/

Les risques d’incendie en Région wallonne et la culture du risque

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 603 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 09/06/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    L'été 2023 en Région wallonne risque d'être chaud et l'objet de tous les dangers pour nos citoyens ! L'important incendie dans la Région des Hautes Fagnes de ce lundi 29 mai 2023 nous rappelle à quel point les changements climatiques nous amènent à revoir nos politiques publiques et s'adapter aux nouveaux dangers.

    Il est aussi question de se préparer en termes de capacités pour pouvoir faire face à d'autres possibles incendies afin de sauvegarder notre nature et nos citoyens. Tâchons de rappeler les incertitudes et les difficultés à prévoir ce genre de phénomène tant la Belgique ne figurait pas sur la carte des zones de sécheresse de l'UE en mai 2023.

    Selon un communiqué du Service public de Wallonie, les dégâts dépassent tout de même les 170 hectares, soit l'équivalent de plus de 230 terrains de football.

    Selon le Service public de Wallonie, cet incendie aurait été causé par une activité humaine, car aucun phénomène naturel pouvant expliquer un départ de feu, tel qu'un orage ou de la foudre, n'a été constaté dans cette zone difficile d'accès. L'enquête en cours devra déterminer s'il s'agit d'un acte de négligence, comme un camping illégal, ou d'un incendie criminel.

    Compte tenu des éléments de réponse durant la séance plénière du parlement du 31 mai 2023, il s'agit de mieux nous concentrer sur la mise en place des forêts plus « résilientes » et « robustes » tout en développant une meilleure culture du risque.

    Tâchons aussi de nous réjouir du développement des capacités du Centre de coordination de la réaction d'urgence de l'UE qui a doublé ses capacités de sa flotte de lutte contre les incendies, avec 28 appareils au total.

    Madame la Ministre pourrait-elle nous en dire plus concernant le calendrier concernant la mise en place d'une cartographie des zones à risque d'incendie en Région wallonne ?
    Quel est l'échéancier ?

    Qu'en est-il de la mise en place d'une cellule de vigilance spécifique aux incendies en Région wallonne ?

    Devrions-nous prévoir un organigramme plus développé pour surveiller et analyser les prévisions et potentialités de phénomènes climatiques extrêmes en Région wallonne ?

    Serait-il judicieux, vis-à-vis des discussions interfédérales, de faire remonter nos préoccupations et nos analyses au Centre de coordination de la réaction d'urgence de l'UE ?

    Quelles sont les aides de coordination entre ce centre européen et la Région wallonne ?

    Devrions-nous y apporter un plus grand soutien de quelconque nature ?

    Pourrait-elle rappeler les mesures publiques prises par son ministère concernant le Plan pour une forêt résiliente et robuste ?

    Quelles sont les pistes de réflexion pour mieux développer la culture du risque en Région wallonne ?
  • Réponse du 07/07/2023
    • de TELLIER Céline
    L’accélération des phénomènes climatiques extrêmes nous invite effectivement à analyser les possibilités d’optimiser nos moyens et mesures de prévention. Le Département nature et forêt (DNF) réalise un travail conséquent en ce sens, en bonne collaboration avec les différents niveaux de pouvoirs.

    Une première cartographie a été élaborée par le DNF en 2016-2017. Celle-ci est disponible et sert notamment à accentuer les mesures de surveillance en période de sécheresse. Le DNF travaille effectivement actuellement à sa mise à jour. Elle doit se concevoir comme un outil interne afin de guider l’action du DNF dans ses mesures de surveillance, dans le déploiement de moyens de prévention (cartographie des accès, et cetera) et dans l’objectivation du risque. C’est un travail conséquent, de longue haleine, nécessitant des mises à jour très régulières.

