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L'exploitation de sablières en Wallonie et la suffisance d'approvisionnement

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 776 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 09/06/2023
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En Belgique, la consommation de sable s'élève à 4 millions de m³ dont 1,5 million pour la maintenance des plages et 2,5 millions pour la construction. Malheureusement, le sable, une fois dans le béton ou le bitume, n'est pas récupérable. Ce n'est donc une ressource ni recyclable ni renouvelable !

    Rappelons que dans les années 80, il y avait au bas mot 80 sablières. Aujourd'hui, il n'y en a plus que 5 dont 3 en BW.

    D'ailleurs, l'extension de la sablière des sociétés "Les Trois Foncières" et "Hoslet" sur Chaumont-Gistoux et Walhain devrait bientôt se confirmer. Les conseils communaux des deux communes ont approuvé trois conventions pour encadrer son exploitation moyennant certaines conditions relatives aux nuisances sonores et au trafic des camions. L'exploitation de Mont-St-Guibert pourra donc s'étendre de 47 hectares, ce qui donnera une pérennité de 25 ans encore d'exploitation.

    À la lumière de cette décision, quelle est désormais l'analyse de Monsieur le Ministre de la situation de l'exploitation du sable en Wallonie ? Disposons-nous de suffisamment de ressources locales pour les 20 prochaines années ?

    Dès lors que le sable est primordial, que compte-t-il mettre en place afin d'assurer des conditions d'exploitation compatibles avec une gestion optimale des ressources et le respect d'éventuels riverains ?

    Dispose-t-il d'un inventaire des sites d'exploitation potentielle ?

    Est-il saisi de nouvelles demandes d'extension de sablière ? Si oui, pour quelles capacités ?

    Enfin, soutient-il financièrement ou accompagne-t-il des recherches de nouveaux gisements de sable en Wallonie ?
  • Réponse du 04/07/2023
    • de BORSUS Willy
    En juin 2023, on dénombre 251 entreprises belges dans le secteur de l’extraction de sable (entreprises qui déclarent parmi leur code d’activité le NACE 08122) de statut « active », dont 102 en Wallonie (Source : Belfirst), 130 en Flandre et 22 à Bruxelles.

    La plus grande entreprise ayant son siège social en Wallonie en termes de valeur ajoutée est Hoslet qui comptait 56 employés en 2021 pour une valeur ajoutée de 3,2 millions d’euros. En termes économiques, le secteur de l’extraction en Wallonie est « de petite taille » avec une valeur ajoutée en 2021 de 17 millions d’euros pour 175 emplois et des bénéfices de 2,7 millions d’euros.

    Le secteur apparait d’autant plus « petit » quand on considère que, parmi ces 102 entreprises, figurent plusieurs entreprises dont l’extraction de sable n’est pas l’activité principale (Bétons préparés et manufactures du namurois qui compte 25 emplois en 2021, Laurent et fils - centre de tri de déchets de construction - qui représente 17 employés en 2021 et Binche béton avec 25 employés), sans compter des entreprises de construction et autres entités de très petite taille. L’entreprise Renewi n’entre pas dans ce périmètre wallon, car elle n’a pas de siège social en Wallonie, seulement des unités d’établissement.

    Le volume d’activité en Flandre est plus élevé avec une valeur ajoutée de 160 millions et un emploi de 807 travailleurs en 2021, dont un peu moins de la moitié pour la seule entreprise Sibelco.

    Pour les trois régions belges, la valeur des importations de sable est supérieure aux exportations. Dans le cas de la Wallonie, les importations sont nettement supérieures aux exportations jusqu’en 2017, elles s’égalisent en 2018 et la prédominance des importations s’accroit de nouveau depuis lors. La prédominance des importations par rapport aux exportations de sable est légèrement moindre en Flandre. Au final, la Belgique est importatrice nette de sable de manière récurrente.

    Les principaux partenaires économiques pour l’importation de sable sont les Pays-Bas et l’Allemagne qui comptent pour 75 % à 85 % des importations selon l’année. Quant à nos exportations, elles sont majoritairement à destination du Grand-Duché du Luxembourg ces dernières années. Les volumes sont toutefois faibles puisqu’en 2022, la Wallonie a importé pour 11,6 millions d’euros de sable et en a exporté pour 6,5 millions d’euros.

