/

La sauvegarde des friteries wallonnes les plus typiques

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 397 (2022-2023) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 09/06/2023
    • de ANTOINE André
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    En FWB, nos friteries sont un héritage culturel immatériel depuis 2016. Il va s'en dire que notre savoir-faire culinaire avec les frites est reconnu mondialement ! Certes, nos friteries ne sont pas encore menacées de disparition, mais leur nombre diminue d'année en année ! En Flandre, A la fin des années 1950, il y avait encore 20.000 friteries. Aujourd'hui on n'en trouve plus que 5.000, indiquait à Radio 2 le professeur Yves Segers du Centre d'histoire agricole de la KU Leuven.

    C'est la raison pour laquelle le Ministre du Patrimoine, Matthias Diependaele, a lancé un appel aux villes, communes et exploitants du nord du pays à signaler les friteries jugées dignes d'être protégées.

    L'Agence flamande du patrimoine examine actuellement quelles "baraques à frites" pourraient être reconnues comme monuments, au même titre que des églises ou des châteaux.

    Madame la Ministre va-t-elle suivre cette initiative flamande et inviter les villes, communes et exploitants à désigner les friteries wallonnes les plus emblématiques ?

    Compte-t-elle diligenter l'AWaP dans ces éventuelles reconnaissances ?

    Notre patrimoine n'est pas seulement composé de vieilles pierres remarquables, mais aussi d'enseignes populaires qui entretiennent notre identité patrimoniale. A quand des friteries remarquables sauvegardées en Wallonie ?
  • Réponse du 04/07/2023
    • de DE BUE Valérie
    J’ai appris par de récents articles de presse, tout comme l’honorable membre, que mon homologue flamand, Matthias Diependaele a appelé les communes du nord du pays à signaler les friteries jugées dignes d’être protégées. J’observerai avec intérêt les suites concrètes de cette annonce et sa traduction effective dans les procédures patrimoniales.

    Pour rappel, la Communauté flamande a reconnu la culture du « Fritkot » en 2014. La Fédération Wallonie-Bruxelles en a fait de même en 2016, la dénommant d’ailleurs « Chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel ». Au printemps 2017, c’était au tour de la Communauté germanophone et de la Région bruxelloise. Il est donc effectivement indéniable que cette culture du « Fritkot » fait partie de notre style de vie « à la belge».

    Il importe de souligner que les critères de sélection retenus par nos collègues flamands ne visent pas prioritairement l’infrastructure technique, mais l’endroit où celle-ci est installée, la vue que l’on peut avoir depuis cette baraque et l’histoire de son installation.

    En Wallonie, le classement en tant que monument doit répondre à un certain nombre d’intérêts et critères. Les roulottes typiques des baraques à frites ont été progressivement remplacées par des bâtiments en dur, qui ne présentent aucun ou très peu d’intérêt patrimonial. Les objectifs premiers de cette mutation étaient en effet de rencontrer des critères d’hygiène et de sécurité.

    Une friterie ne constitue pas une typologie suffisamment particulière pour marquer durablement le lieu qui l’abrite, a contrario d’un château ou d’une église. Il s‘agit surtout d’une fonction. Par ailleurs, je pense qu’un classement de ce type n'a d’intérêt que si l’ensemble de ses éléments intérieurs est également protégé. Or, il s’avère que ce type de commerce ne se caractérise pas par des éléments mobiliers spécifiques, si ce n’est le matériel de cuisson, malheureusement non patrimonial puisqu’en évolution perpétuelle en raison des innovations y afférentes.

    Il l’aura compris, je ne suis a priori pas favorable à faire appel au classement pour ce type d’établissement, bien que je reconnaisse le grand intérêt de nos friteries wallonnes et le savoir-faire qui y est intrinsèquement lié, savoir-faire déjà reconnu par ailleurs.

    En revanche, je ne suis pas opposée à la conservation de nos plus anciennes enseignes. Pour ce faire il est toujours loisible de recourir aux subsides relatifs au Petit patrimoine populaire wallon, dans la catégorie “devantures anciennes”.

    Il faut savoir également qu’en Wallonie, le label « Friteries de chez nous » est attribué aux friteries qui répondent à plusieurs critères, dont le principal est la production certifiée de frites fraîches réalisées sur place à partir de pommes de terre wallonnes. De nombreux lieux touristiques en Wallonie accueillent des friteries labellisées, ceci concourt à une sensibilisation intéressante.

    Enfin, je souhaite ajouter que la question du classement des friteries wallonnes mise aujourd’hui sur la table pourrait également être posée, par exemple, pour nos anciens cafés qui font aussi partie de notre quotidien patrimonial. Un classement de la totalité de ce type de commerce (incluant bar, miroirs, décorations d’époque…) aurait du sens, à l’aune de ce qui se fait notamment à Bruxelles. Je pense donc qu’une réflexion globale sur nos anciens commerces gagnerait à pouvoir être envisagée à l’avenir, car ne l’oublions pas, la notion de patrimoine à protéger est évolutive par nature.