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La valorisation des eaux usées

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 624 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 12/06/2023
    • de CRUCKE Jean-Luc
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    J'interrogeais Madame la Ministre par question écrite et sur le sujet sus-cité le 18 novembre dernier, constatant que de manière totalement insatisfaisante un peu moins de 1 % des eaux usées wallonnes sont valorisées, alors que des pays comme Israël atteignent des taux de 85 %, et qu'il ne peut échapper à personne que l'eau est une matière précieuse !

    Dans sa réponse, Madame la Ministre évoquait 3 projets qui devaient évaluer les méthodologies de traitement appropriées et d'autres projets en cours d'étude pour une sélection !

    Peut-elle faire le point sur l'évolution du dossier et, plus particulièrement, sur les trois projets soumis à évaluation, ainsi que sur les projets qui devaient faire l'objet d'une sélection ?

    Comment se déroule l'évaluation et quels sont les résultats obtenus et engrangés à ce jour ? Quel est le suivi procédural ?

    Quels sont les projets qui ont été sélectionnés ?

    Peut-elle en définir l'objet et le suivi qui y est donné ?

    Quels sont les projets qui n'ont pas été validés ? Pour quelles raisons ?
  • Réponse du 13/07/2023
    • de TELLIER Céline
    Dans le contexte de changement climatique que nous connaissons, la réutilisation des eaux usées apparaît comme une solution alternative pour limiter les pénuries d’eau et préserver la ressource naturelle. Il s’agit donc d’un enjeu important.

    Cependant, la valorisation des eaux usées traitées ne peut être comparée entre différents pays en raison de leurs contextes hydrologiques, hydrogéologiques, météorologiques et climatiques distincts. La réutilisation de l'eau (REUSE) doit permettre de trouver des solutions supplémentaires à l'exploitation des ressources conventionnelles pour résoudre certaines problématiques de gestion de l’eau sur le territoire tels que l'irrigation, la surexploitation des ressources et la gestion de la demande.

    En particulier, en Wallonie, contrairement à d’autres pays comme Israël, nous bénéficions d'un vaste réseau hydrographique présentant des avantages écologiques, économiques, et énergétiques. Par conséquent, il n'est pas toujours souhaitable de valoriser tous les rejets provenant des entreprises et des stations d'épuration urbaines, car ceux-ci peuvent constituer une précieuse contribution aux cours d'eau, en particulier pendant les périodes de sécheresse, alors que des ressources renouvelables moins coûteuses sont disponibles.

    De plus, une part importante de la réutilisation des eaux en Israël est destinée à l'agriculture. Il est bien sûr prévu de déployer la réutilisation des eaux pour soutenir le secteur agricole wallon.

    Cependant, il est essentiel de souligner que la réutilisation de l’eau ne doit en aucun cas remplacer une gestion efficace et raisonnée de l'eau afin de limiter les besoins en eau pour l'irrigation, et surtout à l'ère du changement climatique. Dans le contexte wallon, la solution la plus efficace sur les plans économique et environnemental pour le secteur de l'eau et le secteur agricole est une utilisation plus optimale de l'eau, plutôt qu'un déploiement massif de systèmes d'irrigation, même si l'eau utilisée provient de la réutilisation.

    C’est donc dans ce cadre que le besoin de réutilisation des eaux en Wallonie fait actuellement l'objet d'études au travers du projet « Réseaux Hybrides ».

    Concrètement, six nouveaux projets pilotes ont ainsi été validés en mars 2023. Ceux-ci viennent s'ajouter aux quatre autres qui ont déjà été approuvés en octobre 2022.

    Ces projets ont été sélectionnés, car ils rencontrent différents critères, à savoir :
    - ils explorent différents types de sources d'eau alternatives afin d'évaluer le potentiel de développement de chacun de ces types d'eau ;
    - ils couvrent divers usages de cette eau alternative pour évaluer la demande potentielle en eau ;
    - ils impliquent des partenaires publics et privés afin de mobiliser tous les acteurs concernés ;
    - ils couvrent l'ensemble du territoire wallon.

    Ces différents projets sont répartis dans les cinq provinces de la Région wallonne et impliquent le secteur agricole, plusieurs entreprises privées ainsi que des opérateurs du secteur de l'eau. Les sources d'eau alternatives retenues comprennent les stations d'épuration urbaines, les exhaures de carrière, les eaux de ruissellement, les rejets d'eau traitée des industries alimentaires, les rejets des stations de démergement et les eaux de surface. Les usages concernent la production d'eau potable, l'irrigation agricole, les usages urbains et les besoins des industries agroalimentaires.

    Parmi les projets sélectionnés, certains présentent des risques techniques, sanitaires et légaux plus importants. Par conséquent, il est nécessaire de mener des études préliminaires et des phases de test pour évaluer ces risques et mettre en évidence les coûts et les avantages du processus.

