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La surutilisation des animaux dans les laboratoires d'expérimentations

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 640 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 15/06/2023
    • de LUPERTO Jean-Charles
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Souris, oiseaux, chiens, chats, singes, cochons font partie de la liste non exhaustive des animaux utilisés à des fins d'expérimentation. La Belgique fait hélas partie des pays européens ayant le plus recours à cette pratique.

    En 2020, en Belgique, 437 000 animaux ont été utilisés en laboratoire. Les associations de défense des animaux lancent régulièrement des cris d'alerte pour enrayer ce phénomène.

    Il faut néanmoins reconnaître que l'Europe et la Belgique sont sensibles à cette question, et que la Région wallonne n'est d'ailleurs pas en reste. Nous ne pouvons que nous réjouir de la formation du futur Comité wallon pour la protection des animaux d'expérience.

    Une question malgré tout demeure, n'y a-t-il pas trop d'animaux de la même espèce utilisés pour une même expérience ?

    D'après des échos qui me sont parvenus, il semblerait que tel soit le cas et que nous nous retrouvons face à un véritable gaspillage de vies animales. Madame la Ministre a-t-elle eu des retours du comité d'éthique à ce sujet ?

    Le SPW répertorie chaque année le nombre d'animaux utilisés dans les laboratoires agréés, Madame la Ministre pourrait-elle nous dire combien d'expériences ont été réalisées dans le courant de l'année 2022 et 2023 ?

    A-t-on pu observer une « trêve » durant le confinement ?
    Dans l'affirmative, combien de vies ont été épargnées ?

    Le Comité wallon pour la protection des animaux devrait être constitué autour du 1er juillet 2023.

    Sa mise en route ayant dû être postposée face au manque de candidats répondant aux exigences requises, Madame la Ministre pourrait-elle nous dire si elle disposera des 18 profils recherchés et s'il sera bien effectif pour le 1er juillet prochain ?

    Enfin, que deviennent les animaux à la fin des tests ?
  • Réponse du 27/06/2023
    • de TELLIER Céline
    Nos efforts pour diminuer le nombre d’animaux utilisés dans des expériences sont concluants. Ainsi, depuis 2014, une nette diminution du nombre d’animaux utilisés en Belgique et en Wallonie a été observée. En 2014, 286 252 animaux ont été utilisés en Wallonie contre 148 438 en 2021, soit une diminution de presque 50 % ! S’il reste difficile de remplacer les animaux pour certains tests, la recherche scientifique permet également de développer des méthodes alternatives à l’utilisation animale, qu’elles soient ex vivo, in vitro ou in silico.

    Pour l’année 2022, mon administration est en train d’analyser et de traiter les données transmises par les laboratoires. Les informations relatives au nombre d’animaux utilisés en Wallonie en 2022 seront disponibles sur le portail du bien-être animal d’ici la fin de l’année.

    Par rapport à l’impact du confinement, en Belgique, en 2020, une diminution de 13 % du nombre d’animaux utilisés en expérimentation a été observée par rapport à 2019. En 2021, une augmentation de 9 % du nombre d’animaux utilisés par rapport à 2020 a été observée. La diminution observée en 2020 peut en effet s’expliquer en partie par l’arrêt des activités de recherche durant le confinement, puisque la reprise de ces activités a entraîné une augmentation des animaux utilisés l’année suivante. La même tendance s’observe au niveau wallon. En 2020, 147 809 animaux ont été utilisés en expérimentation, soit 13 752 de moins qu’en 2019.

    Parmi les espèces animales les plus utilisées en 2021 en Wallonie figurent les rongeurs (48.95 %), les lapins (37.94 %) et les poissons (11.27%). Dans la catégorie des rongeurs, la souris est l’espèce la plus utilisée (87.86 %) suivie du cobaye (7.97 %) et du rat (2.89 %). La souris reste l’espèce la plus largement utilisée, car de nombreux outils ont été développés chez cette espèce. Il est possible de créer des modèles humanisés permettant d’étudier les gènes, les organes et diverses pathologies d'origine humaine et de tester des médicaments destinés aux humains. En Wallonie, plus aucun singe n’est utilisé pour l’expérimentation depuis plusieurs années.

    Tous les animaux utilisés ne sont pas systématiquement euthanasiés en fin d’expérience. Par exemple, pour des tests peu invasifs (prises de sang, échographies…), certains chiens utilisés en expérimentation animale appartiennent à des particuliers, qui doivent bien sûr donner leur consentement. Ces tests permettent de faire avancer la recherche scientifique sans utiliser des animaux d’élevage spécifiques, et ainsi épargner des vies animales.

    Mon administration n’a pas eu de retour par les Commissions d’éthiques locales établies en Wallonie au sujet d’un nombre trop important d’animaux de la même espèce utilisés pour une même expérience. Avant de pouvoir réaliser une expérience sur un animal, une demande de projet doit être introduite par le responsable du laboratoire et/ou le chercheur désirant réaliser une expérience auprès de la Commission d’éthique auquel le laboratoire est rattaché. La Commission d’éthique doit évaluer le projet en profondeur, s’assurer qu’il n’existe pas d’alternative à l’utilisation d’animaux pour cette expérience, et veiller au respect de l’équilibre des dommages auxquels les animaux seront soumis versus les bénéfices (pour la santé humaine, animale, la recherche …). Les membres des Commissions d’éthique doivent avoir des compétences en éthique, méthodes alternatives, santé animale, bien-être animal, techniques expérimentales, direction d’expérience et analyse statistique.

    Concernant la mise en place du Comité wallon pour la protection des animaux d’expérience, les membres viennent d’être désignés par le Gouvernement le 26 mai 2023. Cet arrêté reprend la liste des membres effectifs et suppléants composant ce Comité. Une première réunion va prochainement être. Ce sera l’occasion de désigner une personne pour occuper la présidence et la vice-présidence, mais aussi rédiger le règlement d’ordre intérieur permettant au Comité de fonctionner.