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Pas assez de menuisiers.

  • Session : 2006-2007
  • Année : 2007
  • N° : 12 (2006-2007) 1

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  • Question écrite du 11/01/2007
    • de STOFFELS Edmund
    • à ARENA Marie, Ministre de la Formation

    C'est à s'arracher les cheveux ! Pas assez de maçons. Pas assez de plafonneurs. Pas assez de bouchers et de traiteurs. Et maintenant, pas assez de menuisiers et de charpentiers. Et ce, malgré le taux de chômage.

    En effet, les menuisiers et les charpentiers ne peuvent pas se plaindre d'un manque de travail. Mais les professionnels sont d'un avis unanime : il manque du personnel qualifié et motivé sur le marché de l'emploi.

    C'est certes une question d'attractivité du métier. Mais c'est aussi le résultat d'une formation professionnelle qui doit répondre à quelques questions embarrassantes. On parle d'une inadéquation entre la formation et le métier.

    Madame la Ministre est-elle au courant ? Quelles sont ses observations et conclusions à l'égard d'une pénurie de travailleurs expérimentés et qualifiés ? Ne faut-il pas s'attaquer aux sources du problème (enseignement secondaire qualifiant) ? Les mesures de remédiation portent-elles fruit ?
  • Réponse du 02/02/2007
    • de ARENA Marie

    Je remercie l'honorable Membre pour sa question.

    Comme il le sait, les causes des tensions sur le marché du travail, quel que soit le secteur d'activité, sont assez difficiles à objectiver. Pour rappel, en ce qui concerne la pénurie de menuisiers, j'ai déjà eu l'occasion de répondre à une question orale de Mme Cassart-Mailleux, Députée wallonne, le 16 janvier dernier. Je compléterai de la manière suivante.

    Selon le travail d'enquête réalisée de juin 2005 à juin 2006 par le SAE et l'AMEF, sur la base d'un échantillon des offres, le métier de menuisier (ROME 47331) n'apparaît plus comme critique.
    En effet, le taux de satisfaction des offres pour ce métier est compris entre 77 % et 91 % et la durée de satisfaction est comprise entre 33 et 45 jours, ce qui est dans la moyenne (la moyenne pour l'ensemble des métiers étant un taux de satisfaction de 86 % et durée de satisfaction 35 jours).

    Sur un plan purement statistique, ces constats ne permettent donc plus de retenir ce métier parmi les fonctions critiques, pour la période d'observation (pour rappel, ceci ne comprend plus les contrats intérimaires).

    Par ailleurs, le Centre de formation bois lors de son enquête « Bois 2010 » a identifié trois postes pour lesquels une pénurie a été constatée: le chef de production, l'opérateur « process » et l'opérateur de production (surtout spécialisé en commande numérique).

    Le CEFORA vient également de terminer une étude sur le secteur pointe le contremaître, le représentant, l'employé commercial et, dans une moindre mesure, le responsable planning. Mais force est de constater que certaines de ces fonctions demandent une expérience professionnelle et, donc, que la formation initiale est rarement la réponse adaptée à ces besoins.

    En menuiserie, en plus des métiers relevés par le CFB et le CEFORA, sur la base des chiffres du Forem, ce sont surtout les métiers de pose en menuiseries extérieures et intérieures qui sont très demandés. Mais, actuellement, les métiers liés à la construction bois sont ceux dont l'augmentation est la plus significative. On constate également une augmentation de la conduite de machines à bois.

    L'an dernier, mon Collègue Jean-Claude Marcourt et moi-même avons organisé une consultation des secteurs professionnels, avec l'aide du Centre de recherche DULBEA, sous forme de neuf tables rondes. L'une d'entre elles a été consacrée au secteur de la construction. Les résultats de cette consultation ont fait l'objet d'un colloque et d'une publication fin mars 2006. Ils ont mis en évidence une série de raisons qui tendent à expliquer pourquoi la relation entre l'offre et la demande d'emploi ne s'opère pas toujours aisément : l'image de certains métiers, notamment techniques, ou des conditions de travail qu'ils impliquent, est négative et ces métiers sont considérés, parfois à raison et souvent à tort, comme « lourds » ou « salissants».

    Le manque d'attractivité des métiers que l'honnorable Membre évoque est une réalité contre laquelle nous ne cessons de lutter, en collaboration avec le secteur. La problématique de la revalorisation des métiers techniques figure d'ailleurs en bonne place dans la convention cadre « Région wallonne - Communauté française - Fonds sectoriels » qui a été signée en août dernier.

    Les engagements pris au travers de cette convention sont en train d'être concrétisés, notamment à l'aide de réunions régulières associant les représentants du secteur de la construction et le Forem.

