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La lutte contre le frelon asiatique dans la stratégie régionale de lutte contre les espèces exotiques envahissantes

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 625 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 12/06/2023
    • de JANSSEN Nicolas
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    À son arrivée sur le territoire en 2016, la Région wallonne a mis en place des actions pour freiner la progression du frelon asiatique. Vu l'inefficacité de ces mesures, Madame la Ministre a pris la décision de changer la stratégie actuelle régionale de lutte contre cette espèce et de l'intégrer dans le cadre plus global de la stratégie wallonne de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, stratégie ciblée de gestion raisonnée, où les opérations sont justifiées et encadrées.

    L'UICN recommande d'être très prudent à ce stade, afin de ne pas risquer une seconde invasion, et d'organiser cette transition de manière coordonnée et rapide. Le protocole de lutte contre les EEE que l'UICN préconise, comprend trois principaux types de gestion de l'invasion qui sont le contrôle mécanique, chimique ou biologique.

    Quelle approche Madame la Ministre a-t-elle privilégiée ?

    Le changement de stratégie a-t-il été suffisamment anticipé pour éviter une seconde invasion ?

    Cette adaptation de la stratégie a-t-elle été communiquée clairement aux acteurs locaux ?

    En effet, changer de stratégie et modifier la prise de décision, sans que les informations n'aient été diffusées clairement sur le terrain, pourrait justement avoir pour conséquence une seconde invasion l'an prochain.

    Comment cette stratégie contre les frelons s'intègre-t-elle dans la stratégie wallonne globale de lutte contre les EEE ?

    S'articule-t-elle autour d'une coordination au niveau de la région ?

    Des supports et subsides aux communes sont-ils prévus, afin qu'elles puissent démarrer un plan de lutte ?

    À titre d'exemple, à Wavre en Brabant wallon, la Ville prend en charge la destruction des nids de frelons asiatiques. Cependant, si c'est le cas à Wavre, ce n'est pas le cas dans toutes les communes.
  • Réponse du 09/08/2023
    • de TELLIER Céline
    Comme l’honorable membre l’a noté, les réponses précédentes que j’ai apportées l’informaient d’une stratégie conjointe avec mon collègue Willy Borsus pour répondre de manière efficace à l’invasion du frelon asiatique, qui impacte principalement l’apiculture.

    L’éradication de cette espèce n’est pas envisageable et la neutralisation exhaustive des nids est non seulement trop chère, mais également inefficace pour stopper l’invasion. Ces invasions ne sont pas l’apanage de la Wallonie, puisque d’autres régions et pays européens sont confrontés au même phénomène, avec le même constat que l’éradication n’est pas possible. C’est pourquoi nous proposons d’adapter la stratégie.

    Dans ce contexte, des stratégies de gestion raisonnée en fonction de la dangerosité du risque ont été mises en place par nos services. C’est le cas du plan d’urgence à destination des apiculteurs, porté par mon collègue Willy Borsus, et de la gestion de la menace pour la santé publique sur le domaine régional, porté par les services du Département de la nature et des forêts, et par les communes et provinces sur leur territoire.

    Il ne revient pas spécifiquement aux pouvoirs locaux de lutter contre le frelon asiatique au bénéfice des apiculteurs. Il s’agit d’un impact sur l’agriculture qui ne relève pas au sens strict des compétences communales. Par contre, pour ce qui est de l’impact sur la Santé publique, une aide est octroyée au CRA-W pour encourager la formation d’intervenants pouvant agir dans les zones de secours ou les communes.

    Le plan de gestion d’urgence à destination des apiculteurs comprend 3 axes d’interventions :
    • le piégeage des reines fondatrices au printemps ;
    • la protection des ruchers ;
    • la neutralisation des nids.

