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La lutte contre l'invisibilisation des femmes âgées

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 485 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 09/06/2023
    • de DELPORTE Valérie
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Début mai, l'ACRF (Femmes en milieu rural) a publié une analyse intitulée « Femme + Vieillesse = l'invisibilité et la précarité ? ».

    Cette étude relève que les clichés de notre société tendent à créer une « invisibilisation croissante des femmes vieillissantes ». Or, au-delà des simples préjugés, elles subissent également des inégalités socio-économiques, réelles, mais camouflées, qui contribueraient de facto à « les exclure des politiques publiques », lesquelles favoriseraient « davantage les hommes que les femmes ».

    Le constat de l'ACRF de disparités entre les femmes et les hommes âgés porte principalement sur la santé, l'intégration sociétale et l'indépendance financière.

    Dans la DPR, le Gouvernement wallon a affirmé « son engagement à lutter contre toutes formes de discrimination et à intégrer la dimension du genre dans l'ensemble des politiques régionales ». Quant au Plan Genre, il reprend une liste de mesures pour y parvenir, mais ne comprend pas de volet spécifique à la politique des aînées.

    Madame la Ministre a-t-elle pu prendre connaissance de cette étude de l'ACRF? Si oui, quelle analyse fait-elle de ces constats?

    En termes de politique d'égalité des chances et de droit des femmes, quels sont les leviers possibles pour mieux accompagner les femmes plus âgées, répondre à leurs besoins spécifiques, réduire les inégalités et leur invisibilisation ?

    En ce compris en lien avec ses autres compétences, quelles mesures particulières compte-t-elle mettre en œuvre pour implémenter une politique plus inclusive? Une réflexion est-elle en cours à ce sujet?

    Plus spécialement, l'étude révèle une invisibilisation des femmes âgées dans les statistiques. Si l'on s'en réfère au Plan Genre, l'objectif est de « renforcer et systématiser la publication de statistiques genrées ».
    Peut-elle veiller à y intégrer des données genrées intersectionnelles permettant de mieux visualiser cette tranche de la population?
  • Réponse du 13/07/2023
    • de MORREALE Christie
    Le questionnement de l’honorable membre, qui met en évidence cette étude importante réalisée par l’ASBL ACRF, a retenu toute mon attention. La lutte contre l’invisibilisation des femmes âgées est, en effet, fondamentale.

    En 2021, un sondage mené par l’Institut IPSOS, à la demande d’Amnesty International, démontrait notamment que « les femmes sont plus touchées que les hommes par le regard que la société porte sur elles ». Selon ce sondage, « 53 % des femmes pensent que les aînés ne sont pas représentés de manière positive dans les médias, les messages publicitaires, et cetera, contre 37 % pour les hommes ». Il est important de noter qu’il en ressort également que « 37 % des femmes ne se sentent pas vieilles, mais le regard que la société porte sur elles leur donne le sentiment d’être vieilles, contre 23 % pour les hommes » (Sondage sur l'âgisme envers les aînés : les chiffres de 2021 - Amnesty International Belgique).

    Il est vrai que le Plan genre n’inclut pas directement de mesure spécifiquement dédiée aux femmes âgées. Toutefois, comme elle le mentionne, la ventilation de statistiques sous le prisme du genre se poursuit en collaboration avec l’IWEPS dans le cadre de la mise en œuvre de la 1re mesure du Plan. Lorsque les données le permettent, l’IWEPS croise le genre avec d’autres variables de discrimination comme l’origine ou l’âge.

    Lorsqu’ils sont à la base de la collecte de données, comme pour l’enquête « Gender-Based Violence », ils adoptent d’emblée une approche intersectionnelle (en considérant des aspects comme le handicap, l’âge, le statut à l’emploi, le niveau d’étude ou l’origine ethnique).

    Enfin, comme elle le souligne, les femmes âgées sont particulièrement susceptibles de subir des inégalités dans différents domaines. Le décret du 6 novembre 2008 relatif à la lutte contre certaines formes de discrimination instaure un cadre légal très précis permettant de lutter contre toutes les discriminations (orientation sexuelle, état civil, composition de ménage …), dont celles fondées sur l’âge et le sexe. Ce décret interdit les discriminations dans tous les domaines de compétences de la Wallonie.

    Concrètement, l’Institut pour l'égalité des femmes et des hommes (IEFH) bénéficie d’une subvention annuelle s’élevant cette année à 80 394,48 euros dans le cadre d’un accord de coopération avec la Wallonie. L’IEFH est compétent pour aider toute victime ou témoin d’une discrimination liée au sexe et aux critères apparentés.

    L’action de l’IEFH est complémentaire au travail d’Unia, qui a la charge du traitement des signalements liés aux autres critères de discrimination, dont l’âge. À ce titre, UNIA bénéficie d’une subvention annuelle s’élevant cette année à 752 054,34 euros dans le cadre d’un protocole de collaboration avec la Wallonie.

    Bien consciente que les discriminations liées au sexe et à l’âge se renforcent et ne font qu’augmenter les inégalités et les difficultés subies par les femmes concernées, je reste attentive à mener une politique féministe intersectionnelle.