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L'autorisation d'élevages aquacoles en Wallonie

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 779 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 09/06/2023
    • de ANTOINE André
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    La société Cold Water prévoit d'installer un élevage de saumons sur un terrain situé dans le parc East Belgium à Baelen. Néanmoins, l'aquaculture, telle qu'envisagée pour le site de Baelen, consiste à pomper de l'eau souterraine. Les opposants craignent donc un appauvrissement des réserves souterraines et une érosion des nappes.

    En effet, pour ce projet, Cold Water compte pomper de manière continue 50 à 100 mètres cubes d'eau par heure dans la nappe phréatique située en dessous du lieu choisi pour l'implantation.

    Preuve que tout le monde est concerné, un groupe politique à Tubize a déposé une motion sur le sujet. Néanmoins, le texte a été refusé à contrecœur par la présidente du conseil afin de ne pas créer de précédent.

    Il semblerait que le gouvernement soit favorable à cette activité para-agricole. Même si, l'échevin baelenois, Arnaud Scheen, précise que « le fonctionnaire de la Région wallonne est revenu vers nous en suggérant de délivrer le permis. Mais sur les forages tests, c'est nous qui avons la main et avons décidé de maintenir notre avis négatif. »

    La société suisse Cold Water a déclaré vouloir introduire un recours au plus vite. Ce sera donc à la Région wallonne de trancher ici ou dans d'autres créations.

    Quelle est l'appréciation de Monsieur le Ministre de ce type d'élevage aquacole ? Est-il réellement favorable à cette activité nécessitant un pompage d'eau souterraine plus que conséquent, mais aux débouchés importants ?

    Quelles garanties agroenvironnementales va-t-il exiger face à de tels projets ?

    Est-il au courant d'autres projets en cours ou à venir dans ce secteur en Wallonie ?

    Quelles sont les conditions qu'il compte imposer face au développement de fermes piscicoles ?
  • Réponse du 04/07/2023
    • de BORSUS Willy
    Comme je l’ai déjà précisé, je suis favorable à l’implantation de tels projets aquacoles sur notre territoire, dans le respect des obligations environnementales qui s'appliquent tout en veillant à un usage durable de nos ressources. Au-delà de ma position, je rappelle que le Gouvernement wallon a validé, le 8 juillet 2021, le plan stratégique de l’aquaculture en Wallonie (2021-2030) dont l’un des objectifs retenus est clairement d’attirer sur son territoire des investissements aquacoles de grandes tailles et pourvus des technologies modernes de traitement et recirculation de l’eau.

    Dans le cadre du présent projet, près de 95 % du volume d'eau prélevé fera l'objet d'une recirculation en boucle. La quantité d’eau prélevée pour de telles exploitations est effectivement élevée, mais il convient de la relativiser face, d'une part, à la production en jeu qui pourra couvrir la consommation annuelle de saumon de plus de 250 000 habitants et, d'autre part, à la source actuelle de cet approvisionnement qui est critiquable sur les plans environnementaux et sociaux. Les eaux doivent être de bonne qualité, de température constante et disponibles toute l’année, d’où le recours à de l’eau souterraine en nappe profonde.

    Face à l’appauvrissement et à la pollution des stocks de poissons en mer, l’aquaculture fournit désormais plus de 50 % en volume des poissons consommés sur terre (et autres seafood). La Wallonie est par contre totalement dépendante des importations de ses produits. Ces importations, souvent de pays lointains, présentent une empreinte carbone élevée et sont souvent issues de pratiques aquacoles critiquables sur les plans environnementaux et sociaux. Attirer des exploitations aquacoles de grande taille qui peuvent être capables de rivaliser économiquement aux importations de masses et respectent nos législations, constitue une alternative plus durable sur le plan économique, environnemental et social, afin de mettre à disposition de la population wallonne, des poissons consommés usuellement (près de 24 kg/an/hab, dont 20% de saumon) à un prix attractif.

    Aucun autre projet privé similaire d’implantation n’est connu de mes services.

    On peut regretter que l’unique projet d’investissement du genre depuis 2007 sur notre territoire, porté par un exploitant expérimenté (exploitation similaire en Suisse), envisagé sur une zone d’activités économiques dédiée à des activités dites industrielles, et pour laquelle d’ailleurs la Région a investi plus de 25 millions à son aménagement, a reçu un avis défavorable de la Commune, quant à la possibilité d’étudier, à ce stade, les ressources en eaux souterraines disponibles, et pas encore d’y implanter une entreprise. Or, les forages sollicités en vue de réaliser des essais de pompage constituent le seul moyen de déterminer efficacement si la ressource est suffisante ainsi que l’impact des prélèvements prévus pour l’exploitation future d’aquaculture sur la nappe et sur les prises d’eau voisine. Avant, pendant et après les essais décrits dans l’avis de la Direction des Eaux souterraines, les niveaux d’eau seront suivis dans toutes les prises d’eau voisines, la plus proche se situant à 500 mètres du site.

    Les garanties agroenvironnements à imposer ne seront étudiées que lors du traitement de la demande de permis pour l’aquaculture, si les essais de pompage démontrent que le projet est réalisable. Une étude d’incidences sera nécessaire.

    Je rappelle que l’arrêté du Gouvernement wallon du 10 mars 2005 détermine les conditions sectorielles relatives aux piscicultures intensives.

    Au vu des besoins en eau de ce type d'entreprise, il m’apparait nécessaire de pouvoir orienter de tels rares investisseurs vers des zones reconnues pour leur disponibilité en eau. Des agents de plusieurs services du SPW ARNE collaborent à identifier de telles zones, sans exclure Baelen, ainsi qu’à examiner des alternatives quant à la source d’alimentation en eau de telles exploitations, notamment via la réutilisation d’eaux rejetées par certaines activités qui ne perturbent pas ou peu la qualité de ces eaux.