout de l'étranger, principalement des pays d'Europe de l'Est. Malgré cet afflux transfrontalier, le secteur manque de bras.

    La main d'œuvre locale est introuvable. Il faut dire que le salaire minimum horaire brut de 9,69 euros, et malgré des cotisations de sécurité sociale réduites, n'encourage pas les inactifs à se mettre au travail. Par ailleurs, avec la carte cueillette, ces saisonniers ne peuvent travailler qu'un maximum de 65 jours par an ! C'est ce qu'on peut appeler un piège à l'emploi et je ne parle même pas de la pénibilité du travail !

    Madame la Ministre dispose-t-elle de statistiques montrant cette pénurie en Wallonie ?

    A-t-elle été personnellement sensibilisée par les producteurs ?

    Est-elle allée sur le terrain se rendre compte des difficultés rencontrées ?

    Que sort-il de ces échanges ?

    Serait-il possible de revoir les conditions d'accès à ce type d'emplois et de les rendre plus attractifs ?
  • Réponse du 04/09/2023
    • de MORREALE Christie
    Tout d’abord, il convient de rappeler que les métiers d’aide agricole en production fruitière et en production légumière et végétale ne figurent pas dans la liste des métiers critiques ou en pénurie pour l’année 2022, ni même pour l’année 2023.

    Cependant, on remarque tout de même que l’étude menée par le FOREm en 2022 intitulée « Anticipation des besoins en compétences et formations dans la chaîne de valeur agroalimentaire – De la fourche à la fourchette » relève certaines difficultés rencontrées par le secteur concernant le recrutement notamment. L’attractivité de ce secteur se voit, en effet, mise en difficulté par le niveau de rémunération, les horaires, ainsi que le caractère saisonnier de l’emploi.

    De janvier 2023 à mai 2023, on remarque que 80 % des opportunités d’emploi d’aide agricole sont des contrats journaliers. De plus, il est à noter que le FOREm a diffusé 978 offres d’emploi d’aide agricole en production fruitière, légumière et végétale et que 60 % proviennent des autres services publics à l’emploi.

    En matière de rémunération dans les secteurs de l’agriculture et de l’horticulture, il est utile de souligner qu’il existe une réglementation spécifique pour le travail occasionnel. Celle-ci permet que les cotisations qui sont dues dans le chef des travailleurs occasionnels ne soient pas calculées sur la rémunération réelle, mais bien sur une rémunération forfaitaire journalière.

    La réglementation spécifie également qu’en ce qui concerne le secteur de l’horticulture, les travailleurs ne peuvent être occupés qu’à concurrence d’un maximum de 65 jours par année civile chez un ou plusieurs employeurs. En ce qui concerne le secteur de l’agriculture, ce quota s’élève à 30 jours.

    Afin de pallier les difficultés rencontrées par le secteur, outre le regroupement d’employeurs, une des pistes évoquées serait de profiter des moments creux du travail saisonnier pour dispenser des formations courtes à l’attention des travailleurs concernés.

    Dans ce sens, le Centre de compétence Secteurs Verts a organisé une formation d’ouvrier saisonnier en mai dernier, pour laquelle 85 personnes se sont inscrites et au bout de laquelle 7 personnes ont été formées. Une seconde formation sera d’ailleurs organisée aux alentours des mois de septembre/octobre.

    À l’issue de cette formation, la série de constats suivants peut être établie :
    - de nombreuses personnes ont envie de se lancer dans ce métier, mais sont très souvent freinées par l’aspect salarial du métier (les frais de déplacement ne sont pas payés) ;
    - ce type de formation/métier permet de remettre au travail certaines personnes éloignées de l’emploi sur une courte période et ensuite de faire naître des vocations (ex : pour une formation plus longue telle que maraîcher/ouvrier maraîcher) ;
    - si l’activité de l’employeur augmente, il peut faire appel à nouveau aux candidats pour la réalisation d’autres tâches liées au maraîchage et peut-être engager le travailleur ;
    - avec le salaire proposé actuellement, le métier n’est pas très « viable » ;
    - certaines personnes qui se dirigent dans ce métier sont en « reconversion professionnelle » et si elles travaillent comme ouvriers saisonniers suite à cet emploi, elles voient leurs allocations de chômage recalculées sur base de leur expérience en tant que saisonniers, c’est-à-dire diminuées (en comparaison avec les allocations de chômage liées à leur premier métier) ;
    - les employeurs sont à la recherche de main-d’œuvre locale.