    Concernant la cellule de vigilance, le DNF va effectuer un suivi rigoureux des indices météorologiques, dont l’indice IFM (Indice Forêt Météo), de manière à pouvoir détecter l’entrée dans un cycle propice aux risques d’incendie en milieux naturels. Auparavant, cette surveillance se faisait déjà, mais de manière un peu moins structurée et sur base uniquement des constatations de terrain et de prévisions météo classiques.

    L’accélération et la multiplication des phénomènes anormaux nous amènent à adapter notre approche. Cependant, les constatations de terrain seront toujours nécessaires et feront également partie de l’appréciation. Lorsque la situation le demandera, c’est un CELEX « incendie », dont l’opérationnalisation est en cours, sous l’égide du CRC, qui prendra le relais. Le DNF alimentera alors le CELEX avec ses constats, au même titre que ses autres membres.

    2023 sera donc une première année au cours de laquelle les mécanismes vont se mettre en place et se roder. Dans la logique de gestion des risques voulue par le Gouvernement, chaque service est responsable d’identifier et de prévenir les risques en lien avec ses compétences. Une coordination et un appui sont apportés par le Centre régional de crise qui, le cas échéant, active des cellules d’expertise pour anticiper les conséquences de phénomènes extrêmes.

    Concernant l’ERCC, la Région n’étant pas compétente en matière de sécurité civile, la question ne se pose pas directement. À la base de la réponse européenne, il y a le « EU Civil Protection Mechanism » et « RescEU ». RescEU n’est d’ailleurs pas actif que sur les feux de forêt, mais également sur d’autres thématiques :
    • medical emergencies ;
    • chemical, biological, radiological, and nuclear incidents ;
    • mobile shelters ;
    • emergency transportation ;
    • electricity supplies.

    C’est financé à 100 % par l’Union européenne, donc les États membres. Il n’y a pas de cotisation à acquitter pour en bénéficier.

    J’ai par ailleurs contacté ma collègue du Fédéral, la Ministre Verlinden, pour que nous puissions, à la lumière des expériences vécues, faire le point sur les ressources et moyens disponibles pour lutter le plus efficacement contre les feux. J’ai rappelé que je me tenais à ses côtés pour que les services du Département nature et forêt puissent continuer à collaborer le plus efficacement avec la sécurité civile.

    En ce qui concerne l’appel à projets « Forêts résilientes », il vise effectivement la promotion de mesures d’amélioration de la résilience des forêts en incitant les propriétaires et gestionnaires à recourir davantage à la sylviculture mélangée à couvert continu, à la diversification des essences, au recours à la régénération naturelle. Ces méthodes sylvicoles renforcent la capacité des forêts à faire face aux événements climatiques et limitent l’impact potentiel d’un événement perturbateur.

    Ce programme, initié en 2021, s’est poursuivi en 2022 et 2023. Il se poursuivra encore en 2024 et vise tant les propriétés publiques que privées.

    La mise en place des cellules d’expertise, la rédaction de procédures et autres plans visant à se préparer à des événements extrêmes font partie intégrante de la culture du risque. La sensibilisation, l’information et la formation des agents aux différents risques encourus dans le cadre de leur travail, mais aussi vis-à-vis des matières et milieux dont ils assurent la gestion sont un autre volet. Le SPW-ARNE, via ses structures de communication interne, fait percoler ces messages à l’ensemble de ses agents.

    En termes de dispositif réglementaire, le décret relatif à la gestion des risques et des crises par la Région wallonne, adopté en troisième lecture par le Gouvernement le 8 juin 2023, introduit pour la première fois le concept de culture du risque comme outil de la résilience face aux risques naturels. Ce texte prévoit notamment que la Région wallonne développe un centre de connaissances sur les risques, collabore avec les autres acteurs pour développer la culture du risque, et puisse soutenir des initiatives locales en vue de développer la culture du risque. En interne de l’administration, cela se traduira notamment par des campagnes de sensibilisation et d’information sur le risque, et par le développement d’un programme de formation. Vis-à-vis de la population, la Région wallonne s’associera aux acteurs locaux pour informer et sensibiliser face aux risques.