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La diminution de la part du produit intérieur brut (PIB) wallon dans le produit intérieur brut (PIB) belge depuis 2019

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 793 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 13/06/2023
    • de DESQUESNES François
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Dans son discours sur l'État de la Wallonie, le Ministre-Président a indiqué que « La Région wallonne a bien résisté. En 2022, malgré la crise énergétique, l'économie wallonne fait à nouveau preuve de résilience, si bien que le PIB a progressé à un rythme soutenu de 2,7 % en moyenne sur l'ensemble de l'année. »

    Pour la même période, le PIB belge progressait plus fortement avec +3,2 %. Cette tendance est identique depuis 2020.

    En proportion du PIB belge, la part wallonne a baissé de 23,3 % (2019) à 22,8 % (2022).

    Quelles sont les causes de cette moindre performance du PIB wallon ?

    Monsieur le Ministre-Président dispose-t-il d'une analyse économique de ce phénomène ? Avec quels enseignements ?

    Quelle est l'évolution du PIB par habitant pour chacune de ces quatre dernières années ?

    En mai 2018, à l'occasion de son discours sur l'état de la Wallonie, il m'avait indiqué que « En ce qui concerne le PIB par habitant, les moyennes belge et flamande étaient à notre niveau en 2003. Nous avons donc 14 ans de retard. »

    À combien évalue-t-il aujourd'hui ce retard ?
  • Réponse du 04/07/2023 | Annexe [PDF]
    • de BORSUS Willy
    La question de l’honorable membre s’adressant directement au Ministre-Président, je le laisse se tourner vers lui en ce qui concerne les questions plus globales. Laissez-moi, néanmoins, lui répondre sur les questions de tendances économiques.

    Rappelons tout d’abord que la valeur des PIB régionaux est encore provisoire pour 2020 et 2021 puisque les valeurs ne sont définitives qu’au bout de trois ans. Pour ce qui est de 2022, il s’agit d’une première estimation. C’est sur cette base que sont calculés par l’IWEPS les taux de croissance du PIB en volume de 3,1 % pour la Belgique et de 2,7 % pour la Wallonie en 2022. L’IWEPS prévoit une croissance de 1,3 % en 2023 pour la Wallonie et de 1,4 % pour la Belgique. La croissance en Belgique et en Wallonie serait donc inférieure à celle de la zone euro en 2022, mais supérieure en 2023.

    Sur la période 2010-2021, le PIB wallon en volume a augmenté de 1 % en moyenne annuelle, contre 1,3 % pour la Belgique et 1,6 % pour la Flandre. La croissance du PIB wallon se situe au niveau de la France et de la zone euro. Comme l’IWPES le stipule, en dépit du fort regain d’activité observé dans l’industrie et les services au premier trimestre en Wallonie, les estimations au niveau régional révèlent une croissance légèrement inférieure en moyenne l’an dernier (de l’ordre de +2,7 %), principalement en raison d’un acquis de croissance moins élevé en début d’année ainsi que d’un creux plus marqué en milieu d’année.

    Globalement, c’est le chiffre d’affaires de l’ensemble de l’économie marchande régionale qui semble avoir bien progressé en première partie de l’année 2022. Les ventes ont crû relativement rapidement à un trimestre d’écart, limitant dès lors le ralentissement à un an d’écart que l’on peut légitimement attendre dans la période de normalisation de l’activité qui succède au rebond post-Covid. On assiste en particulier à une forte progression (à un an d’écart) des ventes dans les « autres services ». Cette forte élévation des chiffres d’affaires en Wallonie provient certes en partie de la hausse dans les services de distribution de gaz et d’électricité, dont l’effet-prix est imparfaitement corrigé. Mais elle trouve également sa source dans le très net redressement des ventes dans les secteurs de l’HORECA et des loisirs, dont le rattrapage n’a pu s’effectuer que tardivement. Au deuxième semestre de l’année 2022, alors que les craintes d’une récession étaient fortes, il faut reconnaître que l’activité économique a résisté en Belgique. Ainsi, d’après les derniers comptes nationaux, l’activité des secteurs primaire et secondaire s’est effectivement inscrite en repli. Cependant, la valeur ajoutée dans les services (mis à part les administrations publiques en milieu d’année et le secteur financier au dernier trimestre) a continué à croître. L’activité de la construction s’est aussi légèrement redressée, après plusieurs trimestres d’évolutions négatives.

    À l’échelle régionale, les chiffres d’affaires font globalement état d’une résistance similaire de l‘activité par rapport à l’année précédente, les taux de croissance à un an d’écart remontant ou demeurant en territoire positif. À l’instar de la Belgique, les services marchands tirent la croissance économique en Wallonie. Ces données régionales permettent néanmoins de nuancer quelque peu le tableau : l’industrie wallonne semble s’orienter plus favorablement qu’au niveau belge en fin d’année, notamment parce qu’elle a moins subi le contrecoup de la dynamique particulièrement forte enregistrée en Flandre en 2021. À l’inverse, les ventes du commerce ont davantage fléchi en fin d’année qu’en Belgique dans son ensemble. Mais, à cet égard, précisons que le dynamisme du commerce a été particulièrement remarquable en 2022 à Bruxelles, où la reprise du secteur s’était davantage fait attendre. Partant d’un niveau moindre, le mouvement de ralentissement de la croissance économique wallonne devrait donc être moins prononcé. Au départ de ces informations (comptes nationaux et chiffres d’affaires régionaux), l’IWEPS estime donc que la croissance du PIB en Wallonie devrait avoir atteint +2,7 % (contre +3,1 % au niveau belge) sur l’ensemble de l’année 2022.

    En termes de PIB par habitant, on constate de grandes disparités entre les régions belges et les provinces wallonnes. Mis à part le Brabant Wallon, le PIB par habitant des provinces wallonnes est plutôt à la baisse malgré une réappréciation en 2020 et 2021. En 2021, le PIB par habitant en Wallonie représente ainsi 81 % de la moyenne européenne tandis que ce ratio est de 120 % pour ce qui est de la Belgique. L’honorable membre trouvera en annexe un graphique permettant de visualiser l’évolution du PIB par habitant.

    En tout état de cause, la part du PIB wallon dans le PIB belge doit s’améliorer. Les performances économiques de la Wallonie doivent s’amplifier. La meilleure manière d’arriver à cela est de réactiver une majeure partie de la population active qui ne travaille plus ou pas encore. Il faut, en outre, continuer à encourager la diversification de l'économie wallonne en développant de nouveaux secteurs d'activité et en favorisant l'émergence d'industries innovantes. Nous ne ménageons pas nos efforts en termes de soutien à la recherche et au développement, d’encouragement à l'entrepreneuriat ou encore à la promotion de l'innovation et le développement de clusters industriels. Notre Région a besoin que l’ensemble de ses forces vives, publiques et privées, soient dirigées vers un objectif commun de stimulation de la croissance économique durable.