Les pertes financières de Carrefour et les perspectives pour le milieu des magasins en Région wallonne
- Session : 2022-2023
- Année : 2023
- N° : 758 (2022-2023) 1
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Question écrite du 06/06/2023
- de CRUCKE Jean-Luc
- à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
En février 2023, la société mère française avait déjà annoncé que ses magasins belges étaient devenus déficitaires, mais sans donner de chiffre concret. Cette perte est d'ailleurs inquiétante lorsqu'on sait que Carrefour a vendu sa participation de 25 % dans le groupe wallon de supermarchés Mestdagh pour un montant de 41 millions d'euros.
Cette perte est notamment la suite des fortes pressions de l'inflation. La chaîne n'a pas pu répercuter intégralement la hausse de ses coûts en raison de la concurrence acharnée que se livrent les supermarchés en Belgique.
Cependant, il semble que Carrefour s'en remette, car ses ventes ont rebondi de 9,9 % au cours de trois premiers mois de l'année 2023, ayant aussi bénéficié de la crise chez Delhaize.
Il faudrait donc rester attentif à la situation économique, sociale, et politique des magasins en Belgique ainsi qu'en Région wallonne !
Combien de Carrefours sont installés en Région wallonne ?
Combien de personnes sont employées en Région wallonne ?
Quel est le poids économique de cette entreprise dans notre Région ?
Qu'en est-il de la nature et de la répartition des accords commerciaux et juridiques sur le sol wallon pour cette entreprise ?
Quels sont les échos que Monsieur le Ministre a obtenus au sein de son cabinet à ce sujet ?
Quelles sont les perspectives pour le milieu des magasins en Région wallonne ?
Quelles sont ses observations concernant l'impact effroyable de l'inflation au cours de l'année 2022 ?
Y a-t-il des évolutions positives et/ou négatives ?
Réponse du 28/06/2023 | Annexe [PDF]
- de BORSUS Willy
En 2021, la part de Carrefour dans le marché belge était la plus importante du point de vue du chiffre d’affaires avec plus de 20 % en 2021. Cette part est plus faible pour la valeur ajoutée (17 %) et pour l’emploi (16 %). La part de Carrefour décline, depuis un pic atteint en 2016 pour ces trois dimensions. Voir graphique en annexe.
Après une année 2022 compliquée, marquée par une perte de 62 millions d’euros, Carrefour Belgique annonce des perspectives plus positives pour 2023.
La situation de Carrefour Belgique est relativement similaire aux autres enseignes de la grande distribution. En effet, l’année 2022 a été marquée par une flambée des prix des produits alimentaires en raison de l’augmentation des coûts sur l’ensemble de la chaine d’approvisionnement, dont ceux de l’énergie, des matières premières et de la main-d’œuvre.
Ainsi, selon une étude de Test Achats, les supermarchés belges étaient plus chers d’environ 15 % en 2022 par rapport à l’année précédente. Face à cette rétractation du pouvoir d’achat pour les ménages, les consommateurs achètent moins et moins cher. Par conséquent, une analyse de McKinsey a mis en évidence la forte croissance des « hard-discounters » ces derniers mois. De plus, selon une analyse de Comeos, si le chiffre d’affaires des principales enseignes du pays a progressé ces derniers mois, cette progression est moins marquée que dans les autres pays, tandis que le bénéfice net moyen du secteur avait atteint un niveau historiquement bas de 1.29 % en 2021. Au vu de cette situation dramatique, Comeos estime que 20 % des supermarchés belges sont structurellement en difficulté.
Il me parait important de noter que, comme pour le secteur de la distribution, les différentes charges ou surcharges qui impactent le prix des produits alimentaires, le phénomène de fuite de la consommation vers l’extérieur de nos frontières et vers l’e-commerce. Il s’agit d’un point qui doit absolument retenir toute l’attention des différents Gouvernements, fédéral et régionaux.
Pour terminer, concernant la question de l’honorable membre sur la nature et la répartition des accords commerciaux et juridiques de Carrefour, je ne peux lui répondre puisque ces derniers relèvent des prérogatives de l’entreprise comme acteur privé dans un marché concurrentiel.