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La prolifération de l’ambroisie et l’impact de son pollen

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 589 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 31/05/2023
    • de WITSEL Thierry
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    La population est touchée à chaque retour du beau temps par le pollen. Les symptômes sont bien connus.

    Une nouvelle plante fait son apparition en Belgique, l'ambroisie. Elle nous vient des États-Unis et a été importée accidentellement en Europe dans la seconde moitié du 19e siècle.

    L'ambroisie est une plante envahissante avec un haut taux de pollen et qui s'étend de plus en plus en Belgique. Un observatoire a été mis sur pied en Wallonie il y a 3 ans déjà afin de stopper sa propagation.

    Au vu de la place que cette plante prenait en France, la Belgique a réagi directement et dès la racine du problème.

    Sa prolifération impacte la durée de la saison pollinique et donc du nez qui coule, des yeux qui piquent et de la gorge qui gratte, sans compter les effets secondaires des médicaments, amenant souvent à un état de fatigue. La durée des symptômes peut s'étendre jusqu'en octobre et si des actions ne sont pas menées, un réel problème de santé publique va exister. Pour éradiquer l'ambroisie, il faut enlever la racine, mais en juillet-août, les réactions allergiques sont très fortes en réalisant cette action. L'observatoire se déplace muni de combinaisons pour aider le citoyen, et ce gratuitement.

    Quelles sont les actions que Madame la Ministre met en place face à ce phénomène ?

    Quelle est la stratégie de l'Observatoire pour stopper la prolifération de l'ambroisie ?

    Cela risque-t-il d'impacter d'autres plantes ?

    Quel est le bilan de ces 3 années d'existence pour l'Observatoire ? Comment est-il financé ?

    Madame la Ministre travaille-t-elle de concert avec la Ministre de la Santé, Christie Morreale, pour gérer cette problématique de santé publique ?

    J'ai pu lire qu'il y avait une participation citoyenne, comment ceux-ci sont-ils informés afin de reconnaître ces plantes ? Que peuvent-ils faire lorsqu'ils en détectent ?
  • Réponse du 09/08/2023
    • de TELLIER Céline
    Il est important de souligner que seule une des trois espèces d’ambroisie présente en Wallonie, A. artemisiifolia, pose un réel problème de santé.

    Pour répondre à ce problème, l’Observatoire wallon des ambroisies (OWA) a été créé en octobre 2019. Les objectifs de cet observatoire sont premièrement l’observation et le relevé cartographique, deux actions primordiales pour objectiver la manière dont l’ambroisie se déploie sur le territoire wallon, mais également la destruction des colonies détectées et leur suivi au cours du temps pour confirmer leur éradication.

    Au cours de ses premières années, l’OWA a mené de front des actions de terrain ainsi que le développement de divers outils de communications (brochures, articles de presse, newsletters, site web, webinaires, et cetera) et la dispense de formations à destination d’acteurs de terrain.

    Ces outils de communication ont permis d’accroître le nombre d’observations encodées pour A. artemisiifolia et d’initier une dynamique s’appuyant sur un réseau d’acteurs concernés. Toutes les données, y compris celles existant avant l’entrée en fonction de l’observatoire, ont été compilées et donnent une représentation du niveau d’invasion minimal de l’espèce à l’échelle de la Wallonie. Complémentairement aux 146 populations encodées au cours des 22 dernières années, 25 populations ont été retrouvées en 2020, 37 en 2021 et 43 en 2022. Ces populations étaient en général de petite taille.

    Pour plus de la moitié de ces populations, un lien a pu être établi avec la présence sur le site de graines pour oiseaux ou boules de graisse pour oiseaux. En effet, les mélanges de « graines pour oiseaux » ou les populaires « boules pour oiseaux » sont produits à partir de stocks de graines pouvant être récoltées dans des pays où des plants d’ambroisie sont présents dans les champs. Des graines de cette plante invasive sont ainsi involontairement introduites en Wallonie suivant une chaine qu’il semble très difficile de briser.

    Toutes les populations déjà identifiées ou nouvellement signalées à l’OWA font l’objet d’un suivi. Même après une opération de gestion (différents traitements sont possibles dont l’arrachage manuel des plants, racines comprises), il est nécessaire de revenir sur ces terrains les années suivantes pour évaluer l’efficacité des actions de lutte et gérer la problématique spécifique des banques de graines. En effet, cette plante invasive peut constituer des réserves de graines dans le sol qui peuvent germer encore plusieurs années par la suite. Cette propriété complique encore la gestion à long terme de cette plante invasive.

    En termes d’interaction avec les autres plantes, l’ambroisie est avant tout une espèce rudérale. Cela signifie qu’elle se développe sur des espaces inoccupés ou « là où les autres plantes ne poussent pas ». Là où d’autres plantes prospèrent, l’ambroisie a peu de chance de s’implanter, sauf si on y importe spécifiquement beaucoup de graines comme cela a été constaté avec les mélanges pour oiseaux.

    Même s’il a été clairement établi que l’ambroisie est présente sur le territoire wallon depuis de nombreuses années, sa répartition correspond à un stade précoce d’invasion. Les zones favorables à l’installation de l’espèce en Wallonie ont été modélisées dès 2020. Il apparaît qu’actuellement, l’espèce ne peut pas véritablement s’installer en Ardenne. Les vallées de la Sambre et de la Meuse, ainsi que la Hesbaye et la Fagne-Famenne, constituent les zones les plus propices à l’installation de la plante et font depuis lors l’objet d’une surveillance accrue.

    Les conséquences du dérèglement climatique auxquelles nous sommes confrontés devront être prises en compte pour définir comment celles-ci impacteront à l’avenir les capacités de dispersion de l’ambroisie sur notre territoire.

    L’OWA a été mis en place dans le cadre de la fiche action I-10-2 du Plan ENVIeS. L’attribution de la mission a été faite dans le cadre d’un marché public qui fixait différentes exigences figurant dans cette fiche action. C’est l’ULg-Gembloux Agro Bio Tech qui a été sélectionnée à l’issue de cette procédure. Une Convention pluriannuelle validée par le Gouvernement wallon encadre le financement de la poursuite des missions.

    En ce qui concerne l’information des citoyens, l’OWA dispose d’une brochure explicative et d’un site hébergé par le Portail Environnement-Santé de la Région wallonne. L’Observatoire a été impliqué au cours de dernières années dans différentes actions de communication sur le sujet : plusieurs articles de vulgarisation dans des revues s’adressant à des publics spécialisés [Union des villes et des communes, Adalia 2.0, et cetera], animation d’une page Facebook, articles grand public dans la presse, et cetera. La brochure a également été distribuée au cours de différents évènements auxquels a participé l’Observatoire, au cours des formations dispensées aux communes et aux partenaires de son réseau d’observation. Elle est aussi distribuée aux riverains des sites de présence identifiés.

    Un citoyen qui détecterait une population d’ambroisie peut contacter directement l’Observatoire.