    En matière de sensibilisation, de nombreuses initiatives ont déjà été menées par différents acteurs (centre de compétences, Forem, secteur). Je citerai par exemple :

    - la sensibilisation, avec l'aide du Centre de compétence wallonie bois, aux métiers du bois dans les grands salons que sont Batibouw, Bois et Habitat et la Foire de Libramont et dans les campagnes de promotion du bois (week-end du bois, rencontre de la filière bois, ... ) ;

    - la création en septembre 2007 à Libramont d'une formation de bacheliers en technologie du bois. Ce type de formation, qui n'existe pas en Wallonie contrairement à la Flandre, permettra aux élèves ayant un cursus d'enseignement technique, voire professionnel, d'avoir accès à une formation professionnalisante supérieure dans le métier de leur choix, ce qui cantonne moins l'enseignement technique dans un enseignement de second choix;

    - la participation au Mondial des Métiers avec une large mobilisation de toutes les écoles ;

    - en outre, le Centre de compétence Wallonie Bois va organiser dès la rentrée scolaire des journées de sensibilisation aux métiers du bois pour les enfants, sur le modèle de l'opération « Technikid's ».

    Le secteur de la construction est également très dynamique en matière de sensibilisation et de revalorisation de ses métiers. (DVD " Construis-moi une maison ", concours Perle, stages " découverte métiers " pour les élèves de 5ème et 6ème primaires, etc.).

    L'honorable Membre soulève également la question d'un écart entre le niveau des élèves sortant de l'enseignement technique et professionnel et le niveau attendu par les entreprises. A ce sujet, je rappellerai que les secteurs participent activement à l'élaboration des profils de formation au sein des travaux de la CCPQ.

    En ce qui concerne les stages dans l'enseignement, en technique de qualification, les élèves bénéficient de :

    - trois périodes par semaine X 40 en 5ème = 120;
    - six périodes par semaine X 40 en 6ème = 240;
    - douze périodes par semaine X 40 en 7ème = 480.

    Soit 840 périodes de stage sur les trois années du troisième degré, ce qui représente, à raison de huit périodes par jour, 105 jours ouvrables, soit 21 semaines, soit plus de quatre mois de stage !

    Le contrat pour l'école et les nouveaux textes prévoient une montée en puissance des stages sur le troisième degré (5 et 6) d'une durée de deux à quatre mois pour 100 % des élèves du qualifiant + deux à quatre mois de stages sur la 7ème année.

    A ce sujet, je tiens quand même à insister sur le fait que le problème n'est pas tant d'augmenter le nombre d'heures de stage que de nous assurer de la possibilité d'accueil des entreprises !

    Enfin, je ne pense pas que l'on puisse parler d'inadéquation entre formation et métier. Au contraire, tout est mis en œuvre pour multiplier les échanges avec le secteur de manière à répondre au mieux aux attentes des entreprises.

    Par exemple, dans le domaine du bois, le Centre de compétence Wallonie bois, associé à tous les secteurs de la filière bois, a mis au point un dispositif de veille sur l'évolution des métiers et des qualifications. C'est sur la base de ces études, auxquelles les menuisiers sont fortement associés, que des choix d'investissement dans le centre de compétence ainsi que la mise au point de nouveaux produits de formation sont réalisés.

    Ainsi, depuis 2005, de nouveaux produits ont été créés en menuiserie comme la conduite de machine à commande numérique, la pose de fermetures menuisées, la pose de meubles fixes d'intérieurs, la fabrication et le montage de maisons en bois, la conception et la fabrication assistée par ordinateur et le commerce de produits en bois.

    La plupart de ces produits de formation sont offerts gratuitement par le Centre de compétence aux enseignants durant leurs journées de recyclage ainsi qu'aux élèves des classes terminales. Cette offre a pour but de favoriser la maîtrise par les enseignants des nouvelles techniques et leur implantation dans le cursus scolaire. En 2007, ces actions devraient toucher 280 enseignants pour un volume d'heures de 4.200 heures et 380 élèves pour un volume d'heures de 8.700 élèves, ce qui s'inscrit dans une progression constante annuelle depuis 2004 de plus de 100 % passant d'un volume total de 1.344 heures en 2004 à 7.816 heures en 2006.

    Cette tendance devrait encore s'accroître dans les années prochaines, notamment avec la création de Centres de technologie avancée dans le secteur bois travaillant en étroite association avec le centre de compétence.

    Le bachelor en technologie du bois correspond également à une attente importante d'entreprises et plusieurs d'entre elles ont été associées à la construction du programme.

    Enfin, le dispositif de screening des compétences, mis au point au Forem, doit permettre, à terme, de mieux faire correspondre les attentes des employeurs et les potentialités des candidats à l'emploi.

    Actuellement, des screenings existent déjà pour la pose de fermetures menuisées et le but est de couvrir l'ensemble des fonctions liées à ce secteur d'activité.