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La gestion des populations de loups

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 637 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 15/06/2023
    • de MAUEL Christine
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Cette année, on peut s'attendre à une deuxième portée dans la région de Bütgenbach-Büllingen. Il est d'ailleurs probable que les louveteaux de cette année soient déjà nés dans les Hautes Fagnes.

    Madame la Ministre le sait, le nombre de bêtes tuées par des loups devrait donc à nouveau augmenter cette année. Les proies sont surtout des moutons, mais aussi des bovins. L'année dernière, un loup a même été aperçu en plein jour dans un village dans le sud des Cantons de l'Est. La question de savoir combien de loups les Cantons de l'Est et la Wallonie peuvent supporter se pose de plus en plus.

    En règle générale, on considère qu'une population de loups augmente d'au moins 30 % par an. Dès lors, le loup n'est plus estimé par de nombreux experts comme une espèce en danger d'extinction. Sur cette base, le Parlement européen a suggéré dans une résolution à l'automne 2022 une « gestion active du loup », y compris le « prélèvement » de loups, c'est-à-dire leur abattage ciblé.

    De plus en plus d'agriculteurs et d'éleveurs amateurs s'inquiètent sur la manière dont la Région wallonne gère la présence toujours plus importante du loup. D'après Madame la Ministre, la Wallonie n'a pas, à ce stade, l'intention de modifier sa politique actuelle.

    Madame la Ministre dispose-t-elle des derniers chiffres détaillant la présence du loup en Wallonie ?

    Combien de loups responsables de meutes les Ardennes et les Hautes Fagnes peuvent-elles abriter ?

    L'administration en charge de cette matière dispose-t-elle des derniers chiffres détaillant les attaques de loups et le nombre d'animaux tués ou blessés ?

    La Wallonie envisage-t-elle de modifier sa politique en ce qui concerne le loup, en adoptant par exemple la gestion active du loup, y compris des prélèvements ciblés ?

    Quels sont les coûts générés par la présence du loup en Wallonie en termes de gestion par exemple, par le réseau loup et, d'autre part, en termes de dédommagements et de subventions de matériel de protection ?
  • Réponse du 17/07/2023
    • de TELLIER Céline
    La population de loups installée en Wallonie comporte actuellement deux meutes. L’une d’entre elles est installée dans les Hautes-Fagnes depuis 2021 et un couple s’est plus récemment installé dans le Nord-Eifel. Ce couple devrait donner naissance à une première portée cette année.

    La taille de la meute étant variable dans le temps, elle est en moyenne de 5 à 10 individus. Cela signifie qu’actuellement les 2 territoires abritent au maximum 20 loups, en ce compris les juvéniles qui seront amenés à se disperser une fois adultes. Toutes les autres observations de loups en dehors de cette zone sont le fait d’animaux en dispersion, à la recherche d’un territoire pour s’y installer. Ils ne font pas partie de la population wallonne, puisque très erratiques.

    La Wallonie (Ardenne et Hautes-Fagnes – Eifel) pourrait, à terme, abriter de 15 à 20 meutes, selon une approche maximaliste tout à fait théorique, partant du principe qu’une meute occupe entre 200 à 300 km² et qu’elle défend son territoire vis-à-vis de ses conspécifiques.

    Les données détaillées relatives aux attaques de loups sont reprises sur le site www.reseauloup.be. Entre 2016 et début juin 2023, le nombre d’attaques de loups (avérées ou probables) et le nombre de victimes étaient les suivants :
    - 55 attaques sur des ovins (196 morts et blessés) ;
    - 10 attaques sur des bovins (11 morts et blessés) ;
    - 3 attaques sur des caprins (3 morts et blessés) ;
    - 1 attaque sur daim d’élevage (1 victime).

    Depuis janvier 2023, on dénombre 7 attaques de loup sur des ovins (14 victimes), 2 attaques sur des bovins (2 victimes) et 1 attaque sur un caprin. Le Réseau Loup s’est également déplacé pour constater 15 attaques « présumées loup » qui, sur base des résultats de l’analyse ADN, ont pu être attribuées à des chiens.

    La Wallonie n’envisage pas de modifier sa politique en matière de régulation des loups à ce stade. Il s’agit en effet d’une espèce protégée dont les effectifs et la répartition spatiale sont réduits à l’échelle de la Belgique. Un suivi attentif de cette petite population sera maintenu afin d’évaluer au mieux l’évolution des effectifs installés sur le territoire.

    Les coûts directs liés au loup, à savoir les indemnisations des éleveurs, s’élèvent jusqu’à présent, pour la période 2020-2023, à un total de 54 983 euros. Les moyens de protection investis sous forme de prêt de matériel et de subventions à la mise en place de dispositifs de protection permanents s’élèvent à un total de 195 385 euros.

    La mission relative au conseil en matière de protection des troupeaux assurée par l’équipe de Natagriwal, à concurrence d’un équivalent temps plein, la subvention de la Wolf Fencing Team (24 351 euros) et le marché pour les analyses génétiques relatives au loup (en moyenne 12 000 euros/an en 2021 et 2022) constituent les autres coûts indirects.

    Le Réseau Loup, quant à lui, repose sur des agents de l’administration et des bénévoles. Le travail en réseau permet une répartition des tâches sur le territoire wallon basé sur la proximité géographique.