    Il existe plusieurs documents de référence relatifs à l’exploitation des sablières en Région wallonne, dont notamment l’étude « Poty » réalisée par l’Université de Liège entre 1995 et 2001, qui donne un inventaire des ressources du sous-sol wallon, avec une actualisation en 2010, et une étude réalisée en 2011 à la demande de FEDIEX, intitulée « Le sable naturel en Région wallonne : impact socio-économique de l’extraction en Brabant wallon ». D’après ces documents, pour la Belgique, les chiffres du marché sont les suivants : 3,5 millions de tonnes (Mt) de sable produit en Flandre, 7 Mt de sable produit en Wallonie (dont 3 Mt de sable naturel et 4 Mt de sable de concassage), 8,6 Mt de sable importés des Pays-Bas, d’Allemagne et du Royaume-Uni, soit un total de 18,6 Mt de sable par an, alors que les besoins en sable de construction pour la Wallonie sont estimés à 6,7 Mt par an. On pourrait en déduire qu’avec 7 Mt produites, la Wallonie est autonome, mais la loi du marché fait qu’elle exporte une partie de son sable compte tenu du transport qui, outre l’impact CO2, est déterminant en matière de coût, le prix du sable pouvant tripler suivant la distance parcourue. Ainsi, 30 % du sable du Brabant wallon alimente Bruxelles et la Flandre, tandis que la région de Liège doit en importer.

    On relève donc que la production de sable en Wallonie atteint 7 Mt par an, dont 3 Mt de sable naturel (2 Mt extraits en Brabant wallon), et 4 Mt de sable artificiel issu du concassage de roches naturelles ou du recyclage de matériaux de construction. Cette dernière ressource, fondée sur une économie circulaire et un développement durable, est une filière qu’il convient naturellement d’encourager.

    Il est exact que le nombre de sablières s’est significativement réduit depuis les années 80, mais à l’image d’autres activités économiques, l’exploitation s’est concentrée sur des sites beaucoup plus grands avec des productions bien au-delà de celles des sablières des années 80, ce qui fait qu’au final, la production globale de sable n’a pas diminué depuis.

    Quant à la gestion des ressources naturelles, telle que l’étude de nouveaux gisements, et les conditions d’exploitation, il s’agit de compétences qui relèvent de l’environnement, une matière gérée par ma collègue, Mme Céline Tellier.

    Toutefois, pour les aspects relevant de l’aménagement du territoire et plus particulièrement du plan de secteur, mes services relèvent que l’exploitation de la sablière de Mont-Saint-Guibert s’est étendue sur 47 ha en 2016, ce qui lui conférait de l’ordre de 23 ans de réserves, tandis que l’exploitation de la sablière de Chaumont-Gistoux s’est étendue sur 110 ha en 2017, ce qui lui conférait au moins 30 ans de réserves. Sur cette base, on constate que les deux plus grandes sablières, situées en Brabant wallon, on fait l’objet de révisions du plan de secteur leur assurant une production, respectivement jusqu’en 2035 et 2045 au minimum. Dans le Sud Luxembourg, la Sablière Lannoy a quant à elle fait l’objet d’une extension de l’ordre de 28 ha en 2022. Par ailleurs, deux dossiers de révision du plan de secteur pour des sites produisant du sable sont en cours dans le Sud Luxembourg. La Région wallonne n’est donc pas dans une situation de crise d’approvisionnement en sable à court terme. À moyen terme, il s’agira toutefois de mobiliser de nouveaux gisements.

    À cet égard, l’inventaire des sites potentiels d’exploitation a été réalisé dans le cadre de l’étude « Poty ». En ce qui concerne le sable, cette dernière considère qu’il faudrait l’équivalent de 10 ha de gisement par an pour maintenir la production dans le futur. Des ressources sont disponibles, mais les contraintes environnementales sont de plus en plus importantes.