    Projets sélectionnés en 2022 et en cours :

    - Trois projets, validés en octobre 2022, concernent la réutilisation de l'eau des stations d'épuration à des fins agricoles, industrielles et de production d'eau potable. L'objectif est de définir le traitement approprié de l'eau et de s'assurer que les risques sont maîtrisés. Les analyses des rejets des stations d'épuration sélectionnées seront lancées dans les prochaines semaines afin de choisir l'outil de traitement de l'eau adapté à chaque usage. L'efficacité du traitement et les coûts associés feront l'objet d'une analyse jusqu'à la fin de l'année 2024. Ces projets sont menés par la SPGE et la SWDE en collaboration avec UMONS, IPALLE, IDELUX et InBW. Les projets pilotes seront implantés dans les provinces du Luxembourg, du Brabant wallon et du Hainaut.

    - Un projet concerne la recharge maîtrisée des aquifères. Celui-ci a également été validé en octobre 2022. Il vise à évaluer le potentiel wallon de cette technique, à analyser les coûts, les avantages et les risques associés, ainsi qu'à réaliser un essai en Hesbaye. Les résultats de l'étude sont attendus d'ici la fin de l'année 2024. Ce projet est mené par la SWDE et la SPGE en collaboration notamment avec l'ULIEGE, le CEBEDEAU, la CILE, l'AIDE et des bureaux d'étude privés. Le projet sera implanté dans la province de Liège.

    Nouveaux projets sélectionnés cette année :

    - Un projet vise à la valorisation des exhaures de carrière pour alimenter une entreprise agroalimentaire dont les besoins en eau augmentent fortement. Celui-ci présente moins de risques techniques et légaux, et les raccordements sont prévus pour 2024, cela devrait permettre une réutilisation à grande échelle de l'eau à court terme. Ce projet a été étudié, négocié et il est en cours de réalisation par la SWDE. La SWDE a mis en place un modèle économique pour le financement de ce projet mené en collaboration avec COSUCRA et la Carrière de CCB. Le projet sera implanté dans la province du Hainaut.

    - Un autre projet concerne l'utilisation des rejets de l'industrie agroalimentaire à des fins agricoles est en cours d'étude. Ce projet nécessite une étude préalable pour estimer les coûts des travaux et les besoins des agriculteurs. Plusieurs sites sont en cours d'évaluation préliminaire afin de sélectionner le site le plus approprié. Une étude sera lancée sur le site le plus favorable dans les prochains mois. Ce projet est mené par la SWDE et la SPGE en collaboration avec le secteur agricole, et le partenaire industriel n'a pas encore été déterminé. Le projet sera implanté soit dans la province de Namur, de Liège ou du Hainaut.

    - Un projet qui est en cours de lancement concerne la valorisation des rejets des stations d'épuration urbaines à des fins d’utilisation en voirie. Avant tout, ce projet doit évaluer les risques sanitaires pour les personnes pouvant être mises en contact avec cette eau. L'objectif est de fournir entre un et trois sites de test où des entreprises ou des collectivités pourront prélever de l'eau d'ici la fin de l'année 2024. Ce projet est mené par la SPGE et la SWDE en collaboration avec l'AIDE et InBW. Le projet sera implanté dans les provinces de Liège et du Brabant wallon.

    - Un projet qui concerne le raccordement d'une industrie à une station d'épuration est en cours d'évaluation. Une étude sur les coûts du projet sera lancée dans les prochains mois, avec pour objectif de démarrer les travaux cette année. Ce projet est mené par la SPGE et la SWDE en collaboration avec IDELUX et une entreprise papetière locale. Le projet sera implanté dans la province du Luxembourg.

    - Un projet porte sur le stockage des eaux de surface pour sécuriser l'approvisionnement en eau d'une station de potabilisation. L'étude de faisabilité technique et économique va démarrer très prochainement. Ce projet est mené par la SWDE et la SPGE en collaboration avec la commune de Libramont. Le projet sera implanté dans la province du Luxembourg.

    - Un dernier projet lancé consiste en la valorisation des exhaures d'une ancienne mine de charbon. Les sites de résurgence sont actuellement en cours de recensement, et une campagne d'analyse de la qualité doit être lancée dans les prochains mois. Ce projet est mené par la SWDE et la SPGE en collaboration avec l'ISSEP, la CILE, la mine de Blegny et l'AIDE. Le projet sera implanté dans la province de Liège.

    Dans le prolongement de ces dix projets pilotes, il est prévu de concrétiser au minimum deux réalisations au cours de la période 2025-2027, sur la base du financement accordé par le Plan de relance de la Wallonie (projets PRW 103 et 105, montant total 12,8 millions d’euros).

    Enfin, une étude des besoins industriels et agricoles en matière d'eau réutilisée est en cours afin de participer à la définition de la stratégie à moyen et long terme pour le secteur de l'eau en Wallonie.

    Les conclusions de ces études seront présentées en 2024.