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Le soutien du Gouvernement wallon à la culture du chanvre

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 777 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 09/06/2023
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    On le sait sans doute peu, mais une partie du lin cultivé en Belgique l'est à destination de l'industrie textile. Cela reste certes très modeste, mais les stratégies de circularité chères à l'Europe et à la Wallonie, ainsi qu'une (lente) relocalisation de l'industrie textile sur le Vieux Continent sont porteurs de développement.

    Mais en matière de fibre textile naturelle, il n'y a pas que le lin. Le chanvre offre aussi un gros potentiel que Valbiom, association qui accompagne le développement de l'économie biosourcée, entend faire connaître des agriculteurs wallons.

    Les opportunités que peut offrir le chanvre, Robert Masson veut y croire. Pourtant, l'agriculteur de Ramillies a vécu, en 2018, la faillite de Be. Hemp, société dont il était administrateur et qui était active dans la transformation du chanvre. Principalement pour l'isolation et le secteur automobile. Les déboires ont été d'ordre industriel, de gestion et sans doute le marché n'était-il pas encore assez mûr pour une filière qui s'est installée trop tôt, dit Robert Masson. Il ne faudrait donc pas revivre la même mésaventure lors de laquelle les agriculteurs qui ont participé au projet via la coopérative Belchanvre ont bu le bouillon.

    " Développer une filière pour le textile c'est positif, mais il faut être conscient que ce sera très peu d'hectares à valoriser ", estime l'agriculteur brabançon. Parce qu'il faudra trouver des acheteurs, parce que la concurrence étrangère est féroce et parce que les rendements ne pourront être rentables que sur les meilleures terres, dit-il. " Mais quel agriculteur, ici (NDLR: en Hesbaye) va semer du chanvre quand on lui donne 2 500 euros de l'hectare pour y mettre des pommes de terre? "

    Le chanvre wallon pour le textile, d'accord, dit Robert Masson. Mais il faut aussi travailler sur tous les autres débouchés que peut offrir cette plante. Et ils sont nombreux: isolation, alimentation, produits thérapeutiques, insecticides naturels, biomatériaux (pour l'automobile notamment)… et même énergie. Des recherches récentes ont ainsi montré que le résidu de fibre de chanvre brûlée pourrait remplacer le lithium des batteries. " Tous ces débouchés, j'y crois, dit Robert Masson. Mais pour que cela fonctionne et profite aux agriculteurs, il faut que les lobbies (pétroliers et pharmaceutiques) cessent d'interférer, que les industriels se lancent et que les politiques soutiennent ces développements. "

    Car aujourd'hui, il n'existe qu'une usine de teillage (extraction de la fibre des tiges) en Wallonie, à Villers-le-Bouillet. Mais l'essentiel de la filature s'effectue encore en Chine…

    Mais la demande en produits "locaux", tant de la part des industriels que des consommateurs, pourrait permettre à nos agriculteurs de participer au développement d'une filière pour la confection de vêtements labellisés "made in champs wallons". Avec, ce qui ne gâche rien, l'intérêt purement cultural du chanvre. Une plante qui peut parfaitement s'insérer dans les plans de rotation, résiste plutôt bien tant à la sécheresse qu'à l'excès d'eau et ne demande quasiment pas de produits phytos.

    Face à l'interpellation de nombreux agriculteurs concernant l'avenir de la culture du chanvre dans notre région, quels sont les initiatives et soutiens financiers envisagés par le gouvernement wallon pour développer cette culture et lui assurer une transformation industrielle et commerciale en Wallonie ?
  • Réponse du 04/07/2023
    • de BORSUS Willy
    Outre les difficultés techniques rencontrées par l’usine de défibrage BE.Hemp, il faut également préciser que le contexte économique relatif au chanvre en 2018-2019 a sans doute également contribué à l’échec de cette entreprise. En effet, il faut se rappeler que les prix de la fibre courte de chanvre ont chuté pour passer de 650 à 450 euros la tonne. Actuellement, selon le CER, elle se situerait aux alentours de 800 euros, ce qui pourrait représenter un revenu non négligeable pour l’agriculteur en recherche de diversification. À cette époque, le chanvre était cultivé sur plus de 500 ha par une centaine d’agriculteurs. Actuellement, moins de cent ha de chanvre occupent le territoire wallon. Il est donc impératif de mettre tout en œuvre pour relancer la filière tant au niveau de sa production, de sa transformation que de sa commercialisation.

    C’est pourquoi différentes initiatives ont été lancées afin de soutenir ce secteur. L’ASBL VALBIOM au travers de sa convention-cadre bénéficie d’une subvention annuelle de 483 000 euros dont une des activités de son programme est le développement de la filière chanvre wallon. L’ASBL mène par exemple, depuis 2020, des essais pour introduire le chanvre textile en Wallonie allant jusqu’à la création de tissus, en partenariat avec les industriels du secteur. Le développement d’une filière chanvre permettra de capitaliser sur un savoir-faire existant en Belgique, notamment en bénéficiant des acquis liés à l’industrie textile du lin. En outre, l’industrie textile se réorganise en relocalisant des maillons clés en Europe. Il est à noter que le prix du chanvre textile fibre longue suit le prix du lin qui a doublé en un an et demi.

    D’autres projets tant wallons qu’européens ont également vu le jour sur cette thématique. Il s’agit notamment, dans le cadre de Circular wallonia de la mission « Business développer » (2021-23) pour laquelle VALBIOM accompagne le développement d’une filière textile locale et biosourcée avec pour objectif de concrétiser la production et la mise sur le marché de produits en fibres végétales locales.

    Via le projet RAWAC financé par le PRW (max 120.000€ pour 3 ans) initié par Madame Tellier, Ministre de l’Environnement auquel j’ai collaboré avec Monsieur Henry, Ministre du Climat, VALBIOM et Greenotec sont chargés d’accompagner les agriculteurs du groupement pour tout ce qui concerne la culture du chanvre graine, chanvre fibre, chanvre textile, et cetera. (mise en place, débouchés, disponibilités de machines, et cetera). ExtraHempWal, est un autre projet émanant du PRW qui a pour but de tester en conditions réelles la faisabilité technico-économique de l’extraction de molécules d’intérêt des sommités (inflorescences). Au niveau européen, le projet Interreg Hemp4Circularity - le chanvre comme moteur de la circularité dans l’industrie du textile - a quant à lui été approuvé fin mars 2023 pour 3 ans (3.800.000 €- coordination VALBIOM – 4 pays – 11 partenaires) et se concentre sur le développement à l’échelle industrielle de la fibre longue du chanvre. C’est dans ce projet également que VALBIOM et ses partenaires organisent un cycle de formations à destination des agriculteurs intéressés par la culture du chanvre.

    Enfin, VALBIOM en avril 2022 a réuni un « comité d’utilisateurs du chanvre », réunion que j’ai soutenue et qui regroupe en parts égales des agriculteurs, des industriels, des centres de recherches et organismes de support. L’objectif principal de ce comité étant de faciliter le développement d’une filière de chanvre locale.

    L’honorable membre peut donc conclure que le Gouvernement wallon soutient effectivement le développement de cette filière.