/

L'essoufflement des monnaies locales

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 725 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 26/05/2023
    • de FONTAINE Eddy
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La monnaie locale se définit comme un système de paiement alternatif sur une zone géographique déterminée pour faciliter les échanges économiques entre les commerçants et les citoyens. Ces monnaies ont vécu des débuts enthousiasmants. Les citoyens ont répondu présents, se sont tournés vers les commerces et services de proximité et ont utilisé les monnaies locales avec les commerçants partenaires.

    Certaines sont très anciennes comme le Ropi, monnaie montoise ou encore le Val'heureux à Liège mises en service en 2014. L'objectif était de repenser l'argent comme un moyen d'échange et non plus comme un but en soi et d'encourager à se déplacer dans les petits commerces et auprès des producteurs locaux.

    En Hainaut, les cinq monnaies locales connaissent un ralentissement conséquent. Les commerçants qui jouent le jeu regrettent le manque de travail d'information auprès des consommateurs. Ce rôle appartient aux associations de citoyens qui ont élaboré et oeuvré au projet. L'implication des citoyens acteurs vit aujourd'hui un essoufflement. Certains comités se sont renouvelés, mais pas tous…

    Les monnaies locales demandent aussi un certain effort du consommateur : trouver un bureau où échanger ses euros, trouver les commerçants qui acceptent la monnaie locale.

    La DPR a notamment comme objectif pour le Gouvernement d'« encourager les monnaies complémentaires locales et éventuellement régionales ».

    Monsieur le Ministre constate-t-il ce phénomène de ralentissement pour toutes les monnaies locales ?

    Avec ce constat, le développement des monnaies locales reste-t-il encore un objectif du Gouvernement ?
  • Réponse du 22/06/2023
    • de BORSUS Willy
    Les monnaies locales complémentaires (MLC) – souvent lancées par des collectifs de citoyens – ont pour caractéristique principale de ne pouvoir être dépensées que sur un territoire restreint (une commune, une agglomération ou une province en général). En cela, ces monnaies proposent parfois une alternative au modèle économique standard et à l’euro qui s’utilise sur un très large territoire. En 2022, selon les informations qui me sont remontées, 17 monnaies locales existent en Wallonie, certaines sur des territoires plus vastes que d’autres, mais toutes les provinces sont munies d’au moins une monnaie locale.

    La masse monétaire en circulation (en monnaie locale) est en effet en baisse depuis 2021. Mais cela s’explique principalement par l’explosion de la masse monétaire en 2020 suite aux différents plans de relance communaux qui ont injecté des millions d’euros dans ces différentes monnaies. Depuis, les prestataires convertissent une partie de ces monnaies en euros.

    Bien que sur le papier, ces monnaies comportent plusieurs avantages potentiels : soutenir le commerce local et les circuits courts, développer une économie circulaire et recréer du lien au sein des centres-villes et des villages, en période de crise du pouvoir d’achat des consommateurs, ces derniers n’ont pas comme premier réflexe de se tourner vers ces monnaies locales. Ces dernières ont aussi des inconvénients : complexité pour les commerçants, coûts d’organisation, et cetera.

    La réflexion autour de ces monnaies locales doit être menée au niveau global : c’est en effet la redynamisation du commerce local qui est ici visée. Pour ce faire, le Gouvernement wallon, à mon initiative, a mené de nombreuses actions structurantes via le Plan Horizon Proximité notamment.

    En ce qui concerne les monnaies locales, elles ne peuvent, à mon sens, être pérennes et engranger des résultats qu’à de nombreuses conditions dont celle minimale d’un soutien actif des villes et communes. À titre personnel, je n’envisage pas de mener des actions précises visant à soutenir un nouveau déploiement de monnaies locales.