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La disparition du baromètre de l’action sociale

  • Session : 2022-2023
  • Année : 2023
  • N° : 520 (2022-2023) 1

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  • Question écrite du 19/06/2023
    • de DESQUESNES François
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale et de l'Economie sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Ce 14 juin, sur les antennes de la Première, la Secrétaire générale de la fédération des services sociaux a indiqué que 600 000 personnes avaient recours à l'aide alimentaire en Belgique. Ce chiffre illustre les difficultés économiques que connaissent de trop nombreuses familles de notre pays.

    Combien de personnes ont recours à l'aide alimentaire en Wallonie ?

    Quelle est l'évolution de cette réalité depuis 2019 ?

    Les dernières informations disponibles, publiées sur le site de l'IWEPS, indiquent ceci : « 121 227, c'est le nombre de repas et colis alimentaires distribués par les services d'accueil de jour – aide alimentaire partenaires des Relais sociaux urbains de Wallonie en 2021. »

    Comment réconcilier ces chiffres et ceux de la Fédération des services sociaux ?

    Dans le dernier baromètre de l'action sociale, relatif à l'année 2019, et publié en mars 2021, aucun chiffre ne cerne cette réalité.

    Par ailleurs, sauf erreur de ma part, plus aucun baromètre n'a été publié depuis.

    Faire des choix nécessite une vision de l'évolution de la réalité de l'action sociale et de ses résultats. Le baromètre de l'action sociale est-il abandonné ?

    Madame la Ministre ne juge-t-elle pas nécessaire de disposer d'un monitoring, le plus à jour possible, de l'action sociale et de la réalité sociale ?

    Qui est chargé de ce travail ? Quelle en sera la forme ? Quand des chiffres récents seront disponibles et où ?
  • Réponse du 13/07/2023
    • de MORREALE Christie
    En Belgique, nous ne disposons pas de données consolidées sur le nombre de personnes fréquentant les services d’aide alimentaire, mais bien un ensemble de données à partir desquelles certaines extrapolations peuvent être faites.

    Dans un rapport sur le Droit à l’alimentation publié en 2021 par l’IWEPS, on peut y trouver les chiffres de 430 228 bénéficiaires du Fonds européen d’aide au plus démunis (FEAD) en Belgique en 2020 (dont 115 129 en Wallonie). Or, seule une partie des services d’aide alimentaire ont un agrément FEAD. Ces données ne représentent donc qu’une partie de la demande d’aide alimentaire. À titre d’exemple, les épiceries sociales, mais aussi de nombreuses associations distribuant des colis et qui ne distribuent que des invendus, ne disposent pas de cet agrément.

    En 2016, une étude réalisée par le Département Recherche de la Fédération des Services sociaux (FdSS) estimait, sur la base des différentes sources de données disponibles, à environ 450 000 le nombre de personnes fréquentant les services d’aide alimentaire en Belgique.

    Les différentes enquêtes réalisées sur le terrain par la FdSS, corroborées par les données des banques alimentaires, indiquent une augmentation allant de 20 à 30 % des demandes d’aide alimentaire depuis la crise sanitaire. Une tendance qui ne s’est pas inversée jusqu’à présent et qui continue même à se renforcer à la suite du chevauchement de crises. C’est ainsi que l’on arrive à ce chiffre de 600 000 personnes fréquentant les services d’aide alimentaire en Belgique.

    Sur la base du rapport publié par le FEAD en 2020 et de la répartition du nombre de bénéficiaires du RIS, on peut donc estimer que le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire en Région wallonne est égal à environ 320 000 personnes (par rapport aux 600 000 retenues par la FdSS pour la Belgique).

    Malgré ce chiffre impressionnant, il est en outre même probable que le non-recours à l’aide alimentaire est fréquent, chez nous comme en France où le Secours catholique estime que sur 100 personnes qui ont faim, seules 25 ont recours à l’aide alimentaire.

    Par ailleurs, deux baromètres de l’action sociale ont effectivement été publiés pour les chiffres des années 2018 et 2019. Les années 2020 et 2021 étant des années particulières, en raison de la crise sanitaire, il a été décidé de ne pas publier de baromètre, ce qui n’a pas empêché d’accompagner le secteur, notamment dans le cadre de groupes de travail liés à la crise et de mobiliser des moyens inédits pour rencontrer les besoins les plus élémentaires des personnes en situation de vulnérabilité.

    Le baromètre de l’action sociale n’est donc pas abandonné, mais sa forme actuelle ayant atteint des limites, celle-ci doit être repensée, afin d’assurer une exploitation des chiffres appropriée pour chaque secteur de l’Action sociale.

    Je reste très attentive à cette question et soutiendrai le renouvellement de ce baromètre, outil indispensable afin de soutenir nos concitoyens et concitoyennes les plus vulnérables.