    Les actions seront menées par le CARI, le CRA-W et le secteur apicole. Les actions prévues sont les suivantes :

    • Axes « piégeage de printemps et protection des ruchers » :
    o actions de communication, d’information et de formation (SPW ARNE, CARI) ;
    o engagement de 2 personnes au CRA-W pour faire émerger des solutions de piégeage et de protection des ruchers adaptées aux conditions wallonnes ;
    o fourniture aux apiculteurs de pièges destinés au piégeage de printemps (printemps 2024) (CRA-W) ;
    o achat groupé de matériel de protection des ruchers afin de diminuer les coûts d’investissement au niveau des apiculteurs (CARI) ;

    • Axe « neutralisation des nids » :
    o soutien aux apiculteurs potentiellement impactés : mise à disposition de matériel de neutralisation aux associations apicoles locales et couverture d’une partie des frais de mise en œuvre de la neutralisation (par l’intermédiaire de l’Union des Fédérations d’Apiculture de Wallonie et de Bruxelles (UFAWB)) ;
    o formations certifiantes des neutralisateurs de nids par le CRA-W : ciblant les associations apicoles, communes, provinces, pompiers, professionnels.

    Pour plus de détails concernant ces mesures de soutien du secteur apicole, je l’invite à questionner mon collègue Willy Borsus, en charge de la compétence.

    La communication sur ce changement de stratégie régionale a été transmise aux communes dans un courrier circulaire en mai dernier. L’UVCW a également été informée. La communication vers les apiculteurs et le grand public a été largement réfléchie et est mise en place progressivement. Elle relève du CARI dans le plan de gestion de M. le Ministre Borsus et recouvre plusieurs outils :
    • un triptyque d’information personnalisable destiné aux apiculteurs pour communiquer avec leur voisinage est en voie de finalisation ;
    • un triptyque d’information grand public destiné à la diffusion à la Foire agricole de Libramont ;
    • 4 tutoriels à destination des apiculteurs sont réalisés ;
    • 6 fiches d’information à destination du secteur apicole seront rédigées avant la fin de l’année et publiées dans la revue Abeilles & Cie au cours de la saison ;
    • promotion de la thématique à la Foire de Libramont : une exposition sur le stand du CARI ;
    • 8 journées d’animations sur la protection des ruchers seront organisées à travers la Wallonie jusqu’à décembre.

    Cette thématique sera également incluse dans une campagne de communication centrée sur les espèces exotiques envahissantes, est en cours de préparation au sein du SPW.

    Un montant de 267 000 euros sera affecté à un projet d’« Appui à la filière apicole pour la mise en place d’une gestion durable du frelon asiatique ». Il vise à mettre en œuvre certaines actions du plan de gestion à destination des apiculteurs évoqué ci-dessus. Il impliquera le CARI, le CRA-W et l’UFAWB.

    • Axes « piégeage de printemps et protection des ruchers » :
    o actions d’information / formation (CARI) : 20 000 euros ;
    o fourniture aux apiculteurs de pièges destinés au piégeage de printemps pour mise en réseau (CRA-W, 8 000 pièges, 1 000 apiculteurs) : 30 000 euros ;
    • Axe « neutralisation des nids » (UFAWB) :
    o acquisition de 18 kits de neutralisation à répartir sur des associations apicoles locales pour couvrir le territoire wallon en fonction des besoins : 135 000 euros ;
    o couverture d’une partie des frais de fonctionnement des associations liés à la mise en œuvre de la neutralisation des nids (rétribution des bénévoles, frais de déplacement, assurances) : 82 000 euros.

    Il s’agit d’installer une action durable dans le temps basée sur la prévention, la protection et la neutralisation des nids quand nécessaire. L’objectif est d’aider le secteur à prendre la problématique à bras le corps pour pouvoir cohabiter avec le frelon.

    Une évaluation de cette stratégie aura lieu en fin de saison (novembre-décembre) et, en fonction des résultats, une réorientation de l’action pourrait être envisagée.

    Cette stratégie s’intègre dans la stratégie wallonne globale de lutte contre les Espèces exotiques envahissantes. Les services du SPW-ARNE, autorité compétente pour mettre en place les actions de lutte contre les EEE, sont à la manœuvre et collaborent au sein de la Cellule interdépartementale des Espèces invasives (CiEi) pour évaluer et planifier les opérations, en concertation avec les autres régions et les acteurs fédéraux du pays et en se tenant au courant des actions réalisées à l’échelle de l’Europe.