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L'installation à Namur du premier centre de tour de contrôle numérique aéroportuaire de Belgique

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 270 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 31/05/2023
    • de MENGONI Sophie
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre du Budget et des Finances, des Aéroports et des Infrastructures sportives
    À la fin du mois dernier, Monsieur le Ministre annonçait l'arrivée d'une nouvelle ère technologique pour les aéroports wallons. En effet, nous apprenions que le premier centre de tour de contrôle numérique de Belgique serait installé à Namur dès 2026. C'est la SOWAER qui a la charge du dossier de construction de ce nouveau bâtiment qui remplacera les tours de contrôle des différents aéroports de Wallonie afin de répondre à leur développement futur.

    Dès lors, Monsieur le Ministre peut-il nous indiquer ce qu'impliqueront ces changements dans l'organisation des aéroports et aérodromes wallons ?

    Quel impact sur la sécurité du contrôle aérien enterrera cette modification majeure ?

    De quelle manière la sécurité assurée par les tours de contrôle « physiques » sera-t-elle assurée ?

    Quelle technologie sera-t-elle utilisée pour assurer le contrôle ?

    Et enfin, y aura-t-il des conséquences en matière d'emploi, y compris au point de vue de l'organisation du travail du personnel existant ?
  • Réponse du 19/06/2023
    • de DOLIMONT Adrien
    La mise en œuvre des tours de contrôle digitales traduit la volonté pour la Wallonie de s’inscrire dans le cadre d’un écosystème numérique ambitieux.

    À l’heure actuelle, les aéroports de Liège et Charleroi ne disposent pas de tours de contrôle de contingence permettant d’assurer la continuité des services de navigation aérienne en cas d’indisponibilité des tours de contrôle. Il est impératif de remédier à cette situation afin de répondre aux exigences de l’EASA (Agence européenne de la sécurité aérienne).

    Les deux tours de contrôle existantes devront en outre être rénovées assez rapidement.

    Les tours numériques ne sont pas seulement de simples substituts aux tours traditionnelles, elles offrent également de nombreux avantages financiers, organisationnels et opérationnels par rapport à des tours conventionnelles.

    Les résultats de l'étude coûts-bénéfices réalisée par la SOWAER et Skeyes sur les différents scénarios possibles montrent ainsi que les tours de contrôle numériques constituent la meilleure option pour garantir la continuité des services de navigation aérienne et répondre au mieux au développement des aéroports wallons tout en améliorant la sécurité des opérations.

    Les plus-values offertes à la Wallonie par ces tours sont entre autres :
    - une opérationnalité accrue : les caméras qui remplacent l’œil humain avec une vision 360° sont plus efficaces en cas de « low visibility » par exemple ;
    - une gestion du personnel facilitée grâce à l’installation des 2 tours digitales côte à côte dans une salle opérationnelle située à mi-chemin entre les deux aéroports ;
    - une communication et des synergies favorisées entre l’opérateur de contrôle aérien et la SOWAER qui fréquenteront le même site ;
    - une infrastructure centrale en Région wallonne ;
    - le bien-être des travailleurs assuré grâce au nouveau projet qui devra tenir compte des besoins et réalités des contrôleurs afin de leur assurer des conditions de travail optimales.

    Dans le cas particulier des aéroports de Liège et Charleroi, ces tours auront donc un double objectif :
    - elles permettront de disposer dans un premier temps de tours de contingence qui font actuellement défaut et de maintenir ainsi l'opérationnalité totale des aéroports en cas de problèmes ou de travaux dans les tours actuelles ;
    - dans un second temps, à l’instar de ce qui s'est passé en Suède, les tours numériques deviendront les unités opérationnelles principales.

    Au niveau de la sécurité du système, les exigences techniques sont très strictes.

    Nous pouvons citer plusieurs exemples :
    - une alimentation sans interruption (UPS) et une redondance des systèmes ;
    - un blindage électromagnétique ;
    - un étage avec une entrée de sécurité séparée pour ce qui concerne l’espace opérationnel.

    Le développement de ce projet a été effectué en collaboration avec Skeyes sur base d’un accord-cadre, définissant la participation de chacun.

    Les spécificités techniques retenues ont été prises d’un commun accord afin de garantir la sécurisation des installations.

    La mise en service de la première tour numérique en Belgique est prévue pour 2026. Néanmoins, depuis fin aout 2022, un simulateur a déjà été installé dans les locaux de Skeyes à Steenokkerzeel pour permettre aux contrôleurs aériens de se former à leur futur environnement de travail.

    Pour l’équipement, Skeyes a fait appel à la technologie éprouvée de Saab Digital Traffic Solutions, entreprise suédoise qui bénéficie d’une large expérience en matière de gestion digitale du trafic aérien tant dans le domaine militaire que civil.

    En ce qui concerne la construction du bâtiment, la SOWAER, en tant que Maître d’ouvrage a attribué le marché à la société Thomas & Piron en mai dernier.

    La demande de permis devrait être introduite avant la fin du mois de juin.

    S’agissant du futur des tours actuelles, il pourrait être envisagé de procéder à leur rénovation pour qu’elles assurent la contingence des tours virtuelles au sein même des aéroports. Néanmoins, différents scénarios sont encore à l’étude.

    Pour ce qui concerne le concept opérationnel des futures tours digitales, je ne peux pas préjuger de la politique de gestion du personnel de Skeyes, mais il est bien prévu que nous soyons associés aux discussions pour l’élaboration des équipes qui seront en place dans le centre qui trouvera place à Namur.