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Les clôtures anti-gibier pour la préservation de l'environnement agricole et forestier

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 587 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 31/05/2023
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Il est d'usage d'utiliser des clôtures forestières anti-gibier pour protéger notamment les cultures agricoles, les vignobles, les parcs ou encore les vergers contre les dommages causés par des animaux sauvages, tels que les sangliers et les cervidés. Ces clôtures sembleraient être construites à partir de matériaux nécessitant l'usage de matières solides et durables ainsi qu'une importante maîtrise de leur réalisation.

    Aussi, ces clôtures ont été un exemple de réussite lors de la maîtrise de la peste porcine qui a vu la Région wallonne s'acquitter de la problématique en 26 mois.

    De plus, elles semblent permettre de préserver les plantations d'essences forestières sélectionnées dans le cadre de la lutte contre le changement climatique tout comme de protéger les jeunes arbres et favoriser leur croissance.

    Depuis 2012, la sonnette d'alarme est tirée quant à la population grandissante de sangliers et de cerfs. Quelles sont les recommandations actuelles et la stratégie conclue, pour les années à venir, entre le Gouvernement wallon et le Conseil Supérieur wallon de la Nature ?

    Comment est assurée la protection et de l'environnement et des animaux sauvages en termes de bonne évolution et reproduction ?

    Madame la Ministre a-t-elle rencontré, et la Région wallonne est-elle dans une relation de partenariat avec l'entreprise à Manhay réalisant ces clôtures, et faisant office de référence également dans nos pays limitrophes, afin d'établir une stratégie adaptée au mieux aux conditions environnementales et aux besoins de la Wallonie sur cette thématique ?

    Quels sont les objectifs à court et moyen terme ?

    Forêt résiliente, clôtures anti-gibier et régulation de la chasse : peut-elle dire qu'il s'agit d'un trio gagnant afin de redynamiser l'environnement wallon, réguler les problématiques inhérentes à la faune et vie sauvage ainsi que la préservation d'espèces nécessaires à notre biodiversité ?

    Madame la Ministre s'est-elle concertée avec son homologue le Ministre Borsus et de la FWA (Fédération wallonne d'Agriculture) afin de penser et d'élaborer une stratégie commune ?
  • Réponse du 27/07/2023
    • de TELLIER Céline
    En ce qui concerne les recommandations et la stratégie mise en œuvre actuellement pour tenter de maîtriser l’évolution des populations de cerfs et de sangliers, j’invite l’honorable membre à s’adresser au Ministre ayant la chasse dans ses attributions, à savoir mon collègue Monsieur Willy Borsus. Je précise que, même si le Pôle Ruralité section nature a tout le loisir de remettre des avis d’initiative concernant cette problématique, toute mesure prise en application de la loi sur la chasse en vue de mieux gérer ces populations de grand gibier être soumise à l’avis du Pôle Ruralité section chasse.

    Une réduction des populations de cerfs et de sangliers serait indiscutablement profitable à la fois à la biodiversité et aux intérêts de l’agriculture et de la sylviculture. Compte tenu du niveau atteint aujourd’hui par ces populations (en 20 ans, les prélèvements en cerfs et en sangliers ont globalement été multipliés par un facteur 2,5), une réduction de ces populations ne serait pas de nature à mettre en danger ces deux espèces de grand gibier. L’enjeu est double. Il est tout d’abord primordial de tenter de mettre fin à un déséquilibre, dans certains cas très flagrants et préoccupants. Ensuite, il importe de chercher à mieux ajuster le nécessaire équilibre qui doit exister entre le niveau de ces populations et leur état de conservation, d’une part, et la capacité d’accueil des milieux qui les abritent et dont ils dépendent, d’autre part.

    Même si elles sont très efficaces, les clôtures en grillage ursus ne constituent pas le seul moyen pour protéger les régénérations en forêt et prévenir les dégâts aux peuplements forestiers ainsi qu’aux prairies et aux cultures agricoles. En forêt, certains techniques sylvicoles permettent de limiter ces problèmes, à condition de ne pas être en présence de populations animales pléthoriques. On peut aussi avoir recours à des protections individuelles, qui ont notamment l’avantage de laisser la végétation accessoire à la disposition des animaux. Au niveau agricole, l’utilisation de clôtures électriques moins coûteuses et plus faciles à mettre en place ou à retirer est une solution qui permet de mieux tenir compte à la fois de la période de sensibilité des cultures et de la rotation des cultures d’une année à l’autre.

    D’une façon générale, la pose de clôtures en grillage ursus ne doit certainement pas être considérée comme une solution à préconiser absolument pour assurer la régénération de la forêt et son évolution vers une forêt mieux adaptée au dérèglement climatique. En effet, ce système présente des inconvénients, comme son coût très élevé, les entraves à la libre circulation des animaux, la soustraction de surfaces qui peuvent être importantes et qui risquent dès lors d’accentuer la pression sur les surfaces libres d’accès pour le grand gibier. Mais dans un certain nombre de situations, il s’agit d’une solution difficilement évitable.

    En tant que pouvoir public soumis à la loi sur les marchés publics, l’administration forestière n’a aucun partenariat privilégié avec l’entreprise à laquelle il fait allusion. Cette entreprise n’est d’ailleurs pas la seule à être intervenue dans le déploiement des clôtures en grillage ursus dans le cadre de la lutte contre la peste porcine africaine chez les sangliers.

    Je lui rappelle enfin que les décisions sont adoptées par le Gouvernement wallon, à l’initiative des Ministres chargés de lui faire des propositions dans le cadre de leurs compétences respectives. Il y a donc nécessairement une concertation entre les Ministres du Gouvernement. Quant à la Fédération wallonne de l’Agriculture, elle représente un des secteurs concernés par cette problématique, dont l’avis doit effectivement être pris en compte autant que possible, de manière équilibrée avec les intérêts des autres parties prenantes.