Les débouchés de l'intelligence artificielle et la création d'une filière à l'Henallux
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 726 (2022-2023) 1
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Question écrite du 26/05/2023
- de SCHYNS Marie-Martine
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
Les entreprises ont besoin de professionnels capables de développer des systèmes d'IA pour résoudre des problèmes complexes. Avec la quantité croissante de données générées chaque jour, les compétences en traitement de données et en implémentation d'algorithmes d'IA sont en effet de plus en plus recherchées. Les informaticiens spécialisés en IA seront donc très demandés sur le marché du travail actuel et futur.
Cependant, il est important de souligner les risques associés à l'IA. L'utilisation croissante de l'IA soulève des questions éthiques et des défis sociétaux. Par exemple, l'émergence de fausses informations générées par des algorithmes d'IA souligne la nécessité d'une sensibilisation aux enjeux éthiques. C'est pourquoi les étudiants du bachelier apprendront à développer un esprit critique pour distinguer le vrai du faux et devront comprendre les implications de l'IA dans différents domaines de la société.
Comment Monsieur le Ministre voit-il l'avenir économique de la Wallonie en termes d'IA ?
Une concertation a-t-elle eu lieu entre l'Henallux et l'administration wallonne ou entre la Ministre de l'Enseignement supérieur francophone et lui-même ?
Estime-t-il que c'est un secteur où il est nécessaire d'investir ?
Si oui, quels sont les moyens qu'il entend dégager et comment ?
Une réflexion afin d'encadrer le développement de la filière est-elle envisagée du côté de nos gouvernements fédéral et régional ?
Quelle analyse des risques et opportunités pour la Wallonie fait-il en la matière ?
Réponse du 20/06/2023
- de BORSUS Willy
La Wallonie dispose d'un écosystème dynamique en plein essor, illustré par la plateforme Digital Wallonia, qui favorise l'innovation et la collaboration entre les acteurs économiques, les universités et les centres de recherche agréés. Cet environnement favorable stimule l'utilisation de l'intelligence artificielle et encourage la création et la croissance de start-ups spécialisées dans ce domaine. Il y a déjà deux ans, le WING a annoncé sa spécialisation dans le financement d'entreprises opérant dans les « deep tech », dont l'intelligence artificielle fait partie.
Par ailleurs, la Wallonie s'appuie également sur un réseau solide d'institutions académiques, parmi lesquelles se distingue le projet de recherche « TRAIL ». Ce projet vise à favoriser l'émergence de talents en intelligence artificielle et à mener des recherches de pointe dans ce domaine, dans le but ultime de bénéficier aux entreprises.
Enfin, les entreprises wallonnes, quel que soit leur secteur d'activité, prennent de plus en plus conscience de la valeur ajoutée de l'intelligence artificielle pour améliorer leur compétitivité et leur productivité. Les avancées récentes en matière d'IA, largement médiatisées, contribueront sans aucun doute à accélérer encore cette tendance.
Cette dynamique est fortement soutenue par la Wallonie, notamment grâce au programme « Digital Wallonia for AI ». Ce programme soutient activement le développement de l'IA en mettant en place des mesures incitatives, des initiatives de sensibilisation, des outils et des aides financières. Son objectif est d'encourager les entreprises à adopter et à exploiter l'IA dans leur stratégie de croissance.
Au regard de l’évolution positive qui est en cours, avec le soutien du Gouvernement, l'avenir économique de la Wallonie en termes d'intelligence artificielle me semble prometteur. Il est donc prévisible que l'adoption de l'IA par les entreprises wallonnes de toutes tailles et de tous secteurs continue à progresser dans les mois et les années à venir.
En termes d’investissement, 20 millions d'euros ont été accordés au programme régional « Digital Wallonia for AI ». Ce montant s’ajoute aux 32 millions d'euros prévus pour le projet de recherche « ARIAC by DigitalWallonia4.ai ». Ces financements couvrent respectivement les périodes 2022-2024 et 2021-2026, avec pour objectif d'accélérer le développement des technologies d'IA dans le tissu économique wallon.
Pour atteindre cet objectif, nous avons mis en place de nombreuses initiatives regroupées en quatre axes clés du programme :
1) « Société et IA » vise, d'une part, à sensibiliser les citoyens et les entreprises aux enjeux de l'IA et, d'autre part, à moderniser le secteur public ;
2) « Entreprises et IA » offre un accompagnement aux entreprises et aux organisations publiques wallonnes grâce à l'expertise de professionnels de l'intelligence artificielle ;
3) « Compétences et IA » a pour objectif de soutenir la formation dans le domaine des technologies d'IA, afin de développer les compétences nécessaires à l'adoption et à l'utilisation efficace de ces technologies ;
4) « Recherche, innovation et partenariats » vise à créer des liens entre les acteurs de l'IA en Wallonie, en Belgique et à l'international, en favorisant la collaboration et en soutenant la visibilité de la recherche wallonne en IA. Plus de 50 partenaires sont impliqués dans cette dynamique.
C'est dans le cadre de l’axe 3 que s’inscrit la collaboration entre la Région et l'Hénallux. Des contacts ont bien été établis entre la Direction académique et les responsables du programme « Digital Wallonia for AI » en vue de faciliter la rencontre entre les étudiants et des experts ainsi que des entreprises spécialisées dans le domaine de l'intelligence artificielle. En outre, l’Agence du Numérique s’est engagée à mobiliser des formateurs compétents et à collecter des jeux de données pertinents, dans le but d'offrir aux étudiants un enseignement de qualité.
En ce qui concerne la question de l’honorable membre sur les risques et les opportunités de l'IA, je tiens à souligner que je considère cette technologie comme un outil complémentaire à l'intelligence humaine, absolument pas comme une forme de remplacement ou de concurrence.
Les opportunités offertes par l'intelligence artificielle sont nombreuses. C'est notamment un excellent outil pour effectuer des tâches simples et répétitives, qui ont peu de valeur ajoutée pour l’humain. En Wallonie, la majorité des projets financés dans le cadre du programme « Digital Wallonia for AI » visent à prévenir les pannes d'équipements industriels et à réduire leur consommation énergétique, à optimiser la gestion des stocks et à réduire le gaspillage alimentaire, à vérifier l'absence d'incohérences dans les documents administratifs et financiers, ou encore à détecter des anomalies dans les paramètres vitaux en milieu hospitalier.
Bien entendu, le traitement statistique des données réalisé par l'IA peut être utilisé de manière contraire au droit ou produire des résultats incorrects et non éthiques. C'est pourquoi une assistance humaine est constamment requise.
Les principaux risques que j’identifie pour la Wallonie sont de deux ordres, d’abord, le manque de compétences informatiques et de profils qualifiés pour gérer les systèmes d'information en pleine expansion. La formation doit impérativement permettre de répondre aux besoins des entreprises. Ensuite, le manque de connaissance de certaines entreprises qui risquent de passer à côté d’une évolution majeure du paysage technologique et des nombreuses opportunités qui en découlent pour leur développement.
Bien sûr, il y a aussi des risques liés à la manière dont les systèmes eux-mêmes sont programmés. Les aspects relatifs à l’éthique de l’IA font partie des considérations principales du programme Digital Wallonia, et ils font notamment partie des actions menées en collaboration avec l’équivalent fédéral du programme, « AI for Belgium ».
À ce sujet, l'Agence du Numérique a récemment été auditionnée devant la Commission chargée des questions européennes du Parlement de Wallonie pour apporter un éclairage concret sur les risques, ainsi que sur les opportunités en ce qui concerne l'utilisation et l'encadrement de ces technologies.