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L'addiction aux opioïdes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 460 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 31/05/2023
    • de BERNARD Alice
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Codéine, Fentanyl, Tramadol... ces médicaments de la famille des opioïdes ou opiacés, sont bien connus des personnes souffrant de douleurs graves et de douleurs chroniques. Mais ils sont également bien connus pour être hautement addictifs.

    Or, en Belgique, la prescription de ces médicaments dérivés de l'opium a doublé en 15 ans. Une évolution due certes en partie au vieillissement de la population et à l'augmentation des cancers, mais aussi et surtout à l'hyper-médicalisation des problèmes de douleur, qui touchent 27 % des Belges.

    Aux États-Unis, les opioïdes sont responsables d'une véritable épidémie. Selon les autorités sanitaires là-bas, plus de 80 000 personnes sont mortes de l'addiction aux opioïdes en 2021, soit une personne toutes les sept minutes.

    Face à ce risque mortel de dépendance, les experts déplorent un laisser-aller des autorités et un manque de moyens pour l'encadrement des médecins et des patients.

    Pourquoi l'AViQ ne renforce-t-elle pas la formation continue des professionnels de la santé afin qu'ils soient mieux armés face au démarchage des entreprises pharmaceutiques qui s'enrichissent grâce à la vente de ces produits à haut risque de dépendance ?

    Pourquoi ne pas favoriser une approche psycho-médico-sociale de la douleur en investissant davantage non seulement dans le suivi hospitalier (cliniques de la douleur et centres de revalidation et médecine physique) mais aussi dans une prise en charge par la première ligne (comme le font les maisons médicales) ?
  • Réponse du 06/06/2023
    • de BERNARD Alice
    La crise des opioïdes n’est pas nouvelle. Les États-Unis et le Canada ont connu une hausse rapide de l’usage d’opioïdes (avec et sans prescription) avec pour effet une augmentation importante de décès par overdose depuis le milieu des années 2010.

    Cette thématique nécessite une approche globale. Plusieurs actions sont mises en œuvre aux différents niveaux de pouvoir. Rappelons préalablement que la prise en charge de la médication des patients relève des compétences du Fédéral, tout comme la formation continue des professionnels de soins prescripteurs. Un guide des bonnes pratiques à l’attention des dispensateurs de soins a d’ailleurs été édité en 2018 par l’INAMI sur « L’usage rationnel des opioïdes dans la douleur chronique ».

    Depuis 2013, chaque hôpital aigu en Belgique reçoit un financement pour l’installation d’une équipe algologique multidisciplinaire (un médecin coordinateur ainsi qu’un soutien infirmier et psychologique).

    Plus récemment, en janvier 2023, le Sénat a adopté une résolution relative à la mise à disposition de la naloxone en vue de réduire le nombre de décès liés aux surdoses d’opioïdes. La naloxone est l’antidote à administrer d’urgence en cas d’overdose aux opioïdes. Le secteur plaide pour un accès généralisé à ce produit.

    La thématique a été discutée au sein de la Cellule générale politique drogue afin de réviser les politiques relatives à la naloxone et d’accroître la formation et la sensibilisation à la fois des usagers de drogues et des professionnels susceptibles d’être en contact avec ces produits.

    Au niveau wallon, dans les compétences qui sont les nôtres, plusieurs actions participent à la prévention d’une crise telle que l’ont connue les États-Unis. En prévention des assuétudes, nous travaillons à la reconnaissance sur le long terme des acteurs de la réduction des risques.

    Aussi, le Gouvernement wallon vient de statuer sur la prolongation de la salle de consommation à moindre risque de Liège, notamment sur la base de l’évaluation produite par l’AViQ. En effet, les salles de consommation à moindre risque sont un des outils reconnus dans l’arsenal de lutte contre les overdoses et autres risques sociosanitaires encourus par les consommateurs de drogue. Nous travaillons également à la révision d’un cadre approprié pour le secteur des assuétudes.